Un contact
Un matin, en ouvrant une de mes boîtes mails, je tombe, (sans me faire le moindre mal), sur un intitulé sybillin.
En règle générale, lorsque le mail a une provenance inconnue, je ne l'ouvre pas et il passe à la corbeille.
Mais, là, une certaine originalité poétique du titre, éveilla ma curiosité. J'ouvrais le message et le lisais à plusieurs reprises.
C'était le message d'une personne, sans doute du sexe féminin, (mon préféré), à qui je donnerais, ici, le pseudo de "Académia". Dans sa réalité, le pseudo était moins beau, mais j'ai besoin de rendre les choses plus belles pour en relater le déroulement.
Sur Internet, nous ne sommes jamais certain de l'identité sexuelle de notre interlocuteur, sauf pas le biais de la web-cam qui reste la formule la plus sûre. Je reste donc toujours très méfiant. Il y a toujours, quelque part, une erreur ou une inadvertance, qui peuvent nous éclairer, voire nous apporter un début de certitude.
"Académia" m'invita donc à échanger, plus ou moins régulièrement, de tout et de rien. Je suis un homme, un vrai, avec les attributs et la libido qui vont avec. Donc, très rapidement, au-delà des trois ou quatre premiers échanges de circonstances, j'aime évoquer la sexualité. Ce qui est parfaitement normal. Je déteste perdre mon temps en évoquant la cueillette des champignons, les recettes de cuisines ou encore les soldes chez Auchan. Je n'exerce pas en tant que psychanalyste bénévole...
"Académia" semblait partante et plutôt complice de mes premières "avances" virtuelles. J'apprécie l'honnêteté, je suis direct, je déteste l'hypocrisie, les faux-derjes et les peine-à-jouir. Dans ce sens, dans ma quatrième prose, je joignais à mon message, long et sympathique, une belle photographie de moi, en randonnée, prise deux ou trois jours plus tôt. Comme je suis plutôt bel homme, athlétique, sportif, je n'ai pas honte de ma plastique avantageuse. Je suis "partageur"...
Curieusement, "Académia", trouva mon initiative photographique un peu "cavalière". Un peu comme une chose insurmontable. Je ne lui demandais strictement rien en retour. Mais j'espérais une réciprocité qui permettrait de mettre une image sur des mots. Ce qui est, il faut bien l'admettre, la première des civilités, un des tous premiers processus de sociabilisation, dans notre condition humaine. Rien de plus efficace pour commencer de basculer du virtuel au réel. Bref, la moindre des convenances...
Je ne "pratique" pas de la moche. Les petites grosses aux cheveux courts me font fuir. Il me faut un physique en rapport, attractif et évocateur...
Jouer carte sur table. Jouer franc jeu. Tel est mon fonctionnement d'homme intègre. La réponse fut toutefois sympathique et, comme si "Académia" occultait ma "transparence", son message fut long et agréable. Je ne sais toujours pas sur quel forum, j'ai eu le premier contact avec "Académia", car je sévis sur un grand nombre. En tant qu'administrateur, en tant que modérateur ou en tant qu'intervenant, comme sur celui-ci. "Académia" restait évasive, pas vraiment secrète, mais "amnésique". Ce qui n'avait pas grande importance...
Je n'ai plus répondu. Laissant "Académia" avec un silence et une absence définitive. Et là, je m'adresse à toutes les "Académias" passées et à venir :
Dans l'impossibilité de pouvoir mettre un visage sur des mots, ces derniers achêvent de se diluer dans une abstraction qui m'est inutile...
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