De l'exigence

[Peter Pan]

Le dernier post de Tan dans le "gout de la vie" sur l'exigence vis à vis de soi-même me fait réagir et me donne envie d'en parler.

On m'a dit et je le reconnais que je suis exigeant, tant envers moi-même qu'envers les autres. Bon, en fait, probablement plus encore envers moi-même, comme la plupart.
Je me demande si l'exigence vis à vis de soi n'est pas corrélée à un manque de confiance ou à une image de soi pas très positive, qu'on entretient par une exigence démesurée.
Pour l'exigence vis à vis des autres je bien une idée, mais pas assez mûrie.

Et vous, vous êtes exigeants envers vous-même, envers les autres ? Comment l'analysez vous ?

[Camille]

J'exige rien du tout des autres si ils ne veulent pas collaborer j'estime que c'est eux les perdants pas moi.
J'exige rien de moi j'aime juste être fière de ce que je fais.

Je me sens assez equilibré avec un ego normal, avec des phases ou mon estime de moi baisse ce que je trouve aussi assez normal, c'est d'être toujours tres sure de soi qui n'est pas normal ca empeche les remises en question necessaire qui font avancer.

[Nana]

Sujet délicat à commencer. Pourtant j’ai pas mal de chose à en dire.

Délicat car il englobe beaucoup de notions et en fait découler encore plus.

Qu’est ce que qu’une personne exigeante ? c’est une personne difficile à contenter (définition du dico).

Si elle est exigeante envers les autres, on finit par trouver que cela est un défaut dans certaine circonstance. On finit par penser qu’il y a un ego surdimensionné, qui laisse croire à la personne qu’elle peut tout se permettre de demander.  Mais si c’est aussi des exigences envers soi-même cela peut devenir une qualité que de vouloir continuellement se surpasser, ne pas vouloir se contenter du médiocre. Seulement cela cache souvent un gros manque de confiance en soi, une éternelle insatisfaction. C’est, je crois, la différence essentielle avec le Bovarysme, qui lui au lieu de combattre son insatisfaction en essayant d’être toujours plus, toujours mieux, va se contenter de le vivre dans les rêves, tout en continuant à croire, sans jamais rien essayer de concret.

Mais comment tout cela naît-il ? A la base il y a évidemment les parents : jamais de compliment, une demande continuelle de se surpasser. L’enfant finit par se dire qu’il ne doit jamais les décevoir, car c’est pour ça que ses parents l’aiment. Il finit par ne faire les choses que pour les autres, et jamais pour ses propres envies. Il multiplie les activités pour toujours y chercher du plaisir. Il essaye de tout comprendre, connaître dans le détail pour mieux le maîtriser, le contrôler. Seulement cela devient un cercle infernal : ne pas maîtriser entraîne un manque de confiance en ses propres capacités, et donc une remise en question de ses capacités à faire les choses, et une remise en question de son image envers les autres.

En général, les gens exigeant le sont dans tous les domaines de leur vie. Professionnellement ils sont à la pointe, car ils ne supportent pas qu’on puisse douter de leurs capacités et font tous pour que cela soit vrai et non illusoire. Ils se donnent les moyens d’y arriver.
En amour, ce cercle est le même. Se mettre avec un partenaire qui ne lui correspond pas est facile. L’exigeant considère qu’il ne peut pas être aimé pour ce qu’il est, car pour être aimé il doit se surpasser, il doit être un zéro défaut. S’il est avec quelqu’un qui l’aime juste pour ce qu’il est et non pour ce qu’il représente, cela le renvoie à ses propres questions « pourquoi m’aime t on, alors que j’ai des défauts ? »  et dans ce cas, il se refuse à cet amour la.

[Hotllywood]

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Je fais partie des gens parfois satisfaits qui ont une image d'eux finalement assez moyenne.
J'ai tendance a checker regulierement les situations ou je n'ai pas assuré, en analysant (c'est au delà d'une gymnastique tortureuse d'esprit: c'est un réflexe chez moi)

C'est pourquoi j'essaye de controler un max de mon environnement, non pas par gout du pouvoir, mais aussi par ce que c'est rassurant pour moi. Malgrés tout, j'ai plusieurs vitesses, et n'octroie pas la meme priorité à chaque chose.

Le but final n'est ni de façonner un univers ou les gens qui m'entourent à mon image, mais plutot de me sentir serein: C'est fait, donc cela ne me derange plus, ne m'insecurise plus

Encore une fois je ne souffre pas de cet etat à proprement parlé, par ce que pour tout vous dire, je ne m'en rends meme pas compte (c'est par ce qu'on en parle que j'ai mis le doigt dessus) 

[Peter Pan]

Merde alors !!
Nana, ton analyse me laisse sur le cul !
Je n'avais pas poussé la réflexion, mais je te rejoins sur pas mal de points...

Je ne suis pas sûr que ma relation parent-enfant ait été la même, mais elle s'en rapproche : avant-dernier d'une famille nombreuse, manquant d'attention de la part des parents, jusque là ça colle. Ensuite, j'ai souvenir d'avoir toujours été curieux et désireux de tout comprendre. Il faut dire que tout ce mécanisme est inconscient et qu'il est possible que j'ai poussé dans le sens qui m'était favorable : étant doué, j'ai développé ma confiance sur ce plan, en espèrant peut-être inconsciemment que cela m'apporterait l'attention et l'affection des autres (parents, maître/maîtresse). Par contre, je n'ai pas fait d'effort particulier pour me maintenir à ce rang. Et même si à l'école (du moins jusqu'au début du lycée) j'étudiais toutes les matières même si certaines m'intéressaient moins, j'ai tout de même beaucoup privilégié ce qui m'intéressait. Je n'ai pas le sentiment d'avoir fait tout ce que j'ai fais pour plaire à mes parents. Je voulais surtout sortir de ce milieu social et vivre de mon intelligence, pas de mes mains.
De par ma curiosité et mon envie de comprendre, j'ai une tendance à papillonner. Par contre, je n'ai pas le souci du détail. Je n'ai pas une bonne mémoire des détails, ce qui fait que je ne suis pas si pointu, à mon grand dam, comme tu le dis ici :

Il essaye de tout comprendre, connaître dans le détail pour mieux le maîtriser, le contrôler. Seulement cela devient un cercle infernal : ne pas maîtriser entraîne un manque de confiance en ses propres capacités, et donc une remise en question de ses capacités à faire les choses, et une remise en question de son image envers les autres.

En amour, ce cercle est le même. Se mettre avec un partenaire qui ne lui correspond pas est facile. L’exigeant considère qu’il ne peut pas être aimé pour ce qu’il est, car pour être aimé il doit se surpasser, il doit être un zéro défaut. S’il est avec quelqu’un qui l’aime juste pour ce qu’il est et non pour ce qu’il représente, cela le renvoie à ses propres questions « pourquoi m’aime t on, alors que j’ai des défauts ? »  et dans ce cas, il se refuse à cet amour la.

Mais c'est surtout ce passage qui m'interpelle !
J'ai conscience d'avoir la trouille de décevoir ma partenaire, c'est pourquoi je n'ose pas croire en mes chances avec une femme qui me dominerait ou qui serait à mon niveau...
Je me demande toujours "mais pourquoi m'aime-t-elle ? m'aime-t-elle pour ce que je suis ou pour autre chose ? m'aime-t-elle pour les bonnes raisons ?"

PS : je viens de corriger ma faute d'orthographe, et cette simple faute m'énerve... Exigeant, jusque dans l'orthographe...

[Nanouchka]

Je pense que je rejoins Nana dans le sens où l'exigence peut être à la fois une qualité et un défaut, tout est une question de dosage - et c'est valable pour beaucoup de choses... certaines plantes peuvent être un médicament à faible dose et un poison à haute dose.
L'exigence est un moteur tant qu'elle nous pousse à vouloir faire mieux, à aller au maximum de nos possibilités à un moment donné, avec ce que nous sommes à ce moment là, l'énergie et le capital "sagesse" dont nous disposons.
Par contre, elle peut être un frein horrible quand l'exigence nous enferme dans le souci du détail, de la perfection et tue un élan de vie vers une création... L'exigence nous empêche parfois de poser un acte imparfait... qui serait perfectible... mais elle le veut directement parfait. Il y a un côté castrateur dans l'exigence. Je crois qu'il y a évidemment une histoire de confiance en soi mais aussi de Surmoi selon les analyses de Freud, le Surmoi représentant l'autorité (dont l'autorité parentale) d'après ce que j'ai compris...

[vette]

L'exigence envers soi même peut se situer sur divers plans. Dans le faire, ou dans l'être. Je m'explique : je ne suis pas perfectionniste. Faut que les choses soient vite faites, bien faites. Je suis plus satisfaite de la rapidité avec laquelle j'execute des tâches, que dans leur fignolage. Oui, j'essaie de tout comprendre, dans le détail, mais ça je crois que c'est plus de la curiosité intellectuelle. J'ai fait partie de ces enfants qui éventrent leur tube de signal pour voir comment se fabriquent les rayures rouges, ou qui démontent leur réveil pour comprendre comment tournent les aiguilles. Je touche à tout, je sais tout faire, mais à peu près. Je couds, je cuisine, je maçonne, je pose des carrelages .... mais moins bien qu'un pro.
Sur ce que je suis profondément, sur mes qualités et mes défauts, sur mes façons de réagir, je suis intraitable. Trop.
Je ne me laisse rien passer, je dirais même que je me torture. Jevoudrais être irréprochable, parfaite, et bien sur je suis loin de l'être, et ne me le pardonne pas. Je suis incapable de me faire du confort intellectuel et moral. Je remets tout en question, tout le temps. Je m'ouvre à la pensée de tous, et remets sans cesse la mienne en cause, pour plus d'ouverture.
A force de tolérence envers les autres, je finirais presque par me perdre.
Et je suis toujours à me demander si je fais un complexe de supériorité ou d'infériorité, ce qui je pense est la même chose.
Par exemple, j'ai plutôt un gros QI mais je suis incapable de rien en faire. Parce que j'ai toujours privilégié l'humain au social. Ou parce que j'en suis incapable.
En gros, je suis totalement incapable de répondre à la question de Peter Pan.

[Peter Pan]

Et je suis toujours à me demander si je fais un complexe de supériorité ou d'infériorité, ce qui je pense est la même chose.

Je ne crois pas que ce soit la même chose, mais c'est lié. Je ressens la même chose...
J'aurais tendance à penser que ce sont les deux faces d'une pièce : côté pile le complexe de supériorité, côté face celui d'infériorité. Et selon l'humeur et les circonstances, on peut se sentir le meilleur ou bien le plus grand raté. Et quand on est lucide, on se place entre ces deux extrêmes.

En gros, je suis totalement incapable de répondre à la question de Peter Pan.

Pas du tout, tu apportes par ton témoignage un début d'analyse.

[Dragonne]

Je suis tres exigeante envers moi meme et donc forcement insatisfaite sur une base reguliere... Ca a ete un moteur pour moi pendant longtemps, ca ne l'est plus du tout: j'aimerais me debarasser de mon exigence personnelle. C'est pas evident de faire partir un mauvais pli, surtout quand on n'aime pas repasser. 
Pour revenir sur le cote pile/face de Vette (qui en dehors de ca, decrit assez bien ski se passe dans ma tete) dans mon livre sur l'estime de soi ils disent que ca vient en fait d'une personnalite a forte estime de soi... mais instable (tiens donc  ). Bon, une fois qu'on a mis un nom dessus on est content... mais en gros, ca veut dire que renforcer l'estime de soi (par des experiences positives: on tente ce qu'on ose pas faire, on y arrive et on renforce son estime de soi) permettrait de stabiliser l'etat et donc a priori de reduire son niveau d'exigence (on y arrive la plupart du temps... mais on a aussi droit a l'erreur).
Bref, la psychologie humaine, si c'etait simple, ca se saurait 

[Petite Sorcière]

J'étais hyper exigeante envers moi même professionnellement, et exigeante finalement tout court sur tous les plans...
Je me souviens d'une réflexion par mon chef de service à une collègue "attention E. est hyper exigeante envers elle, on ne vous demande pas d'être comme elle"....Les personnes qui se trouvaient dans mon bureau, je pense à l'époque, étaient très très mal...puis j'ai effectué ma fameuse psychothérapie, qui m'a permis d'accepter de travailler différement, lâchant prise....A la baquette !! (normale pour une sorcière)...Je n'accepte pas le retard, je n'accepte pas un classement non effectué...(pourtant je suis bordélique) MAIS au travail la perfection !!!
Identique en famille, il faut dire également que mon nom de famille ne m'aide pas trop ...je ne peux pas être Mauvaise...se donner à fond...(on retrouvait cet état chez tous les membres).....L'analyse était simple...Ne pas decevoir mes parents. Pour eux, nous étions leur réussite. Mon père était militaire donc on doit se surpasser, ne jamais fléchir, garder la tête haute, de l'avant et surtout faire Honneur à notre Nom.
Je constate que je suis toujours aussi pointilleuse pour mes Amis, simplement parce que j'ai l'impression qu'ils sont comme moi, c'est faux. Je demande d'eux, énormément, j'oublie souvent qu'ils ne sont pas des surhumains et différents de moi. Je suis d'ailleurs très dure avec, et ne laisse rien passer.
Pour mes partenaires...uhmmm uhmmm, même état d'esprit...
Je n'accepte pas de "faiblesse" chez moi. (heureusement il m'arrive d'en avoir, et cela me perturbe moins qu'autrefois...)

[philjoueur]

Je ne suis pas exigeant pour les autres en général...je ne fais chier personne pour qu'ils fassent comme moi...tout au plus je donne mon avis. Professionellement, si le contrat est rempli, ça me va...si mon équipe fait du "plus", c'est super. Mais je ne me rends pas malade par exigence...
Je suis juste exigeant scolairement envers mes filles...je veux qu'elles soient le mieux armées possible dans la vie...
Et pour moi, je suis juste exigeant ce qu'il faut pour bien présenter (régime si la balance monte trop, sport le plus possible mais c'est une hygiène de vie)... Mais je n'exige pas des masses de moi. Je m'arrange pour me la couler douce autant que je peux. On n'a qu'une vie, c'est pas pour se la pourrir en étant psycho-rigide....

philjoueur, rescapé d'un infarctus il y a 3 ans...

[lénita]

moi, je suis très cool... enfin, je crois 

je n'exige rien de personne ... et surtout pas de moi-même ... mon but n'est pas la perfection, mais le bonheur ... donc, j'essaie de faire ce que je peux pour y arriver ... et si çà ne fonctionne pas ? çà ne me prend pas la tête, c'est déjà derrière ! Ce n'est pas pour çà que je ne donne pas le meilleur de moi-même ... mais je ne me pourris pas la vie si j'échoue. Et pareil pour mon entourage.

[philjoueur]

Léni et Philjoueur: cool people for a cool life! 

[Peter Pan]

Ce qui est paradoxal chez moi, c'est que je suis à la fois exigent envers moi-même et en même temps j'essaye d'en faire le moins possible pour atteindre l'objectif fixé. L'effet pervers c'est que depuis que j'ai une baisse de régime, nettement accrue depuis mon arrêt maladie et ma séparation, je culpabilise et mon image s'en trouve diminuée. Je me reproche de ne pas arriver à reprendre le dessus avec énergie comme certains. Je me trouve plein de défauts du coup. Je perds ma confiance en moi et ça m'angoisse.

[Nanouchka]

Ce qui est paradoxal chez moi, c'est que je suis à la fois exigent envers moi-même et en même temps j'essaye d'en faire le moins possible pour atteindre l'objectif fixé.

Je vois tout à fait de quoi tu parles... Alors il y aurait une solution, c'est peut-être te fixer d'abord un objectif moins idéal, plus réaliste en ne te disant pas que tu es moins exigeant, car tu n'abandonnes pas de vue le but final... mais en t'autorisant à passer par cet objectif intermédiaire qui te permettra ainsi d'arriver quand même à l'objectif final, mais de façon moins contraignante pour ton "Moi" persécuté par ton "Surmoi". En gros... au lieu de gravir 20 marches d'un coup, ce qui est impossible - et c'est pour ça qu'on n'a rien envie de mettre en oeuvre pour réussir... se faire pousser des jambes? des ailes? impossible - ébé on monte bêtement une marche, puis une autre, puis une autre (ad lib) et à un moment donné, on arrive à la vingtième marche et même plus loin qui sait...
Oh la la Peter, je viens encore de te parler à moi-même... 
Allez courage