Peur.

[vette]

J'ai une amie qui ne supporte pas d'être seule chez elle la nuit. Elle a peur. Peur de tout. Le moindre bruit la met en transes. Elle se barricade, elle panique.
Bref, ça lui est tellement insupportable que si son mari et ses enfants doivent passer la nuit ailleurs, elle va dormir chez quelqu'un ou invite quelqu'un.
Là, elle vient de décider d'affronter cette peur, de tâcher d'en comprendre la source et d'y remédier.

Ca vous arrive à vous d'avoir peur d'être seul la nuit, à un niveau plus ou moins grand ?

[marie]

non

[Cruella]

Non, je n'ai pas peur seule la nuit.
J'essaie de me souvenir avant, quand j'étais plus jeune, mais non, je n'ai jamais eu cette crainte.

[Valentine]

non je n'ai pas peur la nuit seule chez moi ou ailleurs d'ailleurs. J'ai parfois plus peur dans les transports en communs le soir tard ou même dans la journée mais c'est tout;

Le truc cependant, c'est que s'il m'arrivait un truc (malaise, blessure etc.) je me dis qu'il faudrait plusieurs jours avant que quelqu'un s'inquiête et ça me fait un peu froid dans le dos parfois mais j'y pense pas tout le temps non plus 

[Moi]

Ca me l'a fait au debut de la separation avec le pere de ma fille. Pas de facon aussi marquee que ton amie mais je verifiais quand meme plusieurs fois si la porte etait bien fermee le soir: le silence etait tres perturbant. Et puis c'est passe.

Au stade ou elle en est ca s'apparente a de la phobie.

Ce que mon psy disait des phobies c'est que ca se soigne assez bien en therapie comportementable: tu confrontes le"patient" a sa phobie tout petit a tout petit (exemple pour les gens qui ont peur de l'eau, au debut il ne trempe que l'orteil et il ressort. Quand il a assimilte le fait qu'on ne mourrait pas d'un orteil dans l'eau, il trempe le pied... etc).

Dans la mesure ou j'en prend conscience je garde toujours cette idee en tete maintenant quand j'ai peur.

[ktycash]

J'aime avoir peur
alors... ma porte n'est jamais fermée à clé...
alors, je bouffe des aliments périmés...
alors, je ne prévoie jamais de retour...
alors, souvent je continue à faire des trucs... jusqu'à ce qu'il m'arrive quelque chose...
 
border line un jour, border line...souvent, mais pas toujours...

[Chrisdedax]

J'ai eu des peurs nocturnes, autrefois.
La maison de mes parents, à Mont-de Marsan, clairement identifiée.
Moi, réfugié dans le placard, sous l'escalier.
Et la pleine lune qui vient s'abattre sur la maison, tout écraser, tout détruire, encore et encore.
Un cauchemar d'enfance, que j'ai fait étant là-bas,
Et que j'ai refais plus tard, plein de fois...

[Moi]

Je me disais: ce sont les bruits ou le silence mis en exergue par les bruits qui lui fait peur?

[Petite Sorcière]

Non  moi c'est l'inverse 

[Gerrrard]

j'ai peur uniquement quand je me trimballe avec du matos qui coûte cher et qui est plein de choses personnelles, dans les transports en commun parisiens.
ça date de l'an dernier où en hiver 2009 je venais de me faire payer une avance en liquide pour un travail de webprogrammeur à Bruxelles.
J'avais 150 euros en poche dans mon manteau.
Dans une main mon super pc portable 18 pouces (sans mot de passe pour login) dans sa pochette pro contenant un disque dur externe avec entre autre mes photos numériques depuis 2006, et un bijou de 30 euros que je voulais offrir a une ex alors que je n'étais plus en couple avec elle depuis 3 mois.
Dans l'autre main, un coffret d'une bouteille de liqueur de noisette pour offrir a mes parents.
Sur le dos un sac de voyage avec quelques affaires et la prise électrique du pc portable.

J'étais donc crevé pour X raisons et Paris était en pleine grève des transports en commun. je regarde mes messages téléphone et j'apprends que le RER A que je prends habituellement ne fait pas de service pour aller chez moi et que je devrais emprunter la gare saint lazare pour aller chez moi dans l'ouest de l'ile de france.
à cause de cette putain de grève j'ai pris le chemin le plus direct pour rentrer chez moi: le RER E alors qu'il était genre 20h 30, dans un 3e sous sol d'une gare mal fréquentée, les bras encombrés.

Ensuite donc, dans le trajet de 2 minutes entre la gare du nord et la gare saint lazare,
un mec vient me taper la discute et jamais je n'ai été aussi naïf. Je n'aurais jamais du m'asseoir pour un trajet si court, mais j'étais bien fatigué. la place où je m'étais assis ne me laissait aucune possibilité de m'échapper.
Je n'ai pas été blessé du tout, le mec ne m'a même pas touché.
Mais il a sorti un couteau laguiole dépliable et m'a menacé avec en étant assis à côté de moi.
il m'a dit que je devrais lui passer la pochette de mon pc portable et que je devrais sortir par l'autre côté du wagon.il a rangé son couteau dans la poche interne de sa veste et je me demande encore si je n'aurais pas du tenter quelque chose juste après pour lui péter le nez ou lui mettre un coup dans les couilles vu qu'on arrivait à la gare terminus en 2 minutes et que c'était la fin de ces 2 minutes.

J'ai ensuite pris mes affaires, fait ce qu'il a dit la peur au ventre.
Demandé de l'aide à un inconnu de l'autre côté du wagon.
puis on est partis chercher de l'aide dans toute la gare.
on prend un ascenseur, on arrive a un poste de garde mais il est fermé.
on court vers l'étage supérieur, l'autre poste est fermé, on court encore et enfin là on trouve des agents de la sécurité (qui ne sont pas armés, autrement dit la sécurité faut laisser tomber dans les gares parisiennes si on est emmerdé, vaut mieux avoir une pratique d'un art martial et se démerder soi même)
Ils ont cherché mais pas moyen de retrouver le type qui a surement pris le même train pour revenir à gare du nord.
Enfin, on a rien retrouvé, même les ingénieurs de la police n'ont pas retrouvé le PC.

Par la suite j'ai porté plainte et changé mes mots de passe,
l'assurance de mes parents m'a bien remboursé la valeur de ce qui a été volé moins 170 euros.
Avant cet évènement j'étais plutôt content de partir en voyage même si je devais traverser des couloirs insalubres parisiens à l'architecture dégueulasse.

Je pense avoir bien fait de ne pas riposter à cette agression. j'aurais pu perdre plus que quelques objets rembousés par une assurance, mes parents me l'ont confirmé.
ça m'a juste fait faire face à combien je me laissais faire, combien je ne savais pas protéger les objets qui me sont précieux, et ma propre personne. mes propres faiblesses physiques et mentales, et ça ça me fait grave chier.
Je suis confronté plus ou moins souvent à des hypothèses de ce que j'aurais du faire, je l'ai surtout été durant la période juste après cette agression. j'y pense de moins en moins mais ça m'emmerde de me dire que si je transporte un objet de valeur il va falloir que je réfléchisse à comment ne pas me le faire déposséder quand je me mélange à la foule. surtout une foule où tout le monde est d'accord pour jouer à "le premier qui sourit est un abruti".

J'aimerais pouvoir passer ma vie sans devoir me battre avec qui que ce soit, même si depuis le collège je constate qu'il faut être toujours moins "gentil" avec les inconnus si on veut atteindre un respect et une vie sans emmerdes.
Je me rassure en constatant le nombre d'inconnus que je croise et avec qui nos rapports sont neutres ou agréables, ce qui donne une grande proportion, plus grande que 99,99%.
Mais j'ai toujours ce sentiment paranoïaque que si je réponds au téléphone / si je prends une photo avec mon appareil numérique de poche / si je me trimballe avec une sacoche de PC portable dans un métro y'a des chances qu'on me le vole.
quelque part j'espère pouvoir me débarrasser de cette paranoïa en vous en faisant part ici.

[Moi]

  Lu.

[vette]

Lu. Je confirme que tu as très bien fait de ne pas te défendre. Aucun bien matériel ne vaut que l'on risque sa vie.
En même temps, je comprends ta rage.
Quand on est soi-même pacifiste, quand on rêve d'un monde sans violence, on commence par ''accepter'' d'y sacrifier, éventuellement, quelque bien qui nous est cher.
Non, on n'est pas lâche parce qu'on s'est laissé faire. On est une victime qui est resté jusqu'au bout avec des valeurs propres, bien plus importantes que les quelques biens qu'on a perdus.

J'ai été cambriolée une fois. Comme je n'avais rien de valeur chez moi, on ne m'a pris que quelques objets, mais qui m'étaient particulièrements chers. Des souvenirs très perso, sans grande valeur marchande, mais auxquels je tenais.
Je n'ai trouvé de paix que quand j'ai accepté de ''donner'' ce qu'on m'avait pris.
Comme si le fait de me séparer sentimentalement de ces objets faisaient de moi un être meilleur, plus léger et plus serein.

Cette ''leçon'', je l'avais apprise de mon fils. A 15 ans, il s'est fait braquer dans le bus, à Marseille. On lui a pris le peu de sous qu'il avait sur lui, un cd qu'il venait de s'acheter, et un bouquet de fleurs qu'il comptait offrir à sa grand mère. Le bus était plein de monde, et personne n'a bronché pour lui venir en aide.
Quand il me l'a raconté, en rentrant, il m'a dit que la colère avait eu le temps de lui passer. Qu'il s'était dit qu'il n'aurait pas aimé être à leur place, qu'il n'aurait pas aimé être eux. Et que ça lui avait fait réaliser à quel point il avait de la chance d'avoir une vraie famille, et d'être aimé. Il les a plaints, parce qu'il s'est dit qu'ils devaient manquer d'amour, et de valeurs propres.
J'ai trouvé qu'il était beau de l'intérieur.

C'est une chose de savoir intellectuellement que le monde n'est pas toujours joli. C'est une autre chose d'y être confronté personnellement. Et c'est sur que ça remue.
Et je crois que c'est quelque chose de bien plus complexe que de la peur.