@ Camille : ce sont des illustrations volontairement caricaturales et très stéréotypées
, je vois bien que personne ne projette tout ça sur ses gamins. La caricature me permet de mieux comprendre les concepts donc je l’utilise souvent.
J’ai bien compris que vous vouliez le bonheur de vos enfants, encore heureux ! Donc vous ne faites sûrement pas partie de ceux chez qui je décèle cette pointe de fierté.
Ensuite je ne suis pas certaine que le bonheur réside toujours dans l’appartenance au groupe le plus important et c’est ce que j’ai envie de déconstruire, dans le couple ou ailleurs car je pense que c’est responsable de beaucoup d’états dépressifs ou assimilés.
Tout est dans le raisonnement qui conduit à dire que « l’issue la plus fréquente statistiquement » est la clé du bonheur. Véhiculer ce genre d’idées conduit tous ceux qui ne font pas partie du groupe à penser qu’ils sont « moins bien ».
Quand on explique aux filles qu’elles sont statistiquement moins bonnes en maths, elles deviennent moins bonnes en maths et se considèrent donc comme moins bonnes que les garçons dans le domaine des maths.
Du coup, en étant animé des meilleures intentions comme faire le bonheur de ses enfants, on peut entraîner une réaction d’insécurité pour le cas où ils n’appartiendraient pas à la majorité.
C’est le même mécanisme sur plein de sujets et ça s’appelle la menace du stéréotype.
Par exemple, j’ai cru pendant des années que ma vie avait moins de valeur que celles de mes amis en couple et avec enfants (et je le crois encore un peu d’ailleurs, c’est long à décoller) parce que statistiquement je n’appartiens pas à la majorité.
Donc oui Camille, il y a quelque chose de ce que tu évoques parce que grandir avec ce genre de projections joue, s’en détacher prend du temps et surtout la société te rappelle régulièrement que tu n’es pas dans « le groupe statistiquement le plus important ». J’ai peut-être un caractère particulièrement faible mais quelque chose me dit que je ne suis pas la seule et j’y pense chaque fois qu’on me dit « tu sais quoi, c’est génial, truc a une copine, je commençais à m’inquiéter » comme si on disait « tu sais quoi, truc sait enfin lire, je commençais à me demander s’il n’était pas débile léger » (attention caricature encore).
Au delà du couple, c’est toujours intéressant de déconstruire les stéréotypes quel qu’en soit l’objet (les noirs courent vite, les juifs ont de l’argent, ah tiens vous avez entendu parler du syndrome méditerranéen qui conduit à une défaillance dans la prise en charge médicale de certains individus ?). Mais je vais aller en discuter avec Mescal, qui, dans le genre utilisation à tout va des stéréotypes, n’était pas mal non plus, donc on a tout pour s’entendre.