valentin
Marraine : Dr. Ruth
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« le: 18-01-2011, 12:02 » |
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"Ahlalalalaaaaa, les hommes…" Les femmes disent "Ahlalalaaa".
Pas un "Ohlalalaaaa" respectueux et admiratif comme dans "Ohlalaaaa, comme elle est belle, mais elle est énorme, ça ne va jamais rentrer". Non, un "Ahlalaaaa" réprobateur et déçu.
Vous saisissez la nuance.
Dans les conversations entre copines, entre la mère et l'adolescente, dans les soupirs de la meilleure copine, dans les gloussements collectif en terrasse d'un café ou dans les réunions d'urgence dans les toilettes des filles, dans les talk-shows matinaux pour gonzesse entretenue qui n'a rien d'autre à foutre que de regarder la télé, dans les bouquins estivaux recommandés par Biba, dans les films avec Sandra Bullock ou Jennifer Lopez, dans la culture générale en somme, les femmes se plaignent de nous.
Apparemment, nous ne sommes pas à la hauteur.
"Le problème avec vous", nous disent-elles pour nous éduquer, pour nous dresser, le problème avec nous est qu'il y a plein de problèmes avec nous, qu'on ne va pas pouvoir continuer comme ça, ma mère avait raison, d'ailleurs c'est Biba qui le dit pas plus tard que dans le dernier numéro spécial-été-perdez-vos-kilos-superflus, ahlala les hommes, c'est écrit noir sur blanc, tu n'as qu'à lire.
Hun, hun, je lis ça dès la fin du match, ma chérie, mais là si tu pouvais te pousser de devant la télé ça m'arrangerait. A propos, qu'est-ce qu'on mange ?
Les hommes sont puérils, veules, incapables d'engagement, les hommes sont nuls en fleurs et en anniversaires, les hommes sont maladroits et confondent à l'infini le four et le lave-linge, les hommes se grattent les couilles devant le sport à la télé, les hommes rotent leur bière avec les copains, les hommes sont douillets et mesquins et obsédés par le cul et infidèles et égoïstes et enfin quoi merde c'est quand même pas difficile de mettre ses chaussettes sales dans le panier à linge, merde.
Apparemment, nous sommes des gros nuls, insupportables en somme, et on se demande pourquoi il n'y a pas plus de lesbiennes, vivre avec nous n'a vraiment pas l'air facile. Surtout que nous, en plus, les lesbiennes, ça nous excite, à la limite on serait d'accord.
Et au hit-parade des menus reproches universels que nous assènent ces colonies de casse-couilles matrimoniales, le reproche des reproches, la transgression ultime…
Tu as encore oublié de rabaisser la lunette des toilettes.
Alors là, moi je dis, ça suffit comme ça, on veut bien faire profil bas et encaisser, si un air penaud et contrit face à la condescendance féminine est notre meilleure stratégie pour avoir du sexe ce soir, on est bien d'accord pour entériner que l'espèce masculine est généralement en dessous de tout, mais le coup de la lunette des toilettes, ça dépasse quand même l'entendement.
Apparemment, quelqu'un quelque part, une femme sans doute, un fonctionnaire de la Commission Européenne peut-être, bref ce quelqu'un a décidé unilatéralement et sans aucune consultation préalable de moi-même, que la position par défaut de la lunette des toilettes doit être : abaissée.
Et moi je vous le demande : mais enfin pourquoi ?
Ca te défrise vraiment, grosse feignasse, de rabaisser la lunette toi-même en arrivant aux cabinets ? Tu te rends compte que tu es déjà considérablement assistée en cela par la gravité, et que l'effort requis pour amener ladite lunette de sa position haute à sa position horizontale est pour le moins microscopique ? Alors que nous, on se fait chier à relever le truc pipi après pipi, malgré Newton et Galilée qui tirent tout vers le bas, et cela sans la moindre reconnaissance de votre part ?
Tu n'as pas mieux comme transgression ultime, petite princesse de mes deux ?
Tu veux pas arrêter de te plaindre cinq minutes ?
A vous entendre, notre compagnie est une souffrance, un renoncement permanent, un soupir de découragement qui dure une vie… Et si vous n'aviez pas désespérément envie de vous faire sauter, ou bien de régler vos petits soucis de névrose paternelle, ou encore de mettre au monde de petites créatures à notre image que vous pourrez émasculer durant votre temps libre, ou enfin bien sûr si vous n'aviez pas besoin d'un revenu régulier pour post-rationaliser vos futures années sabbatiques (d'où le temps libre susmentionné), vous aimeriez mieux vivre seule qu'avec un gros porc comme nous.
Bon alors, c'est quoi le problème avec nous, et pourquoi vous en accommodez-vous finalement si volontiers ?
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