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« Répondre #58 le: 22-06-2009, 16:08 » |
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Article retrouvé. Je le copie ici car accessible uniquement aux abonnés du journal. Maintenant je laisse les connaisseurs en parler et je n'ai pas retrouvé l'étude universitaire détaillée. De plus, cela date de 2007 mais peut-être que les choses ont changé depuis.
Le recyclage offre une seconde vie utile aux détritus
Retraiter les déchets ménagers, grâce à de nouvelles technologies et méthodes de tri, s’avère presque toujours un meilleur choix que les incinérer ou les enfouir.
23.08.2007 | The Economist
Cela fait un sacré tas d’immondices. Depuis 1960, la quantité de déchets ménagers accumulés aux Etats-Unis a presque triplé, pour atteindre 245 millions de tonnes en 2005. Même constat sur le Vieux Continent. Selon les chiffres de l’Union européenne, la quantité de détritus produits en Europe de l’Ouest a progressé de 23 % entre 1995 et 2003 et s’établit à 577 kilos par habitant. Naturellement, cette prolifération des déchets s’est accompagnée d’une in-tensification du recyclage. En 1980, les Etats-Unis ne recyclaient que 9,6 % de leurs ordures ménagères, contre 32 % aujourd’hui. On constate une tendance semblable en Europe, où certains pays, notamment l’Autriche et les Pays-Bas, recyclent désormais 60 % de leurs détritus, voire plus. Mais, lorsqu’une municipalité met en place le tri sélectif pour les particuliers, la vue des innombrables camions à ordures sillonnant la ville a de quoi faire douter. La collecte et le transport de ces déchets ne gaspillent-ils pas plus d’énergie qu’ils n’en économisent ? “On ne cesse de nous demander si le recyclage se justifie en termes de bilan écologique”, reconnaît Julian Parfitt, analyste au Waste & Resources Action Programme (WRAP), une organisation britannique à but non lucratif qui encourage le recyclage et s’emploie à développer des marchés pour les matériaux recyclés.
L’abandon du tri sélectif suscite la méfiance
Des études se sont penchées sur le cycle de vie de matériaux bien précis et ont pu apporter des réponses dans ces cas déterminés, mais le WRAP a préféré embrasser un point de vue plus large. L’organisation a demandé à l’Université technique du Danemark et au Centre thématique danois sur les déchets d’analyser les cycles de vie de 55 produits. Les chercheurs ont ensuite étudié plus de 200 scénarios et comparé les répercussions du recyclage à celles de l’enfouissement et de l’incinération pour différents types de déchets. Au terme de ces études, ils ont trouvé que, dans 83 % des scénarios de recyclage, cette solution se révèle effectivement meilleure pour l’environnement. A l’origine, les programmes de tri sélectif exigeaient des particuliers qu’ils jettent papiers, verres et conserves dans des poubelles distinctes. Aujourd’hui, la tendance est au single stream ou “flux unique” [le tri se fait en aval du consommateur]. Mais ce revirement suscite parfois la méfiance. Puisqu’on ne leur demande plus de séparer les différents matériaux, les gens sont tentés d’en conclure que leurs déchets sont simplement enfouis ou incinérés. En réalité, le passage à la collecte en flux unique est rendu possible par de nouvelles technologies, capables de reconnaître et de trier les différents matériaux avec une intervention humaine limitée, voire nulle. Le flux unique rend le recyclage moins fastidieux pour les ménages et permet de donner une seconde vie à plus de déchets. San Francisco, qui a abandonné il y a quelques années la collecte sélective au profit du flux unique, affiche désormais un taux de recyclage de 69 %, l’un des plus élevés des Etats-Unis. A l’exception des déchets alimentaires et de jardin, tous les détritus recyclables produits par les ménages sont triés dans un centre de près de 19 000 m2 où 155 employés et de nombreuses machines se partagent le travail. Cette installation à 38 millions de dollars [28 millions d’euros] a ouvert en 2003, non loin de la baie de San Francisco. Gérée par Norcal Waste Systems, elle traite en moyenne 750 tonnes de papier, plastique, verre et métaux par jour. Tout d’abord, un camion arrive sur place et déverse ses déchets recyclables à un bout du bâtiment. Les matériaux sont ensuite entassés sur de grands tapis roulants qui les acheminent à une station de triage manuel : là, les employés passent tout en revue et écartent sacs plastique, grands morceaux de carton et autres produits susceptibles d’endommager ou d’obstruer les machines. Les sacs en plastique sont particulièrement gênants, car ils se coincent souvent dans les trieuses à disques rotatifs qui séparent les matériaux les plus lourds (bouteilles, cannettes) du papier. Le carton ondulé est séparé du papier mélangé, chacun étant ensuite conditionné en balles et vendu. Les bouteilles et emballages plastique sont triés manuellement. Les plastiques les plus répandus, le PET (polyéthylène téréphtalate) et le PEHD (polyéthylène haute densité), sont collectés séparément ; les autres vont dans une benne multiplastique. Un aimant vient ensuite retirer tous les métaux ferreux, le plus souvent les boîtes étamées ou en acier, tandis que les métaux non ferreux, généralement des cannettes d’aluminium, sont éjectés au moyen de courants de Foucault. Les séparateurs à courants de Foucault, en usage depuis le début des années 1990, sont constitués d’un rotor magnétique qui tourne rapidement dans un long tambour cylindrique tournant plus lentement. Les cannettes en aluminium passent dans le tambour sur un tapis roulant et le champ magnétique produit par le rotor induit des courants électriques de circulation, appelés courants de Foucault, dans les cannettes. Cela crée autour des cannettes un champ magnétique secondaire qui est repoussé par le champ magnétique du rotor : les objets en aluminium sont alors littéralement éjectés des autres déchets. On trie manuellement le verre en séparant le transparent, le brun, le jaune et le vert. Pour chaque cargaison, l’ensemble du processus de triage prend environ une heure. Bien que tous les centres de recyclage aient encore recours à de la main-d’œuvre, on investit de plus en plus dans les technologies de tri optique capables de séparer différents types de papier et de plastique. Les premiers systèmes de triage des déchets par infrarouges ont été mis au point au début des années 1990. Aujourd’hui, le spécialiste incontournable de ce secteur est la société norvégienne TiTech. Ses machines, dont un bon millier sont aujourd’hui en service dans le monde, s’appuient sur la spectroscopie pour identifier les différents matériaux. Les déchets plastique et papier sont étalés en une seule couche sur des tapis roulants. Sous la lumière d’une lampe halogène, chaque matériau renvoie vers des capteurs une combinaison unique de longueurs d’onde dans le spectre infrarouge, combinaison qui l’identifie aussi bien qu’une empreinte digitale chez l’homme. En analysant ces données, un ordinateur détermine la couleur, le type, la forme et la position de chaque objet. Puis des jets d’air à haute pression poussent tel ou tel déchet d’un tapis roulant vers un autre ou vers une benne. Une grande variété de papiers, de plastiques et de matériaux mixtes peut être triée ainsi avec un taux de précision de 98 %.
Penser le recyclage dès la conception des produits
Un des principaux obstacles à un meilleur recyclage est que la plupart des produits n’ont pas été conçus dans l’idée qu’il faudra un jour les recycler. Remédier à ce problème va sans doute nécessiter de repenser intégralement le processus industriel. Le champ des innovations potentielles reste évidemment immense et il est indéniable que le recyclage, lorsqu’il est effectué dans les règles, permet des économies d’énergie et de matières premières et réduit la pollution. Reste qu’il faut chercher à recycler davantage, mais aussi à recycler mieux. Avec les progrès des technologies et des matériaux, l’optimisme est donc de mise.
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