Chuis assez mitigé sur la question de la prostitution.
Même si je trouve que la pénalisation des clients est une ânerie contre-productive...
Je suis contre la pénalisation des clients des prostituées pour plusieurs raisons.
La prohibition n 'a jamais servi à autre chose qu'à renforcer le crime organisé et augmenter le niveau de la violence. Deux exemples le montrent. La prohibition de l'alcool aux États Unis entre 1919 et 1933, sous la pression de Ligues de femmes « vertueuses » a été à l'origine de la prospérité de la Mafia italo-américaine. La pénalisation de nos jours en France de la détention et de la consommation de stupéfiants, notamment de cannabis, n'a pas empêché le développement du marché de la drogue. Et là encore, la prohibition s'accompagne du développement de la violence et de la criminalité, il suffit de suivre les faits-divers à Marseille. Dans ces deux cas la pénalisation ne répond pas à des considérations de santé, mais à des impératifs moraux dont il conviendrait de rechercher les sources … Quelles sont les idéologies qui condamnent le plaisir du corps, et qui commandent à leurs adeptes de les réprimer ? Quelles sont les idéologies qui prétendent au nom de leurs dogmes imposer à notre société des normes en matière de sexe, de vie et de mort ?
Penser qu'on peut tuer un marché en éliminant la demande est une illusion, car c'est la rareté de l'offre qui l'a fait naître. On n'a jamais réussi à vendre ce qu'on pouvait trouver gratuitement et en abondance. Il n'y pas pas (encore) de marché pour l'air atmosphérique … Le sexe est l'objet de marchandages et la prostitution n'est que la partie émergée de l'iceberg. Il y a un marché de la mise en couple, du mariage, où les femmes valorisent leur jeunesse et leur beauté pour s'assurer une sécurité matérielle et un standing conforme à leurs attentes. La règle veut que la jeune femme ne se brade pas, ne galvaude pas son « capital », ce qui suppose qu'elle a une valeur en elle-même. Toutes les études sur la formation des couples, de Girard (1966) à Bozon et Héran (2006), mettent en évidence l'homogamie. Le champ des possibles, dans la drague, est parfaitement intégré par les deux sexes :
http://www.gqmagazine.fr/sexactu/articles/rateaux-pourquoi-tant-de-cruaute/17610Le marché de la mise en couple est le pilier principal du « Patriarcat », tant décrié par les féministes. Les filles, contrairement aux garçons, sont éduquées à se «contrôler », à se « préserver », à ne pas galvauder leur capital « sexe » qu'elles ne pourront valoriser que par un « bon » mariage. Celles qui aiment trop le sexe, qui ont des relations libres avec de nombreux partenaires sont stigmatisées, traitées de « salopes, voire de « putes ». Dans une analyse en terme de marché, cela a deux conséquences. L'acte sexuel concédé par la femme crée chez l'homme une dette, il a toujours un prix, incluant notamment la prise en charge économique de l'enfant qui peut en être issu et dans une large mesure de la mère également. En même temps l'offre de sexe de la part des femmes est rendue rare, et donc chère. Au sein du couple, le (triste) coït conjugal est souvent l'objet de (sordides) marchandages. Dans ces conditions, le recours à la prostitution peut apparaître comme une alternative moins onéreuse, et surtout à un coût mieux maîtrisé, et comme une concurrence déloyale pour les aspirantes à la vie « dorée » en couple, normée par le patriarcat. Alors quoi de plus simple pour mettre fin à la prostitution que de laisser les femmes vivre leurs aspirations à la polyandrie, comme on autorise les hommes à vivre leur polygynie ? En finir avec le couple fondé sur la fidélité sexuelle, en finir avec le couple tout court … En rendant le sexe libre et abondant, on détruit le marché.
Les abolitionnistes veulent faire disparaître la prostitution au nom des violences faites au femmes dans le cadre du « système prostitutionnel ». Mais leur combat porte-t-il vraiment sur les violences et l'exploitation ? Car quand on y réfléchit, la violence et l'exploitation ne sont pas limitées à la prostitution, mais sont consubstantielles à toute forme de travail, où on voit toujours les uns qui donnent leur peine et les autres qui en tirent profit. Le modèle du « système prostitutionnel » est indiscutablement inspiré par la vision marxiste du capitalisme, le proxénète tenant le rôle du bourgeois capitaliste, la prostituée celui du prolétaire et le client-prostitueur celui du consommateur-complice. La novlangue a pour unique but d'éviter de condamner le capitalisme néolibéral dans son ensemble, ce qui sert à la fois les intérêts des bourgeoises cathos-réacs qui profitent du système et des socialistes qui ont abdiqué devant la finance. Triste combat, où le problème n'est ni la violence, ni l'exploitation, ni même la mort des victimes car il faudrait alors aussi condamner les grandes enseignes du textile qui font travailler des ouvrières (esclaves, prostituées?) au Bengladesh, mais bien et uniquement le sexe … Au nom d'une morale inspirée par l'idéologie religieuse !
Faut-il pénaliser les hommes coupables d'adultère ?
Depuis les plus anciens temps du Patriarcat, la femme reconnue coupable d'adultère était sévèrement punie. Elle était vouée à la lapidation dans les sociétés traditionnelles du Moyen Orient, alors que l'homme ne subissait strictement aucune sanction ! Et en France il a fallu attendre une loi de 1975 pour que soit aboli le "crime" d'adultère pour lequel la femme était punie d'une peine d'emprisonnement de 3 mois à 2 ans, alors qu'un homme ne risquait pour cette faute qu'une peine d'amende de 360 à 7.200 francs.
Il serait temps de responsabiliser les hommes, maintenant. Le prochain combat ?