Paternité et préhistoire ? Développe Fillotte
Bon, je vais m'y coller, parce qu'effectivement c'est un des sujets les plus convaincants et passionants du bouquin.
Dans ce que les auteurs appellent le Standard Narrative, le truc que toute notre culture et ses sbires religieux et psychanalytiques essaient de nous faire croire, la fidélité est indispensable au couple parce que :
1 - les femmes doivent s'assurer que l'homme ne va pas partager son énergie et sa récolte avec d'autres progénitures que celle du couple
2 - les hommes doivent s'assurer que les rejetons à qui il apporte à bouffer au foyer sont bien les siens.
Le truc prend un vieux coup dans l'aile quand on met en perspective le fait que cela fait relativement peu de temps à l'échelle de l'humanité (quelques milliers d'années) que les humains sont capables de faire le lien entre l'acte sexuel et la procréation, et encore bien moins de temps qu'ils ont réalisé que l'enfantement est le résultat d'un acte sexuel unique (un spermatozoide, un ovule, tout ça, même dans l'antiquité c'est encore très flou).
Encore de nos jours ou presque, l'anthropologie révele de nombreuses sociétés / tribus où l'on croit encore que l'enfant nait par ACCUMULATION de sperme, y compris après la grossesse.
La notion de père biologique y est donc multiple, sont père tous les hommes qui ont cotisé en donnant leur sperme, et l'intérêt bien compris de tous est que l'enfant ait le plus de pères possibles, tant en ce qui concerne l'héritage génétique (multiplier les qualités de l'enfant) que la survie ultérieure (si un père meurt, il y en a plein d'autres).
Avec l'arrivée de l'agriculture, et donc de la propriété et de l'héritage, les choses changent radicalement, et la question essentielle devient une question de droits de succession.
Est héritier celui qui a été reconnu comme enfant légitime, et donc la notion de fidélité devient essentielle à la survie de l'espèce.
D'où commence un long bourrage de crâne des institutions civiles et religieuses pour imposer le couple comme cellule primaire de la société, sinon c'est le bordel, pas d'héritage, conflits sans fin, pas de progression de l'humanité.
Et aujourd'hui, alors que toutes les études récentes montrent qu'une proportion assez effrayante des enfants nés dans le couple ne sont pas du père officiel, on perpétue ce mythe de la fidélité comme "propre à la nature humaine", alors que tout cela n'est qu'une histoire de gros sous à la base (comme le célibat des prêtres cathos, aussi).
Maintenant, on a bien le droit d'être fidèle, on peut y aspirer quand même, je n'ai rien contre les gens fidèles, il y a suffisamment de femmes infidèles pour saturer mon planning de toute façon, les autres peuvent bien rester sagement à la maison, no problemo.