Bientôt 3 mois sans tabac après avoir été fumeuse pendant 23 années en tout. Quitte à fumer, autant le faire sans mesure, et je fumais au delà d'un paquet par jour allègrement.
J'ai arrêté une fois quand ma fille avait 3 ans, parce que je me réveillais la nuit pour tousser, j'ai estimé qu'il était temps. J'ai posé mon paquet sur une étagère et le lendemain je l'ai regardé toute la journée en serrant les dents et les poings. Le soir venu en allant me coucher je me savais non-fumeuse. J'ai pris 5 kilos en 15 jours. J'ai ramé pour en perdre 2, 3 sont restés.
Ca a duré 3 ans et j’ai replongé.
Je pense qu'en tout fumeur reste la vague notion qu'au delà du plaisir de la clope avec le café après le repas, on est esclave d'un truc nuisible et qui pue. Mais c'est le syndrome de Stockholm sans doute, on ne le voit pas ainsi
En début d'année j'ai songé à arrêter de nouveau pour les raisons habituelles : ça pue, ça fait puer, c'est nuisible à moi et aux autres, c'est cher, c'est moche etc., et forte de mon expérience antérieure, j'ai songé qu'il faudrait tenter de perdre 2 kilos et arrêter ensuite pour limiter les dégâts. S'est greffé là dessus hélas un souci de santé qui m'a fait prendre du poids et après moult consultations a mené à une radio des poumons...
A mon grand soulagement, il n'y a rien sur ma radio, des poumons de bébé. C'est là que l'évidence s'est imposée : avec la certitude que mes poumons étaient propres, il était grandement temps de faire en sorte qu'ils le restent. J'ai fumé plus de la moitié de ma vie. Restait à prévoir une date.
Suis descendue passer quelques jours chez une personne précieuse dont le compagnon devait arrêter de fumer le lendemain de mon départ. C'était le moment où jamais.
Je suis rentrée chez moi, j'ai fumé tout ce que j'ai pu en jouant à l'ordinateur. Pas envie d'arriver à cette fichue "
dernière" clope, et quand 5 heures ont sonné, il a bien fallu me résoudre à écraser ce dernier mégot (avec derrière la tête l'idée que vu l'heure j'aurais moins d'heures de veille à lutter le lendemain).
Etrangement ça m'a semblé nettement moins pénible que la première fois. Je n'ai pas eu une lutte de chaque instant. Juste un vague rappel à l'ordre tout à fait ponctuel d'une envie d'inhaler, mais rien d'insupportable. J'ai poussé le vice jusqu'à calculer ma consommation de tabac moyenne sur les trois derniers mois : 35 cigarettes / jours. Il était temps je crois.
Première nuit sans tabac, victoire, me voilà non fumeuse. A compter du second jour, les effets secondaires débutent pour environ 4 semaines :
Irritabilité (vraiment, très, beaucoup, plein) : très susceptible et agressive. Désagréable même pour moi.
Rêves : toutes les nuits, beaucoup de rêves, sans aucun sens.
Sommeil : troublé, très léger. Réveils nombreux, pour ainsi dire toutes les heures.
Effets secondaires suite 4 semaines suivantes:
Odorat : surdéveloppé. Vous savez quoi ? Il y a bien plus de mauvaises odeurs que de bonnes.
Sommeil : de plomb, et longtemps. Des nuits de 8 heures qui me laissent encore fatiguée au réveil. Déroutant et désagréable. Se coucher à 21 h 45 n'entre pas du tout dans mon style de vie.
Grignotage. Autant les premières semaines n'ont pas eu pour effet d'augmenter mon appétit (prise de poids quand même bien sûr) autant les semaines suivantes m'ont vue manger comme un ogre, de tout et n'importe quoi. J'ai lutté un peu et après me suis dit que perdu pour perdu autant se faire plaisir. Quitte à grossir il vaut mieux que j'ai pris du plaisir.
Effets secondaires suite 2 semaines suivantes:
Odorat : surdéveloppé bis. Je renifle un fumeur à 10 mètres. Je continue de laver/faire nettoyer mes vêtements / couvertures / couettes etc. qui puent le tabac. La moquette n'en parlons pas. Fébreze est devenu copain avec mon canapé.
Grignotage. Sur la fin (et plus sur la faim). Je pense que j'ai fini de compenser. Plus besoin d'engloutir la nourriture, je peux revenir à des doses raisonnables.
Sommeil : semble revenir dans les normes. Je découvre même que je peux faire des grasses matinées.
Bilan : + 10 kilos en tout entre le tabac et la santé (je dirais 5 / 5).
Portefeuille heureux
Souffle : pas encore retrouvé (bien sûr pas fait de sport non plus)
Odorat et goût : youpi
Dents : plus blanches (très surprise que ce soit si net. C'est ma fille qui m'en a fait la remarque, et je le constate depuis avec plaisir).
Haleine du matin : non, ça ne sent pas le pétale de rose pour autant
Peau : j'imaginais qu'il y aurait un impact parce que la peau de fumeur est "identifiable". Rien constaté.
Confort de vie : pas d’angoisse de « ai-je pris mes clopes » - « est-ce que le tabac est ouvert » etc.
Questions :
- Doc, si c'était à refaire ?
- euh... je préfère être non fumeuse. Les effets indésirables sont pénibles, mais bon, c'est tout de même mieux.
- Non-fumeuse signifie anti tabac ?
- non, mes amis fumeurs sont cordialement invités à fumer chez moi à leur convenance, y compris dès le réveil.
- Tentée par la clope depuis ?
- tentée, non, juste celle d'après le déjeuner qui me manque et me montre que je n'ai pas encore tout à fait gagné.
- Quand aurez-vous la certitude d’être non-fumeur ?
- Peut être le jour où à la question « fumez-vous ?» je répondrais, non je ne fume pas au lieu de non je ne fume plus.