Aller, hop, je profite du sujet de Tan' sur "non à papa Nuts" pour y aller de ma petite participation... Je ne suis pas certaine de poster au bon endroit, mais, bon...
Donc, j'aimerais que nous parlions de la relation que nous entretenons avec notre corps et avec l'image que l'on a de lui.
Je sais qu'en ce qui me concerne, la situation est un peu particulère puisque j'ai connu des épisodes d'anorexie (enfin, pas le truc pur et dur non plus!)
Qd j'étais enfant, j'avais un gabarit poids plume: toute petite et toute maigre.
Puberté en avance par rapport à mes copine et à 11 ans, je suis déjà soutifée. Pas facile de passer d'un corps d'enfant éthéré à celui d'un corps de presque femme en l'espace d'une année. Je deviens pulpeuse et je ne m'en rends pas compte. Pour moi, je suis grosse et je complexe à mort!
Vers 18-20 ans, je connais 2 périodes d'anorexie à la suite d'un échec au bac et lorsque je tombe amoureuse de mon mari. Mon corps retrouve son aspect brindille et plus je maigris plus je me sens bien: légère, aérienne, j'aime me sentir flotter dans mes vêtements, sentir mes os saillants, sensation de maitrise, euphorie.
Ces épisodes ne durent pas et je reprends du poids. Je ne suis pas grosse, tout au plus ronde (et encore!) et mon IMC est tout ce qu'il y a de plus normal: 1m54, 50 kilos. Pourtant, je me sens mal dans ma peau. Je me vois comme une chose informe, flasque et molle. Je n'aime pas mon corps que je cache autant que possible.
La perception que j'ai de mon corps va changer avec la grossesse. Plus mon ventre s'arrondit, mieux je me sens. J'ai pris 11 kilos pendant la grossesse, ce qui n'est pas énorme mais vu ma taille, ça s'est très vite vu. Aujourd'hui qd je revois des photos de cette période, je peux dire en toute lucidité et objectivité que je me payais un sacré cul et que j'avais tout d'une petite boule. Et pourtant, j'étais bien dans ce corps de femme enceinte.
Après mon accouchement, les complexes ont fait un come back monumental. Je me suis donc mise au régime, pour atteindre un poids très raisonnable se situant aux alentours de 46-47 kilos. Sans sombrer dans l'anorexie, je me souviens que je jouais quand même beaucoup avec la notion de maîtrise. Un peu comme si je considérais que mon corps m'avait jusque là dominé et que je décidais d'inverser la tendance. Il y a là, quelque chose de l'ordre de la dualité corps/esprit.
J'ai maintenu ce poids pendant quelques temps sans vraiment m'en rendre compte. Je ne faisais aucun effort pour maigrir et ne surveillais pas non plus ma prise de poids éventuelle. J'avais l'image d'un corps "normal", dans la moyenne, ni beau ni moche. Il restait bien quelques complexes sur mes fesses et mes cuisses, mais je m'en accommodais et ne me préoccupais plus vraiment de mon image.
A 30 ans, je pète les plombs et re période d'anorexie. Je fonds, je déscends aux alentours de 40 kilos en un rien de temps. Je suis cadavérique et pourtant, à nouveau, plus je maigris mieux je me sens... Plus mes os sont saillants plus je me sens séductrice et sure de moi. Comme, en plus je suis amoureuse, j'ai l'impression d'être la plus belle femme du monde!
Retour à la réalité, je reprends un peu de poids mais, ça ne me gène pas tant que ça. Je joue dans la catégorie des minces si je m'en tiens à mon IMC et ça me convient. Néanmoins, j'ai toujours en arrière plan que je pourrais être plus mince et mieux fichue. Pas vraiment un complexe mais une sorte d'insatisfaction
Début 2005, The rupture et c'est reparti pour arrêter de bouffer. Je retourne vers les 40 kilos. Je nage à nouveau dans mes vêtements mais je me sens très mal! Bien sur je suis heureuse de pouvoir porter n'importe quoi mais, c'est pas terrible quand même, tout ça... Et puis, je suis à nouveau persuadée d'être moche.
Aujourd'hui, je dois peser dans les 43 ou 44 kilos, je ne sais pas parce que je n'ai pas de pèse personne. Je mange ce que je veux qd je le veux. On ne peut pas dire que j'ai une alimentation équilibrée car me faire à manger me gonfle royal. Mais bon, mon poids à l'air stable.
J'ai repris confiance en moi petit à petit et ai pris consience des limites de mon corps.
La semaine dernière, en essayant des vêtements, j'ai été surprise de l'image que m'a renvoyée le mirroir. Alors que jusque là, j'avais toujours vu une fille ronde ou grosse, même dans les pires périodes de maigreur, j'ai vu une belle jeune femme très mince et je me suis plu! C'était la première fois que ça m'arrivait. D'un coup, j'ai pris conscience que ce corps et ce visage dans leur ensemble et non pas de manière parcellaire comme je l'avais fait jusque là en me focalisant sur des détails.
En y reflechissant 2 minutes, je me rends compte que le rapport que j'ai avec l'image de mon corps a toujours été conditionné par le fait que je ne vivais pas vraiment pour moi même mais pour ce que l'on attendait de moi. Je sais, c'est tordu, mais, c'est tout moi! Grosso modo, je pensais que l'on attendait de moi que je sois parfaite et c'est sur mon corps que ça s'est transposé.
Aujourd'hui, je me sens bien dans mon corps, je suis fière de la femme que je suis aujourd'hui. C'est tout frais, j'espère que ça va continuer et c'est foncièrement lié au fait que j'ai plus ou moins fait le point sur ce qu'avait été ma vie jusque là (merci Nuts
)
Cette mise au point a changé beaucoup de choses dans ma vie de manière éclair. Il y a une semaine jours pour jour, je me sentais minable, je me détestais tant physiquement que moralement. Et puis, j'ai tout posé par écrit et a changé la donne...
La Flibette qui était d'une paranoïa sur-aigüe a lâché du lest et a appris a avoir confiance en elle et se pose nettement moins de questions. Elle s'est ouverte.
Comme pourrait dire quelqu'un qui occupe beaucoup mes pensées en ce moment, l'huître laisse parraitre peu à peu la perle qui se cache en elle. Tout n'est pas réglé et j'ai encore sans doute beaucoup de chemin à parcourrir mais, j'ai aujourd'hui compris que mon corps n'est qu'une partie de moi et certainement pas l'essentiel...
Après avoir bien inspecté mon nombril sous toutes les coutures, inspectons le votre, chers nutsiens et nutsiennes...