J'adore les réactions provoquées par la seule évocation du nom d'Elisabeth Badinter !
Son bouquin est très documenté et ne va pas dans le sens du vent, je trouve qu'elle a le mérite de déculpabiliser les mères qui ne moulinent pas de légumes bio avant chaque repas et c'est une bouffée d'air frais. Maintenant si ça plait vraiment à certaines femmes de prendre un congé parental pour mouliner des légumes, j'en suis ravie. Je m'étonne juste que ça plaise visiblement moins aux hommes qu'aux femmes.
Le voila l'énorme problème de Mme Badinter: la demi-mesure, elle ne semble pas connaître. C'est soit t'es une working girl féministe et libérée, soit une esclave du monde machiste, culpabilisée si tu te découpes pas en 25600 pour tes enfants, et si tu oses travailler et donc leur consacrer moins de temps.
Heu... la nuance? Oui? Non? Je connais PLEIN de femmes qui bossent (certaines avec des horaires complètement bizarres, genre en milieu hospitalier, ou des cadres) et qui sont très impliquées dans la relation maternelle, qui allaitent (et/ou tirent leur lait), qui pratiquent l'éducation non-violente, les jeux coopératifs, qui portent leurs enfants en écharpe (ou pas), qui se soucient de l'alimentation de leurs rejetons... et qui, en règle générale, sont plutôt dans la non-surconsommation. Et qui n'ont pas pris de congé parental.
Son discours m'attriste parce qu'il ne prend pas en compte une dimension plus globale de la société civile, en tout cas d'une frange de celle-ci, qui pense que la consommation à outrance est une connerie. Et qu'on soit homme ou femme.
Mais je n'ai pas dit qu'il fallait cesser de nourrir ses enfants. Chacun procède comme il le souhaite du moment qu'il le fait librement et pas sous la pression de la société.
En même temps, la société nous presse de tout côté à surconsommer, non? Obsolescence programmée, jetable, unidose...