Je vais te faire un long speech parce que, avoir une mauvaise image de soi, je l'ai vécu et très douloureusement, mais j'en suis revenue, complètement revenue, alors je voudrais témoigner.
Vu mon grand âge... sans artifices je plais encore
toutes tranches d'âge confondues...
Il n'en a pas toujours été ainsi...
Cela va peut-être te paraître incroyable, mais sincèrement, je
me plais de plus en plus.
Sans doute parce que je reviens de loin...
- enfant, j'ai été obèse, le regard de mes parents sur mon obésité était insoutenable, insupportable...dans une famille
très narcissique, je me sentais "monstrueuse"et j'en souffrais beaucoup. La croissance durant mon adolescence et l''accession à mon indépendance quant aux choix de ce que j'avalais ou pas, mon autonomie complète vis-àvis de mes parents (j'ai été émancipée à 16 ans) m'ont permis de trouver un équilibre de poids naturel et normal. Mais j'ai toujours gardé cette image de visage de bouddha rondouillard et ce corps lourd de monsieur Michelin en moi... je marche encore en contrôlant l'appui, comme si j'avais peur d'écraser les choses
- enfant je louchais, et outre l'aspect inesthétique, voyant double, j'ai toujours été obligée de porter mon regard avec beaucoup d'attention pour distinguer les choses dans ce "flou d'origine"... J'ai subi une rééducation épuisante, mais efficace, aujourd'hui mes yeux sont "presque" normaux pour les autres, mais j'ai gardé cette façon particulière de regarder qui me connecte profondément aux autres, car il faut que je les regarde vraiment, sinon je ne les vois pas bien...
Et ça, je le sais, c'est ce qui attire les autres à moi. (je ne parle pas de séduction sexuée, ça fait exactement pareil sur les bébés par exemple...)
- devenue jeune femme, je plaisais beaucoup... mais il métait compliqué de savoir si c'était moi ou juste ma façon indulgente de laisser les autres m'approcher qui plaisait...
- puis j'ai eu quelques problèmes de santé qui m'ont laissé des cicatrices, petites et pas vilaines (pour des cicatrices) parce que j'ai eu à faire à de bons chirurgiens, mais nombreuses sur le corps (une cinquantaine)...
Avec l'âge elles se voient de moins en moins (encore une bonne raison de trouver chouette de vieillir...)
Mais comme j'ai une maladie évolutive depuis l'âge de 20 ans(neurofibromatose dans sa forme la plus légère), c'est un choix, soit j'ai plus de bosses douloureuses, soit j'ai plus de cicatrices...
- et puis j'ai été opérée d'une jambe, et deux années de handicap, réeduc, kiné m'ont parru un gouffre sans fin, retrouver l'usage de la marche, la natation, la danse, ce fut une renaissance ...
Dans ce contexte, les veinules de surface, la cellulite, les vergetures, les grains de beauté et autres imperfections mineures dont les copines se faisaient un monde... je m'en tamponnais...
- j'ai eu la chance de ne pas être abîmée par mes grossesses... je suppose que ma peau avait gardé sa capacité à envelopper le surpoids
Et puis j'ai allaité très longtemps 18 mois la première et un an les jumeaux... cela m'a permis de retrouver la ligne très progressivement et très naturellement (sans compter la fierté de découvrir la ressource insoupçonnée de mes tout petits seins...)
- j'ai malheureusement partagé ma vie avec deux hommes très complexés qui ont été ravageurs pour mon image...
Pour eux, je n'étais jamais assez menue, sexy, apprêtée, poumonée...ceci ou cela... Mais les maternités m'avaient donné de l'assurance pour passer outre (blessée quand même...)
Ce qui en moi ne correspondait pas aux canons de beauté des gens de ma génération, j'en ai conservé la singularité et maintenant je suis fière de mon authenticité... et je crois que cela se sent et se voit.
Tout cela pour expliquer que : Mon rapport au corps et très simple, je ne l'aime pas outre mesure pour sa forme, mais j'adore tous les plaisirs qu'il me procure, et d'une certaine façon, je crois que c'est ce qui le rend assez beau encore aujourd'hui.
PS : j'ai gardé de tout ce vécu une grande indulgence quant au corps des autres... je vois et j'apprécie la perfection, mais ce n'est pas ce qui m'émeut, je suis capable de voir de la beauté au travers de toute enveloppe charnelle...