Au milieu il y a : ma fille, l'impro, la piscine
Ah c'est toi la fille de la piscine ? A demain donc...Sois ponctuelle st'plait
Et vous, ca vous va la vie cool?
Ben moi, çà ressemble plutôt à çà :
Vendredi matin, comme tous les matins, mon fils Pierre, 2 ans, me réveille de ses cris de petit animal blessé. Le cadran fluorescent de ma montre transperce l'obscurité et m'indique qu'il est 6h30. Un coup de coude à ma femme pour lui signifier qu'il est bientôt l'heure lui arrache un soupir résigné.
Puis je me lève enfin, pas le temps de m'étirer, le petit monstre va réveiller ses soeurs.
Et si toute la marmaille se réveille en même temps la situation risque de se corser. Je me dirige donc rapidement vers la salle de bain, la lumière trop blanche me ferme les yeux. Dans le miroir les paupières gonflées sont les stigmates d'une nuit trop courte. J'enfile un peignoir et je me précipite dans la chambre du petit homme. Son air bougon s'éclaire un instant à ma vue. Puis il exige :
-"manman manman"
-Maman va arriver Pierre, maman se réveille
-man veillé man veillé" approuve-t-il gravement.
Je l'amène dans la cuisine et l'installe sur sa chaise haute.
Par la fenêtre j'observe des carrés lumineux qui parsèment la façade de l'immeuble en face, "au moins je ne suis pas le seul à être debout", me dis-je, comme pour me rassurer.
Dans le même temps, j'entends un bruit qui précède quelques vibrations mais l'enfant m'a devancé :
-"RRain, rrain, hurle-t-il ravi en observant le monstre de fer qui
écrase les rails et traverse la nuit, repu des premiers travailleurs qui filent vers Paris.
Une douche et deux tranches de pain plus tard, me voici et à l'arret de bus.
Je dois être le seul type au monde qui habite sur des rails et qui, néanmoins, est contraint de prendre le bus.
A l'arrêt je reconnais quelques têtes, le gars en costard qui porte une casquette, la "belle vieille", toujours en mini-jupe, quelquesoit la saison. Je l'aime bien celle-là, elle m'excite un peu avec ses longues jambes. Mais je ne le lui ai jamais dit. D'ailleurs, je ne lui ai jamais parlé.
Personne ne s'adresse la parole parle sous l'abribus.
C'est comme çà.
Celà ne fait pas partie des usages et ce serait sans doute malvenu d'y déroger aux habitudes.
Quand le bus arrive, déjà presque rempli, un frémissement parcours ceux qui attendent sur le trottoir, sournoisement on bouscule un peu l'autre pour essayer de passer devant et quérir les dernières places assises.
Vendredi matin, je me suis mal débrouillé. C'est donc debout que je voyagerai, finissant le dernier "Amélie Nothomb".
Très bien comme bouquin, je l'ai lu en deux jours de transport alors qu'il m'avait fallu 2 mois pour lire "Voyage au bout de la nuit".
Le bus nous lâche au bord des lèvres de la bouche du RER. Je suis englouti par la béance. J'ai tout juste le temps d'attraper un journal gratuit, tendu par une main qui fait surement partie d'un corps dont je ne vois pas le visage.
Dans la rame, je choisis consciensement ma place. Le voyage dure 40 mn, il ne s'agit pas de se tromper.
En général, je me mets à un endroit isolé, laissant au destin le choix de la personne qui viendra se mettre à côté de moi. Si le train est déjà bien rempli, je repère une femme au physique agréable et m'installe à proximité. Non pas par concupiscence, mais c'est que levant les yeux de mon livre, j'aime bien croiser un visage aux contours réguliers.
J'évite aussi les personnes dont le parfum, trop fort, agresse les sens.
RER puis métro, me voici au travail. Je bosse dans une administration. Après avoir saluer mes collègues j'ouvre ma messagerie.
Vendredi matin un mail de ma mère, elle est en voyage en Corse et prévoit de partir en Indonésie. A 60 ans, elle n'avait jamais voyagé mais depuis qu'elle est à la retraite elle écume le monde.
Oh bien sur, elle est davantage "hotel" que "sac à dos", mais qu'importe...c'est sans importance...Certains lecteurs ici, dirait, avec une moue dédaigneuse que c'est une "touriste".....mais elle, elle s'en fou...je vous l'assure...Et quand elle évoque ces voyages, dans ces yeux, aux couleurs délavées par le temps, on aperçoit comme une étincelle...comme seuls en ont les enfants qui voient un train passer aux fenêtres...