vette
Marraine : Nana
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« Répondre #172 le: 14-01-2012, 12:16 » |
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Un petit point, deux ans plus tard.
Pas facile, parce que beaucoup d'évenements sont venus interférer. En juillet 2010, la mort du mari de ma soeur. Le 25 décembre 2010, la mort du père de mon homme. En janvier, ma mère hospitalisée pour un col de fémur, puis plein de complications (artère fémorale arrachée). Plusieurs semaines d'hospitalisation, de maison de repos. En mai, l'état de mon père s'est aggravé. Le 26 octobre 2011, la mort de mon père.
Pendant tout ce temps, j'ai été terriblement sollicitée. J'ai pu accompagner mon père jusqu'au bout, et contrairement à mon refus de voir l'amant mort, c'est moi qui ai refermé la bouche de mon père, et j'ai pu l'embrasser.
Pendant tout ce temps, j'ai subi la jalousie post-mortem de mon homme. Notre relation s'est complétement délitée. Je me suis fermée à tout élan amoureux envers lui. J'ai fait des bilans, et j'en suis arrivée à la conclusion que je ne l'aimais plus.
J'ai revu quelques fois le fils de l'amant. Il a déménagé et a pu verser un apport personnel pour l'achat d'une maison, avec l'argent touché par l'assurance déces du boulot de son père.
J'ai vu en entier la vidéo qui retrace la vie de l'amant, sa musique, ses aquarelles, faite par son fils et disponible sur le net sous le titre ''l'homme âge''. Et j'ai compris beaucoup de choses. Quand des extraits de cette vidéo avaient été passées aux funérailles, je m'étais dit, à propos de la zoubrovska dont il était manifestement imbibé ''voilà l'arme du crime''. Dans la vidéo entière, on le voit ranger la bouteille et dire "je range l'arme du crime''. Il y fait allusion à plusieurs discussions que nous avions eues.
Et j'ai vu à quel point il était aussi impregné de moi.
J'ai rencontré (on se croise parfois en faisant nos courses) l'ex du fils de l'amant, qui a été présente au moment où ils ont vidé sa piaule. Elle m'a raconté que la nouvelle était hystérique, qu'elle traquait dans la maison tout signe de ma présence. J'ai appris aussi qu'elle était allé voir toutes ses ex pour leur expliquer qu'ils allaient se marier. Elle s'est fait mettre dehors, parce que toutes savaient très bien qu'elle inventait. Elle les a toutes vues, donc, sauf moi.
Je me suis posé la question de savoir s'il avait préssenti sa mort. Je n'aurai jamais la réponse mais plein d'éléments me font penser qu'il savait, qu'il connaissait son étât de santé et que c'était un choix délibéré de ne pas se soigner.
A cet éclairage, j'ai mieux compris ses comportements les dernières semaines de sa vie.
Depuis, j'essaie de passer à autre chose. De façon claire, je n'y arrive pas.
Le fait d'avoir dû mettre tout ça entre parenthèses pour m'occuper de ma famille a retardé, je crois, le travail de deuil. J'ai retrouvé de l'entrain, de l'énergie, mais je n'ai rien réglé. Bien sur, je fonctionne, je ris parfois, je vois des amis, j'en ai même rencontré de nouveaux (qui viendront passer quelques jours chez moi la semaine prochaine). J'ai fait la fête, parfois. Je me suis éclatée au théâtre, j'ai fait de l'humour, j'ai partagé de bons moments. Mais toujours, en toile de fond, ce manque horrible, cette absence terriblement présente.
C'est aux bons moments avec lui que je pense le plus, et je me dis que finalement, on s'aimait bien plus qu'on ne voulait se le dire. Et je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'on aurait dû en vivre plus.
Alors, oui, je sais que les regrets ne font pas avancer. Sauf à se dire qu'il faut vivre plus, mieux, plus intensément, pour ne plus jamais en avoir. Je mets en pratique, d'ailleurs.
Mais je ne sais toujours pas où poser cette énorme tristesse. Je la promène, je lui fais prendre l'air, je l'emmene faire la fête, mais elle est toujours présente.
Voilà.
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