Je ne voudrais pas être brutale, mais il me semble que tu l'idéalises beaucoup, l'amant, depuis sa mort. Juste avant tu t'apprêtais à le quitter, si mes souvenirs sont bons, et il y avait plein de raisons. C'est lui qui est parti, et depuis tu ne lui trouves plus que des qualités, qui te manquent. Il n'y aurait pas un peu de culpabilité d'avoir voulu le quitter, dans tout ça ?
Du tout. Je voulais mettre un terme à une relation qui ne me convenait plus, parce qu' il n'était presque plus jamais libre. Je l'ai vu, je lui ai fait part de mon intention, et il a réussi à me convaincre du contraire. Il est mort deux semaines après.
Depuis, j'ai vu des vidéos de lui avec sa "nouvelle cops", et j'ai compris beaucoup de choses en les voyant. J'en suis à me demander s'il ne savait pas qu'il était malade.
Normalement, une nouvelle relation rend joyeux, et là, je n'ai jamais vu autant de tristesse dans ses yeux, ni de sourire aussi crispé.
Et je ne délire pas. Des personnes qui le connaissaient bien ont ressenti la même chose.
Je sais pourquoi je voulais le quitter, et je sais aussi pourquoi on a été amants pendant dix ans.
Je ne l'idéalise pas, lui. Je l'ai trop connu pour ça. Nimême notre relation, qui a eu des hauts et des bas.
Par contre, j'ai l'exacte mémoire du bien-être qui était le mien quand nous étions peau contre peau. Particulièrement les derniers mois, où nous avons eu tous les deux une relation très douce et des orgasmes phénoménaux.
La dernière fois qu'on s'est vus, on s'est dit tout le bien qu'on pensait l'un de l'autre.
Et il y a peu, je me suis souvenu d'un orgasme qu'il a eu (peut-être un mois avant sa mort), où il a eu un genre de malaise, très vite dissipé. Ce jour là, nous nous sommes dit au-revoir en disant chacun à l'autre : prends soin de toi.
Je sais aussi que je me suis empêchée de vivre avec lui beaucoup de choses, parce que je ménageais la jalousie de mon homme. Et ça, ça me reste en travers.
Et je maintiens, donc : quand nous dormions ensemble, le plus souvent, j'étais sereine et apaisée.