NUTS - Nos Univers Très Sexy
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Auteur Fil de discussion: Contes Zen ...  (Lu 7824 fois)
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Snow
Invité
« le: 03-03-2006, 11:27 »

A la demande generale ( Cheesy Cheesy Cheesy) je vais poster de temps en temps les contes zen qui m'ont le plus "parle" ...

Si ca vous saoule dites le moi ...
« Dernière édition: 03-03-2006, 11:30 par Snow » Journalisée
Lancelot
Invité
« Répondre #1 le: 03-03-2006, 11:32 »

Tiens histoire de te suivre .....
tendez la main .... il vous mordra le bras...

Un jour du temps passé, dans l'ancienne Chine, un ermite un peu magicien reçut la visite d'un ami de jeunesse, nommé Siang-Jou.   Le saint moine vivait depuis de nombreuses années au coeur de la montagne profonde, aussi accueillit-il son ami avec effusion et joie.  il lui offrit le repas et un abri pour la nuit.

Le lendemain, il lui dit:

- Siang-Jou, en souvenir de nos jeunes années, je veux te donner un cadeau.

En pointant son doigt sur une grosse pierre, il la transforma en un bloc d'or pur.  Au lieu de se réjouir, son ami gardait l'air maussade.  Il ne le remercia même pas.

- Moine Wei, fit-il, j'ai fait une longue route pour venir jusqu'à toi au coeur de la montagne profonde.  Pourquoi me contenterais-je d'un petit bloc d'or pur ?

L'ermite désireux de faire plaisir à son ami de jeunesse, pointa alors son doigt sur un énorme rocher, et le transforma en un bloc d'or pur.

-J'espère que tu es satisfait, dit-il en riant , et que ton âne pourra le transporter !

Mais Siang-Jou ne souriait pas, il conservait son air maussade.

-Que désires-tu donc ? demanda le moine.

Alors Siang-Jou , son ami de jeunesse, sortit le grand couteau qu'il portait à la ceinture.

-Ce que je veux, dit-il, c'est le doigt.
Journalisée
Snow
Invité
« Répondre #2 le: 03-03-2006, 12:14 »

Le Noble Samourai



Par une belle journee d'ete, un noble samourai, reconnaissable a son chignon d'homme de guerre, ses manchettes metalliques, sa cuirasse a 4 pans, et les 2 sabres traditionnels, penetre d'un pas fermeet paisible dans une modeste auberge de campagne.

Nous sommes au XIVe siecle, dans un village de la grande ile de Honshu. Un nuage d'insectes bourdonne dans l'air surchauffe.


*


Le noble samourai s'assoit, commande un plat de riz.
Il defait le haut de sa cuirasse, depose avec precaution et respect ses 2 sabres. Il est le seul voyageur.Il mange, portant les baguettes a sa bouche, en un geste armonieux et precis.

A ce moment, l'on entend de bruyants eclats de voix. 3 ronins, guerriers vagabons, sans maitre, plus proches en verite de bandits de grand chemin que d'authentiques samourai, font irruption dans la salle. Ils interpellent
avec grossierete l'aubergiste, reclament du sake, s'assoient en se bousculant. Leurs epees etincellent.

Soudain, l'un d'entre eux remarque le samourai silencieux, le neez dans son ecuelle, et les 2 sabres maginifques poses a cote de lui. Il fait signe a ses compagnons. Les ronins echangent un coup d'oeil et se consultent a voix basse. Le samourai est seul, sans mefiance. L'aubergiste qui n'est pas un homme de guerre, ne compte pas. Ils sont 3. Ils posent les mains a la garde de leurs epees, pret a bondir.

A cet instant le noble samourai souleve negligement la baguette, qu'il tient dans la main droite, et d'un geste coupant et net, vif comme l'eclair: "Clac, clac, clac !", il abat trois mouches qui bourdonnaient a ses oreilles; et il se remet tranquillement a manger, sans lever le nez de son plat.

Les 3 ronins laissent 3 pieces de cuivre sur la table, et quittent l'auberge, en silence.


*


Quand un adepte du Zen, un sage, est delivre du desir, de la vanite, de la peur, quand son "moi" s'est efface, quand il est ouvert a l'infini de l'Atma au dedans de soi; alors il peut vaincre sans sabre, sans epee, sans combat.
Journalisée
Snow
Invité
« Répondre #3 le: 07-03-2006, 12:45 »

Les 2 moines et la jeune femme



Deux moines, l'un jeune, l'autre vieux, robes safran, cranes rases, sandales aux pieds nus, rentrent en leur couvent un beau soir d'ete.

"Notre journee a ete longue et fatiguante, frere Ushi, dit le plus jeune, mais nous avons bien honore Bouddha, et recolte en mendiant notre content de riz et de pieces de cuivre. Le maitre nous felicitera certainement !
Oui ...,fait distraitement le moine plus age, et il ajoute avec bonte : ne soyez pas inquiet, frere Toshibu, le maitre apprecie votre zele."

Les saints hommes poursuivent leur voyage en silence. Soudain au detour du chemin, une riviere barre la route. Sur le bas cote, une jeune femme seduisante aux vetements couteux est assise sur une grosse pierre, et semble attendre du secours.Ni barque, ni passeur.

Le moine plus age, avec simplicite, prend la femme dans ses bras et lui fait traverser la riviere sans qu'elle se mouille le bout des souliers. La delicieuse creature le remercie d'un sourire et s'en va.

Les 2 moines continuent leur chemin. Long silence. Brusquement, n'y tenant plus, le jeune moine s'ecrie :

"Frere Ushi ! Ne savez vous pas que la regle nous interdit strictement tout contact et tout commerce avec les femmes !"

Le vieux moine poursuit son chemin sans repondre.

"Frere Ushi ! Dit le jeune moine, qui s'echauffe, comment avez vous pu porter dans vos bras une femme belle et parfumee, et lui faire traverser la riviere ?

Frere Toshibu, dit le vieux moine. Serait ce que vous sentez encore le poids de cette femme ? Il y a pourtant longtemps que nous l'avons laissee derriere nous."
Journalisée
Snow
Invité
« Répondre #4 le: 07-03-2006, 13:14 »


La compassion, l'amour bienveillant, le partage des maux d'autrui, est la plus belle des vertus.Elle presente un "caractere magique", affirme le dalai-lama. Le bebe qui manque par trop du "lait de la tendresse humaine" en meurt. Aucune education ne porte ses fruits sans comprehension, patience, affection. Et le mourant a besoin qu'on lui tienne la main. Nous sommes des animaux sociaux, nous dependons les uns des autres, nous avons besoin de leur bienveillance, de leur amitie.
Quand je me promene en mon village, et que je rencontre un visage hostile ou indifferent, un nuage assombrit ma journee. Je souris a tous, j'offre a tous mon amour silencieux, meme a ceux qui me tournent le dos. C'est que la compassion est une vertu qui a de l'echo. Le bien qu'elle fait a autrui nous est rendu au centuple. La compassion, affirme le Zen, est un raccourci vers le bonheur .
Journalisée
Machiko
Invité
« Répondre #5 le: 07-03-2006, 22:31 »

La grenouille et le scorpion
Contée par Bayushi Guwahime

Il s'agit là d'une vieille histoire : l'une des plus anciennes, en fait. Il s'agit de la première histoire que j'ai apprise, et je m'en vais vous la conter.

On raconte que, lorsque les enfants de la Lune et du Soleil s'affrontèrent pour déterminer qui d'entre eux dirigerait le monde, Bayushi resta à l'écart du grand tournoi et observa ses frêres et ses soeurs s'affronter. Puis, voyant Shinsei, il s'approcha de lui.

"Petit maître, j'ai une question pour vous." Dit il

Shinsei, uniquement préoccupé par le tournoi, resta silencieux.

Bayushi poursuivit : "J'espère gagner le tournoi, mais je ne sais pas si ma stratégie me le permettra.

- Il existe plus d'une manière de remporter ce tournoi." lui dit Shinsei.

Bayushi s'assit à ses côtés : "Dites-m'en plus."

Shinsei acquiesça et commença.

"Il était une fois une petite grenouille qui vivait au bord d'une rivière. Un jour, un scorpion qui se promenait en ce lieu lui demanda si elle accepterait de lui faire traverser la rivière."

Bayushi sourit : "Je connais déjà cette histoire, petit maïtre."

Shinsei fronça les sourcils : "En es tu sûr ?"

Il attendit un moment, tout en continuant de regarder le tournoi. Bayushi se tut et attendit qu'il veuille bien reprendre.

"Le scorpion dit à la grenouille : "Fais moi traverser la rivière sur ton dos" et la grenouille répondit : "Il n'en est pas question. Car si j'accepte, tu vas me piquer." Alors le scorpion lui rétorqua : "je ne ferai rien de tel, car sinon nous nous noierions tous les deux." "

Bayushi acquiesça impatiemment : "Oui, oui, je connais cette histoire."

Shinsei fronça à nouveau les sourcils : "En es tu vraiment sûr ?"

Il attendit un moment, continuant à observer le tournoi, Bayushi se tut à nouveau et attendit qu'il reprenne son histoire.

"La grenouille perçut la sagesse des mots du scorpion, elle le fit monter sur son dos et commença à traverser la rivière. A peu près à mi chemin, elle ressentit une douloureuse piqure dans le dos..."

"Mais bien sûr que je connais cette histoire !" S'exclama Bayushi.

Shinsei cessa alors d'observer le déroulement du tournoi, s'e tourna vers lui et le regarda dans les yeux.

Bayushi se tut : "Je suis désolé, petit maître. Veuillez me pardonner et reprendre votre histoire, s'il vous plait."

Shinsei se remit à observer le tournoi.

"La grenouille sentit le poison courir dans ses veines et remonter jusqu'à son coeur, et alors que la mort approchait, le scorpion et la grenouille commencèrent à couler dans l'eau froide."

Shinsei s'interrompit un moment, mais Bayushi resta silencieux.

"Juste avant de se noyer, la grenouille dit : "Mais scorpion, maintenant nous allons tous les deux mourir noyés !" Le scorpion sourit : "Mais..."

Shinsei fit une nouvelle pause et regardaBayushi.

"Mais, petite grenouille, je sais nager."

Bayushi s'assit aux côtés de Shinsei, manifestement surpris. Puis, lentement, il commença à sourire : "Je comprends petit maître."

Shinsei lui assénat soudain un violent coup de bâton de marche sur la bouche : une des lèvres de Bayushi se fendit et du sang se mit à en couler. Bayushi se mit sur ses pieds et porta ses mains à son visage.

"Pourquoi m'avez vous fait cela ?" demanda-t-il.

"La douleur est l'unique récompense du menteur. Ton visage exprimait une chose alors que tes yeux en exprimaient une autre. Je ne pouvais récompenser les deux, aussi, j'ai choisi ton visage de menteur."

Bayushi était silencieux, son sang s'écoulant jusqu'au sol.

Et lentement, douloureusement, il se remit à sourire. Il arracha un morceau de tissu à ses vêtements, l'enroula autour de son visage et rejoignit le tournoi. Et perdit volontairement.

Puis, il retourna voir Shinsei et s'inclina devant lui.

Shinsei acquiesça : "Désormais, tu sais nager."
Journalisée
lénita
Invité
« Répondre #6 le: 08-03-2006, 10:35 »

j'aime bcp ...

Surtout que la dernière histoire me fais penser à un jeu ... Le livre des 5 Anneaux ... tu connais Machiko ?
Journalisée
Machiko
Invité
« Répondre #7 le: 08-03-2006, 10:43 »

j'aime bcp ...

Surtout que la dernière histoire me fais penser à un jeu ... Le livre des 5 Anneaux ... tu connais Machiko ?

Livre du scorpion, épisode du tournoi des 8 kami.

Bien sur que je connais Wink
Journalisée
Snow
Invité
« Répondre #8 le: 08-03-2006, 12:57 »

Les canards mandarins et le samourai


Il y a bien longtemps, sur les bords du lac Mimidoro, que l'on appelle aujourd'hui Mizoro, au nord-est de Kyoto, une couple de canards mandarins vivait en paix. Il fallait voir, a la belle saison d'ete, le male bondir sur l'eau, prendre son envol, ses moustaches orange, son bec rouge sombre, et ses magnifiques ailes frisees.
Madame et les enfants vetus d'un modeste gris, meme l'aine qui portait encore la robe juvenile, ne le quittaient pas des yeux.
Le soir, les canetons rassasies et endormis, Monsieur, d'un coup de bec sur la joue blanche et gracieuse, disait bonsoir a son epouse et, dans le trou d'arbre qu ileur servait de maison, toute la famille glissait au pays des reves.


L'annee qui suivit, aux premiers jours du printemps, un jeune samourai vint installer sa cabane aux bords de l'etang. Sa femme attendait leur premier enfant. Ils etaient pauvres. Le samourai avait du acheter son equipement : les culottes bouffantes, les cuissardes, les manchettes metalliques et la cuirasse a quatre pans. Sa femme lui avait confectionne le "bandeau de resolution", sa mere avait economise longtemps pour lui offrir les deux epees traditionnelles, la longue et la courte. Mais il ne possedait pas encore le masque effrayant destine a terroriser l'ennemi. Il attendait qu'un noble seigneur le prenne a son service.

Cette nuit la, sa femme le reveilla et lui dit :

"Mon tendre epoux, je sais que nous sommes pauvres, et je ne voudrais pas vous importuner, mais je sens depuis quelque temps une envie irresistible de manger la viande, et j'ai peur que votre fils n'en patisse."

Le jeune samourai ne dit mot. Il prit son arc et sortit dans la nuit. Il se posta au bord de l'etang a l'affut de quelque proie. Par hasard, le canard mandarin faisait une promenade nocturne. A l'eveil du printemps, le nid est encore vide, et il songeait au rude travail de l'ete qui l'attendait, quand il faudrait nourrir toute la maisonnee.
Le samourai apercut ses ailes frisees qui scintillaient sous la lune. Il tira une fleche et le tua. Il l'emporta dans un sac et, arrive chez lui, il le fixa sur une perche devant la cabane. Puis il regagna sa couche et s'endormit.

Un bruit insolite le tira du sommeil. Une sorte de "tap tap !", comme un bruit d'ailes. "Le canard n'est pas que blesse, songea t'il, il se debat au bout de la perche ou je l'ai attache."

Il prit un couteau et sortit. Le canard mandarin suspendu par les pattes etait bien mort. Mais sa femelle etait venue, et elle battait des ailes au dessus de lui. Le samourai fit etinceler la lame de son couteau et le brandit.
La cane mandarine ne bougea pas, ne quitta pas la place. Alors il alluma un feu pour les rotir tous les deux male et femelle. La cane continuait a battre des ailes, indifferente a son sort, pleurant son epoux mort.

Le samourai fut alors saisi d'un sentiment inconnu. Il alla reveiller sa femme, lui montra le spectacle de cet amour conjugal et son epouse pleura.
"Je ne mangerai de cette viande pour rien au monde", dit elle.


Les anciennes chroniques disent que le samourai coupa son chignon d'homme de guerre, et se fit moine.
Il mena une vie exemplaire, protegeant les animaux, se souciant du moindre insecte, et son nom depuis est venere.

Ainsi a t'il ete rapporte des choses du passe .
Journalisée
Machiko
Invité
« Répondre #9 le: 09-03-2006, 14:33 »

Conte Zen : Le fiancé de la princesse

Un conte illustrant l’esprit de la voie dans le Zen


Par Khoa Nguyen

D’après le recueil « En ramassant des feuilles de l’arbre Bodhi » du moine Thich Thanh Tu

Il était une fois un petit royaume où régnait un vieux roi respecté de ses sujets. Il n’avait pas de prince héritier et voulait chercher un fiancé pour sa fille de dix ans.

Il fit sélectionner un certain nombre d’adolescents, plus doués les uns que les autres, les réunit dans son palais et remit à chacun d’eux un sachet de graines.

L’année suivante, au jour fixé, tous les garçons apportèrent au palais les fleurs qu’ils avaient consciencieusement cultivées.

Dans la grande salle du trône parfumée de verdure, les plantes étaient magnifiques et les fleurs superbes.

Le roi et la reine passèrent lentement en revue les rangées de pots, la mine grave et soucieuse.

Soudain ils s’arrêtèrent devant un adolescent triste et timoré, qui avait les larmes aux yeux.

— Vos Majestés, dit-il, je ne comprends pas ce qui est arrivé. J’ai demandé autour de moi de la meilleure terre et des meilleurs engrais, j’ai suivi tous les bons conseils, j’ai pris le plus grand soin de vos graines, hélas rien n’a poussé. Je suis honteux d’avoir échoué, je suis venu seulement pour ne pas jeter le déshonneur sur ma famille et sur mon village.

Le roi lui annonça gentiment :

— C’est toi le fiancé de la princesse.

Des murmures de surprise, de déception voire même de désapprobation, parcoururent la foule, mais personne n’osa contester la sentence royale.

Depuis ce jour le petit garçon vécut au palais où il reçut l’éducation d’un prince héritier.

Puis il monta sur le trône et régna longtemps.

Au soir de leur vie, la princesse qui était devenue reine lui dévoila enfin le choix de ses parents :

— Avant de mettre les graines en sachets, ma mère les avait cuites à la vapeur. Pour réussir les autres garçons avaient réparé ce qu’ils croyaient être un coup du sort ou une erreur humaine. Ils étaient certainement malins et débrouillards, ils avaient même le sens de l’initiative, ou on les avait trop bien aidés. Mais ils n’avaient pas deviné le problème de mon père : par cette épreuve il voulait trouver un fils honnête, en qui il pourrait mettre toute sa confiance, ni plus ni moins. Ensuite il aurait tout le loisir de le former, pour en faire un prince puis un roi.

Le vieux roi soupira :

— Nos parents étaient bien étranges, j’ai été choisi parce que j’ai bien répondu à la question, alors que je n’avais nulle conscience de l’existence de cette question. C’était donc un coup de dé !

La reine le rassura doucement :

— Ne te tracasse pas vainement, à leurs yeux tu étais le plus digne de tous et jamais ils n’ont eu de doute à ton sujet.

Le zen c’est cela, mystérieux et ordinaire.

De tous temps, il existe sûrement une prime à la vérité et à la sincérité.

Avril 2001

http://www.buddhaline.net
Journalisée
Snow
Invité
« Répondre #10 le: 13-04-2006, 11:53 »

La barque et les deux moines



Un soir d'automne, le brouillard epais masque presque entierement la riviere Saitama. Un moine et un jeune novice s'appretent a la traverser sur une barque legere.
Les flots sont jaunes et tumultueux, un vent violent s'est leve :

"Maitre, je sais bien que l'on nous attend au monastere de Rishiko, mais ne serait il pas prudent de remettre notre visite a demain ? Nous pourrions manger une boulette de riz, et dormir dans la hutte de branchages que j'apercois la bas."

"-..."

Son maitre gardant le silence, Kasuku se resigne a embarquer, et commence a ramer. On ne voit de l'autre rive qu'une ligne sombre perdue dans le brouillard.

"Maitre, la riviere est large et le vent qui souffle par le travers nous empeche d'avancer a notre gre."

"-..."

Une dizaine de minutes s'ecoulent, qui semblent une heure a Kasuku. Il rame en silence, le coeur inquiet.
Soudain, lachant les rames, il se dresse, le bras leve :

"Maitre, Maitre! Regardez cette barque qui emerge du brouillard, elle vient droit sur nous !"

"-..."

"Maitre, elle va nous heurter, nous eventrer, nous allons chavirer. Ohe, du pilote ! Oh, oh du pilote ! Si je tenais celui qui gouverne cette embarcation, je lui assenerais un bon coup de baton qui lui oterait l'envie de mettre en danger de saints hommes comme nous ..."

"-..."

"Maitre, voyez la barque approche, elle va nous eperonner de sa proue effilee. J'apercois maintenant le pilote, ce timonier assassin dort paisiblement!"

"-..."

"Maitre, la barque est tout pres ! Par Brahma ! Que ce pilote criminel soit maudit, que le cycle de ses renaissances s'etende sur un millon d'annees, qu'il soit chacal, hyene, rat, punaise..."

A l'instant du choc, un remous opportun, ou une manoeuvre habile du maitre, ecarte le danger, et les deux barques indemnes poursuivent leur chemin.

"Tu as observe l'interieur de la barque, Kasuku ?" Demande le moine zen.

"Oui, Maitre. La forme que je prenais pour un homme etait un sac de grains."

"Dis moi, Kasuku, contre qui t'es tu emporte ?"
Journalisée
lénita
Invité
« Répondre #11 le: 13-04-2006, 22:12 »

 Kiss Smiley
Journalisée
Snow
Invité
« Répondre #12 le: 19-04-2006, 17:47 »


La corde d'argent



Un clair matin, Bouddha se promenait dans les cieux, aux bords du lac de la Fleur de lotus, et il revait sous la tiede caresse du soleil. Comme il se penchait sur l'eau du lac, il apercut dans les profondeurs bouillonnantes de Naraka (l'enfer) un homme qui se debattait furieusement, et semblait appeler a l'aide. Aussitot, Bouddha le reconnut. C'etait un homme du nom de Kantuka, un voleur, un debauche, un abominable assassin qu'il avait rencontre pendant son passage terrestre.
Bouddah est l'infinie compassion. Il se souvint que, une fois dans sa vie, ce Kantuka avait manifeste un peu de bonte. Une grosse araignee s'etait posee sur sa sandale; au lieu de l'ecraser, il l'avait epargnee et passe son chemin.

Je vais lui porter secours, songea Bouddha, pour ce geste de compassion. Qui sait, il reste peut etre une lueur de generosite chez ce malheureux. Il prit alors un fil d'araignee, le fit descendre dans le lac en direction de Kantuka.
Le fil se transforma en corde d'argent, et le bandit l'agrippa solidement. Il commenca a monter. L'ascension etait rude. Kantuka y employait toutes ses forces. Il s'acharnait des mains, des genoux, des pieds, suant, et soufflant. Bientot, il apercut un coin de ciel bleu au dessus de sa tete. Il redoublait d'efforts, quand il jeta un coup d'oeil vers les bas fonds.
Horreur !
Une dizaine de ses anciens compagnons sasissaient la corde d'argent et s'efforcaient de grimper a leur tour.

Cette corde risque de ne pas etre assez solide pour nous soutenir tous, se dit Kantuka. Il se souvint alors qu'il avait garde dans une poche secrete son couteau d'assassin.

"je vais trancher cette corde, songea t'il, et me debarrasser d'eux."

A peine avait il formule sa pensee que la corde d'argent se rompit au dessus de lui, et il retomba pour toujours dans les Enfers.
Journalisée
Camille
Parrain : runaway
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Messages: 25 506

Parfois il vaut mieux aoir la paix qu'avoir raison


« Répondre #13 le: 19-04-2006, 19:29 »

 
Le cadeau du Samouraï


"Près de Tokyo vivait un grand samouraï, déjà âgé, qui se consacrait désormais à enseigner le bouddhisme Zen aux jeunes. Malgré son âge, on murmurait qu'il était encore capable d'affronter n'importe quel adversaire.

Un jour arriva un guerrier réputé pour son manque total de scrupules. Il était célèbre pour sa technique de provocation : il attendait que son adversaire fasse le premier mouvement et, doué d'une intelligence rare pour profiter des erreurs commises, il contre-attaquait avec la rapidité de l'éclair.

Ce jeune et impatient guerrier n'avait jamais perdu un combat. Comme il connaissait la réputation du samouraï, il était venu pour le vaincre et accroître sa gloire.

Tous les étudiants étaient opposés à cette idée, mais le vieux Maître accepta le défi. Ils se réunirent tous sur une place de la ville et le jeune guerrier commença à insulter le vieux Maître. Il lui lança des pierres, lui cracha au visage, cria toutes les offenses connues - y compris à ses ancêtres. Pendant des heures, il fit tout pour le provoquer, mais le vieux resta impassible. A la tombée de la nuit, se sentant épuisé et humilié, l'impétueux guerrier se retira.

Dépités d'avoir vu le Maître accepter autant d'insultes et de provocations, les élèves questionnèrent le Maître :

- Comment avez-vous pu supporter une telle indignité ? Pourquoi ne vous êtes-vous pas servi de votre épée, même sachant que vous alliez perdre le combat, au lieu d'exhiber votre lâcheté devant nous tous ?

- Si quelqu'un vous tend un cadeau et que vous ne l'acceptez pas, à qui appartient le cadeau ? demanda le samouraï.

- A celui qui a essayé de le donner, répondit un des disciples.

- Cela vaut aussi pour l'envie, la rage et les insultes, dit le Maître.

Lorsqu'elles ne sont pas acceptées, elles appartiennent toujours à celui qui les porte dans son coeur."
« Dernière édition: 19-04-2006, 20:45 par Camille » Journalisée

L'avis des autres n'est que la vie des autres
Snow
Invité
« Répondre #14 le: 20-04-2006, 10:08 »

J'aime beaucoup ...

Merci Camille !!  Kiss
Journalisée
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