J'appelle Voltaire (qui a dit-on, introduit le mot dans le français) à l'aide : "Les Anglais, dit-il dans une lettre à l’abbé d’Olivet, ont un terme pour signifier cette plaisanterie, ce vrai comique, cette gaieté, cette urbanité, ces saillies qui échappent à un homme sans qu’il s’en doute; et ils rendent cette idée par le mot humeur, humour, qu’ils prononcent yumor; et ils croient qu’ils ont seuls cette humeur; que les autres nations n’ont point de terme pour exprimer ce caractère d’esprit. Cependant c’est un ancien mot de notre langue, employé en ce sens dans plusieurs comédies de Corneille."
Pas nature, l'humour est décalé, léger, affronte la grave réalité et le sérieux pénible avec la dérision, l'ironie...
Alors que le jeu...mais cela peut être très sérieux le jeu (*), c'est comme le plaisir et le désir...c'est l'affaire de la vie. Alors que l'humour s'en amuse de la vie, pour tenter d'en estomper le tragigue fondamental. Les enfants, qui jouent, pour apprendre à devenir humains, ne savent encore rien de la condition tragique de la vie, et ils n'ont pas encore besoin de l'humour...
(*) En tout cas, les enfants prennent cela très au sérieux.
Je suis impressionné par la qualité de ta réponse Thésée.
Ce qui n'empêche que je cette définition de l'humour me parait restrictive : c'est l'humour des adultes dont je parlais.
De plus quand tu dis que les enfants ignorent encore la condition tragique de la vie, ce n'est qu'en partie vrai. Ils ont déjà la perception des tragédies possibles, notamment la disparition des parents, comme le disait qqn plus haut. Et les jeux consistant à jouer à cache-cache, à se masquer le visage et à le démasquer, etc., sont une façon de jouer avec la tragédie de la disparition, et donc de l'apprivoiser par le jeu. Ce n'est certes pas le même humour, mais cela y participe d'une certaine façon, enfin je crois.
Par ailleurs, regarde des images d'enfants qui jouent au milieu des débris d'une ville bombardée, on ne peut pas dire qu'ils sont complètement inconscients de la tragédie de la vie. Et leurs instincts enfantins (est-ce vraiment un instinct ?) les poussent à jouer au lieu de se lamenter comme pourraient le faire les adultes. Je trouve qu'il y a là quelque chose d'édifiant.