Peter Pan
Invité
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« le: 20-12-2005, 11:39 » |
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Peter Pan et les enfants avaient été charmés par l'histoire de Wendy. Ils étaient impatients de connaître la suite. Mais Wendy était ferme sur ce point, il faudrait attendre le lendemain.
Le lendemain, la journée avait été chargée d'émotions et c'est avec une forme de soulagement que Peter vit que Wendy tenait sa promesse et s'apprêtait à raconter la suite...
Wendy reprit, en revenant sur le dernier passage de la veille, mais sa voix était comme altérée, quand elle poursuivit :
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Un des derniers voyages en Grèce de cette première période fut décisif sans que je le sache sur le coup. C'était en mai, il faisait beau, comme presque toujours en cette saison. Nous avions loué une voiture pour visiter un peu plus la Crète. Un de mes meilleurs souvenirs de Crète remonte à cette ballade. Nous avons rejoint l'extrémité ouest de l'île, en allant jusqu'au bout de la route, puis de la piste, puis du sentier pour déboucher sur une magnifique plage avec un lagon. La vue et l'endroit étaient magiques. Désert ou presque, nous étions comme seuls sur une île déserte. Nous avons profité et joué comme des enfants dans le lagon, et dans l'extase du moment, nous fîmes l'amour comme jamais nous ne l'avions fait, à la fois ludiquement, tendrement et ardemment. Et j'aime à croire que c'est à ce moment qu'a été conçue notre enfant, notre fille, à l'apogée de notre amour.
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Bien sûr je ne le savais pas encore que ma vie allait basculer, radicalement, définitivement. Je ne l'ai su que lorsque, quelques semaines plus tard, Pénélope m'annonça avec une inquiétude, sensible même au bout du fil, qu'elle attendait un enfant de moi. J'avais beau être conscient que j'avais couru ce risque, mais je fus quand même surpris. Mon souvenir de ma réaction immédiate est différent de celui de Pénélope : je me souviens avoir eu un moment de silence, le temps d'assimiler la nouvelle. J'avais compris à ce moment que ma vie prenait un virage. Bizarrement, étrangement, je n'avais pas peur, je me sentais prêt à assumer. Sans être croyant, je ne pouvais pas admettre l'idée que, moi, je puisse refuser de donner la vie à mon enfant, que je puisse laisser faire, comme si cela n'était pas un crime. Mon amour pour Pénélope était entâché de sentiments contradictoires, mais je me sentais prêt à franchir le Rubicond de l'amour et de faire confiance en l'avenir, en notre capacité à vivre heureux avec cet enfant. On fera tout notre possible, on fera de notre mieux...
A partir de là, les choses ont pris un tout autre rythme. La décision étant prise, il fallut demander l'autorisation aux parents, à ses parents, de se marier ; surtout au père qui ne connaissait pas la situation de sa fille... Ensuite, ce fut l'organisation du mariage, qui se déroulerait chez eux, en Crète, dans moins de deux mois. Ce fut une course contre la montre pour obtenir les papiers, certificats de baptême et ensuite de quoi l'autorisation de l'équivalent de l'évèque orthodoxe de la Canée, pour un mariage mixte entre une orthodoxe et un catholique.
De mon côté, j'ai annoncé mon mariage aux membres les plus proches de ma famille. Leurs réactions variaient entre la joie et la surprise de me voir me marier si vite. J'ai invité mes parents à venir en Grèce pour assister à la cérémonie, mais seule ma mère fit le voyage. Mon père en avait vu d'autres, ayant marié quasiment tous ses fils, puisque j'étais le dernier. Et il n'aimait pas voyager, n'ayant quasiment jamais quitté sa maison. Il me dit "d'toute façon, tu feras une fête ici ?" - "Oui", - "Bon ! C'est bien, comme ça, je serai là...". C'était tout, pas plus compliqué que ça. Mes parents ne sont pas compliqués. Ils parlent peu et ne disent que le minimum. Pas forcément l'essentiel, mais c'est une autre histoire...
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