J'ai perdu ma mère il y a 11 ans, après un an de maladie. C'est moi qu'elle a appelée pour s'occuper des détails matériels (mon père étant présent pour le reste). J'ai eu l'impression bizarre que c'était elle la petite fille, qu'elle me faisait une confiance totale pour se reposer sur moi. Je sais que je suis la seule fille, mais comment dire ... ça m'a fait à la fois un choc d'apprendre qu'elle était malade (cancer), et une immense fierté qu'elle me demande de la prendre en charge, comme si elle validait l'adulte que j'étais devenue.
C'est peut être pas très clair, mais c'est là je crois que je suis devenue "grande", comme on disait dans un autre poste.
Elle a passé un mois à l'hôpital en chambre stérile pour une chimio et une auto greffe, et je l'ai passé chez mes parents, à 100 km de l'hosto, pour conduire mon père la voir tous les deux jours. Je pense que ça nous a encore plus rapprochés, lui et moi. Il pouvait se lâcher avec moi, me dire ses ras le bol et son angoisse en sachant que je comprendrais. Ca m'a aussi rapprochée de ma mère, bien qu'on n'ait jamais été loin l'une de l'autre.
Je suis allée voir mon père ensuite aussi souvent que je pouvais (500 km quand même), et même les premiers temps où il bouquinait dans son coin sans rien dire, je sentais qu'il avait besoin que quelqu'un soit là (celui de mes frères qui venait le plus souvent me l'a dit aussi). On se téléphonait tous les dimanches, comme avant avec ma mère. Par contre les autres ne se sont pas beaucoup bougé et ça m'a peiné quelque part, pour eux et pour mon père .... J'y suis allée aussi quand il a du se faire opérer, quand il est tombé malade (cancer aussi). Je suis arrivée à temps deux jours avant sa mort pour le voir à l'hôpital (le même
) au milieu de l'été 2007.
Et comme dit Mescal, j'ai du organiser ses obsèques avec l'aide de ma belle sœur et d'un autre de mes frères pour la cérémonie (c'est plus son truc et ça lui importait plus à lui, donc je l'ai laissé faire). Je ne suis pas l'ainée, mais ça s'est trouvé comme ça (mon frère ainé est ... difficile, on va dire. D'ailleurs il a décidé qu'on n'était plus fréquentables, les autres
Grand bien lui fasse !)
Ma mère m'a manqué, beaucoup, mais je crois que j'ai plus ressenti l'absence quand ils ont été tous les deux partis, c'est bizarre. On a du vendre la maison. Je pensais que ça me ferait mal, mais pas du tout, sans eux ce n'était plus "la maison".
Les enterrements ne m'ont pas été pénibles, je pense que je n'accorde pas vraiment d'importance au concret dans ce domaine. La peine était/est en moi, pas dans la boite devant l'autel ou au cimetière.
Voilà, je ne sais pas si je suis dans le sujet, mais c'est ce qu'il a fait ressurgir ...