ta courte réponse en dit long...
Hé bien, je vais essayer de développer.
1. L'enfance
C'est assez simple, de l'argent il n'y en avait pas. Petite exploitation agricole en polyculture et élevage, formatée comme au début du siècle dernier. Le virage de la modernisation a été raté faute de moyens.
Donc on avait à manger en gros ce qu'on produisait. Mais les vêtements, pour l'essentiel je les héritais des cousins, les livres scolaires (pas gratuits à l'époque), c'était la cata à chaque rentrée au collège ...
Bien sûr, ni télé, ni réfrigérateur, ni chauffage ailleurs que dans cuisine, et entre Noël et Nouvel an dans le salon, à cause des visites de la famille. Les 30 glorieuses, j'ai vu ça chez les copains ...
2. Vie adulte et mariage
Aucun sens de l'argent. quand j'en avais, je le dépensais, et quand je n'en avais plus je me débrouillais pour m'en passer. Pas de plan de carrière, aucune projection dans l'avenir. Au début de ma vie de travail, j'alternais tranquillement des périodes de boulot, et des périodes de glande en fac quand j'avais assez de sous.
Bon, une fois marié, j'ai bossé régulièrement et on a correctement géré les sous pendant quelques années, pas d'économies, mais jamais de découvert. Puis j'ai réussi le CAPES et la même année mon ex a réussi le concours d'instit. Du coup on a été à l'aise et ça a dérapé.
- Achat d'une voiture et d'une moto : crédit à la consommation (revolving, le pire)
- Achat d'un appartement, prix raisonnable
Oui, mais. Mon ex s'est sentie en rivalité avec sa sœur, ses cousins, etc., et s'est mise en tête de devoir être à la hauteur de sa famille. Mais chez elle l'argent n'avait jamais été un problème, toujours une solution. Donc, on ne s'en préoccupe pas. On étaient tous les deux à côté de la plaque pour les sous. Vente de l'appartement pour en achter un autre, plus standing, vacances à l'étranger, séjour au Chili pour adopter le Mapuche.
Tant que je faisais 10 heures supplémentaires dans la semaine, le budget s'équilibrait à peu près. Mais un jour est arrivé un nouveau ministre, qui a fait la chasse aux heures sup au nom de l'emploi ... Et j'ai perdu brutalement un tiers de mon revenu. Un an après on se séparait, on vendait l'appartement, heureusement avec une plus-value suffisante pour éponger le passif.
3. Après la séparation
Les deux premières années tout va bien, je retrouve des comptes équilibrés. Ça se gâtent quand je me retrouve avec mes fils chez moi et que je continue à payer une pension alimentaire, sans avoir allocations, évidemment. Recours à nouveau au crédit pour boucler les fins de mois.
La procédure au tribunal n'avançant pas, je négocie directement avec mon ex, j'arrête de réclamer la résidence des enfants et les allocs qui vont avec, et en échange je ne paye plus de pension. Ça marche jusqu'au jour où elle m'envoie l'huissier. Re-galère grave, qui se termine avec le prononcé du divorce. J'ai cette fois la résidence des garçons. Mais un passif de 17000€ entre le trou creusé par l'huissier et la prestation compensatoire (de quoi ?).
Nouvel emprunt, pour consolider et faire face. Ça roule, mais tout juste. Le déménagement vers un appartement plus grand me fera basculer dans le surendettement.
4. Aujourd'hui
Surendettement et changement de banque. Je consacre chaque jour 5 à 10 minutes à consulter mes comptes sur internet et faire le point. Il y a eu des mois où il a fallu se débrouiller avec moins de 100€ disponibles pour la deuxième quinzaine. Puis il y a eu le règlement de la succession de mon père et de mon frère. Pour la première fois de ma vie j'ai de l'argent d'avance. Quand je pourrai vendre les champs je pourrai solder mes dettes et il me restera un peu plus de 10000€ comme apport personnel pour acheter une maison.
Voilà.