Bien le Bonjou Ratousse,
Mes congénères ne cesseront de me surprendre, et la période des soldes est quand meme l'une des épreuves supremes de ma vie, bien plus intense que la recherche de chiottes d'autoroutes apres 200 kilomètres: c'est pour dire.
15h00, centre ville de la grande ville, 1er samedi des soldes.Les voitures sillonnent les rues en tout sens à la recherche des quelque places encore disponibles.
99% de ces autos sont conduites par des femmes hystériques que la découverte d'un ptit haut à moins 108% a motivé à sortir avec une rage comparable à celle qui animerait Chuck Norris (et son frère épingle) combattants le crime, sauf que le crime; là; serait de rater des pouilleries bariolées de chez Pimkie que moi j'hésiterais à utiliser comme chiffon pour cirer mes groles.
Mais bon, c'est ainsi, et Nana m'a sommé de l'accompagner pour cause de mariage imminent (chacun a sa définition d'imminent
) et de tissus à choisir dans l'urgence là; tout de suite; avant qu'il ne soit trop tard car toutes les futures mariées croisent les rues de la ville pour lui piquer des ptihauts, des ptibas,des ptitechaussures des ptijamas (je sais pas...) et mon costard gris clair qui dort quelque part dans un magasin avec son gilet et qui comme chacun sait est une tenue typique d'hiver
Bref le nez de la Camaro évite de justesse une smart pilotée par une faschonista rendue folle par le départ d'un scootbif devant chez Jacqueline Riu, et je pile alors qu'une bien-comme-il-faut connasse déboite son Q7 de devant chez Christian Louboutin: c'est la gueeeeeere (et puis de toute façon j'aime pas les Audi: c'est des bagnoles de pisse-froid
)
Nous nous garons.
Nous sortons
Le ciel est lourd et bas; et en passant devant les vitrines on entend le bruit mat des sacs à mains heurtant la tete de l'une des femmes qui a repéré le ptihaut à manche boules à moins 2007 cent pour cent, tete de la moins rapide des deux qui ne tarde pas à s'effondrer et dont le corps sera l'instant d'après transpercé par une armée de talons aiguilles battants fièvreusement le parquet flottant de la boutique pour filles.
Mais c'est seulement du coin de l'oeil que je suis témoin de cette scène, tout occupé à protéger les miens car nous croisons des mortes vivantes en larmes, le maquillage coulant et le chignon défait, errant sans but réel telles des droguées à la recherche d'une dose de fripes à bas prix mais dont on sent toute la détermination fièvreuse et inconditionnelle: pousse toi ou je t'écrase.
Nous nous poussons.
Je vous fais grâce des emplettes que nous ne fîmes point, de celles que nous fîmes, de la tentative de Jacqueline Riuter se soldant par le triste constat que toutes les femmes s'habillent en 36 voire en 34 enfin: toutes les femmes qui ne courent pas vite s'entend, du plaisir d'arpenter les rues par -12°, du fait que Schmolo le vendeur de beaux costards m'a regardé avec un air condescendant en me demandant de repasser dans 15 jours...
Pas plus que ma joie de quitter ce centre ville d'intense consommation au plus vite, ignorant les invectives de la belle Espagnole qui pour une fois abhorra d'etre maquée avec moi, mais nous partîmes entiers et pas ruinés enfin... disons que cela m'arrange d'avancer cet argument
Go Nuts!