NUTS - Nos Univers Très Sexy

Samedi soir, j'ai regardé "Million dollar baby".
J'ai envie de dire que je n'ai pas aimé ce film, certes il est très beau mais ce qui arrive à cette jeune femme me traumatise. J'ai toujours été hantée par la peur d'être un jour paralysée.
Si cela m'arrivait je crois pouvoir affirmer aujourd'hui que je demanderais à ce qu'on me fasse partir. Je ne pourrais supporter d'être inutile, la moitié d'un être humain, une loque, vivre en me remémorant les moments où je marchais, courais, dansais, faisais l'amour. Faire un trait sur tout ça et attendre.....attendre une fin qui ne vient pas dans la souffrance physique et mentale au fil d'heures qui durent des semaines, je ne pourrais pas. Autant en finir.
Sans les progrès médicaux, je serais amenée à disparaître alors pourquoi s'acharner à maintenir en vie ?

Y avez-vous déjà songé ? En avez-vous parlé à des proches pour leur demander l'euthanasie dans cette éventualité ?

Pour te faire une réponse tres technique:
Il y a plusieurs formes de quadriplégie.
La plupart du temps il te reste au moins une parie des mouvements de la main. Pour simplifier (pas facile) le plexus brachial, c'est à dire les nerfs qui innervent le membre superieur, sortent de c5 c6 c7 c8 D1
Donc en clair si cela pete juste au dessus tu es morte car de ce niveau sort le nerfs qui innervent le  centre respiratoire principal.

Les lésions traumatiques de la moelle sont évidement une horreur absolue. Ceci dit la plupart des patients passent par des phases standard (meme si chaque ca est une personne) qui sont

-negation
-abattement
-resignation-deuil
-reconstruction

Enfin, en gros...

Bref la nature humaine est ainsi faite, que bizarrement la grande majorité de ces gens ont une tres grande soif de vivre malgrés tout. Et pourtant, c'est particulierement pénible de s'habituer a une nouvelle vie aussi dépendante des autres.
Les gens dans ce cas passent par une phase de déréliction puissante, et tout leur avenir dépend grandement de leurs proches. Spa simple

Pour en revenir à l'euthanasie en particulier ce n'est pas si simple que cela à gerer:
Pendant la phase peri accident lorsqu'un homme est amené au bloc, quelquesoit le bilan traumatique, confirmé par un scanner, les médecins s'acharnent à garder le personne en vie.

Pourquoi?

Par ce que parfois on est pas sur du tout du bilan de l'instant,  que certaines lésions sont invisibles, ou qu'à l'inverse, meme si tous les signes sont réunis a prioris, il peut s'agir d'un simple etirement de moelle, et qu'en fait il va y avoir reprise de la conduction nerveuse (avec ou sans séquelles, à ce stade on ne sait pas encore...)

Pour conclure provisoirement, par ce que je peux en sortir 12 tonneaux, au moment de la confirmation absolue du diagnostic, le personne s'est réveillé et est tout ce qu'il y a de plus en vie.
Or on n'euthanasie pas quelqu'un qui n'a pas de raison de mourir de souffrances psychologiques. C'est malheureusement du point de vue de l'ethique, totalement inconcevable.

ca me fait penser au film (surtout au livre) "et si c"tait vrai" de marc levy ou il voulait debrancher pour la laisser mourir..........ca ferait peur de savoir qu'il y'a une chance de s'en sortir tout de meme......bon je sais c'est qu'n film a l'eau de rose mais bon

Je peux pour l'instant en parler uniquement d'un coté pro:
Il y a un truc tres simple quand une equipe présente un bilan a la famille proche: la certitude du pronostic vital ou non et ses consequences physiques. Cela t 'a t il été claorement présenté?

Mon père il y a un peu plus de 2 ans s'est en quelque sorte euthanasié. Atteint d'un cancer qui évoluait très rapidement ou qui a été pris tard parce qu'il ne présentait aucun symptome, je n'ai jamais réellement su.
Il était médecin et savait très bien où il en était. Accompagné de l'équipe médicale qui le soignait, il a demandé à ce que l'on ne s'acharne pas, il avait fait son diagnostic et savait ce qui l'attendait : pas de rémission, souffrances, et dégradation.
Il a souhaité partir et vite.
Un mois après son entrée à l'hopital, il nous a quitté.
Tout ça je l'ai ignoré de son vivant, ses médecins nous l'ont révélé après.
Je l'admire pour son courage, je respecte sa décision à 100%.
En sa qualité de médecin, il a eu la "chance" de pouvoir choisir sa fin en concertation avec l'équipe médicale.
Ce n'est pas forcément donné à tout le monde.

Une autre, je n'envisage pas le cas de personnes handicapées dans mon post initial mais celui où je serais incapable de bouger ni les jambes ni les bras, comme Christopher Reeve par exemple.

Pure conjecture...

C'est-à-dire ? Tu peux développer siteuplé  :) ? Je ne comprends pas (je suis hyper inquiète : depuis vendredi je ne comprends rien à ce qu'on me dit  :-[)

La chance que cela t'arrive est egale à 0.00001% du style d'etre mordue par une chauve souris enragée.

 ::)

Mon père nous a toujours dit la même chose du temps de son vivant et bien des années avant qu'il nous quitte.

Mais bon ceci étant, je ne voudrais pas plomber l'atmosphère de NUTS que j'aime tant, mais j'avais besoin d'en parler, c'est une de mes frayeurs même si en effet je ne pratique pas des activités à hauts risques (à part la brouette japonaise  ::)) un accident de voiture est imprévisible.

euh c'est quoi la brouette japonaise? ou du moins devrais je plutot poser c'est comment?

Reves pas trop...vas plutot faire un tour ne serait ce que dans les maisons de retraite

Mettez vous aussi à la place des médecins et personnels soignant, je comprends la réaction de Hot en l'espèce.
C'est le médecin/infirmière qui va préparer le cocktail qui va faire glisser la personne vers la mort, c'est la personne qui a juré de protéger la vie à tout prix qui va mettre un terme délibéremment, consciemment à l'existence d'une tierce personne.
C'est lui/elle qui se réveillera en pleine nuit, qui éprouvera des remords et qui pensera "et si ?". C'est donc très loin d'être un acte bénin, à envisager dans un discussion de café du commerce (écueil que vous avez tous évité)

Il faut distinguer l'euthanasie (en grec, bonne mort) active, de celle passive.
Dans un cas, on donne au malade un mélange qui va le tuer, dans l'autre, on suspend un traitement qui va conduire le malade vers la mort.
Pourtant, dans les deux cas, d'un strict point de vue juridique, il s'agit d'un acte délibéré et mûrement réfléchi visant 
à mettre un terme à la vie d'une tierce personne, et cela prend le nom d'assassinat, pour lequel on encourt trente ans de prison devant une Cour d'assises.
C'est tout l'enjeu du débat actuel dans deux affaires similaires, l'une a conduit à une demande de non-lieu du Parquet, l'autre à un renvoi devant la Cour d'assises. On sait que les cas d'euthanasie existent dans les faits et ne donnent pas lieu à poursuites car rien ne quitte l'hôpital, seule la famille est au courant (et encore).

Il est étrange que dans la Grèce antique, souvent posée en modèle de civilisation, l'eugénisme et l'euthanasie étaient des pratiques acceptées ... Hippocrate cependant interdisait aux médecins toutes les formes d'euthanasie ou d'aide au suicide.

Tu as raison dans tout ce que tu dis Coyote  :)
C'est une véritable question d'éthique et je dois dire que c'est un débat qui me passionne (ce n'est pas morbide) car justement tout n'est pas si simple ni tranché. Je crois que l'on peut être pour ou contre, toutes les positions se défendent et sont respectables puisqu'il s'agit de vie, de mort, de souffrances, d'espoir et la médecine est une science inexacte, logique elle touche au corps humain et chaque individu est différent.
Combien de fois les médecins se sont trouvés face à des rémissions miraculeuses et inexplicables.....

Valent-elles la peine et la souffrance que supportent tous ceux qui ne bénéficeront pas du miracle, par nature exceptionnel ?

C'est là toute la question. Difficile d'y répondre, n'est-ce pas ?  :)

L'alternative du diable, quelque soit le choix, qqn va en mourir

Certes, le tout est de savoir quand et dans quelles conditions.
Perso, je hais la souffrance, autant celle qui atteint les autres que moi-même. Alors quand il n'y'a plus d'espoir envisageable, je pense qu'il est préférable, voire de notre devoir de proches, de respecter le choix d'un départ volontaire. Tu me diras, à juste titre, peut-on avoir la certitude qu'aucune rémission n'est possible ? Il est des cas où on le sait.

Tu viens le 14 ? On pourrait en discuter  :)....et là les nutsiens vont être super contents de nous voir plomber l'ambiance  :D

Quoiqu'il arrive il est dur de voir quelqu'un qu'on aime dans un état réduit, il est tout aussi dur d'avoir à prendre la décision de ne plus le voir et de le voir dans cet état
Très honnetement je ne sais pas du tout qu'elle serait ma position face à cette situation

J'ai vu mon père lacher prise à un moment - je l'avais vu la veille de sa disparition et quelque part je savais qu'il me disait adieu - qu'il avait arrete de se battre
S'il m'avait demandé de l'aider à partir je ne sais pas ce que j'aurai fais  :-\

J'ai été confontée très jeune à la maladie de ma mère.

Un cancer foudrayant a été détecté tardivement (car elle n'avait pas eu de douleurs avant). Le diagnostic était sans appel : c'était trop tard. Il n'y avait rien à faire. Ma mère a refusé tout traitement médical à l'exception de la morphine quand la douleur est devenue trop grande. A quoi bon gagné quelques jours, quelques semaines ?

Elle est partie en moins de 6 mois. Les premiers mois, nous avons profité à fond d'elle et elle de nous. Puis la maladie a gagné. Pendant les deux dernier mois, nous l'avons vu se dégrader, devenir  l'ombre d'elle-même. Devenir dépendante de nous a été très difficile pour elle et elle a souhaitée une hospitalisation. Elle ne voulait pas que mon père, mes soeurs et moi ayons à nous occuper d'elle. Cette periode est mon pire souvenir. C'est dure à vivre pour tout le monde.

Elle aurait voulu qu'on l'aide à partir. L'équipe médicale n'a officiellement rien fait.

Pourtant jeune à l'époque, j'ai trouvé injuste qu'on ne puisse pas aider l'être que l'on aime à partir. C'est qu'elle souhaitait pourtant ... et l'issue était certaine.


Suite à des complications pulmonaires, il y a deux ans, mon père s'est retrouvé en réanimation puis en pneumologie. Le diagnostic médical était clair et sans appel : "Il ressortira avec une bouteille d'oxygène dans le dos. Ces poumons n'ont plus une capacité respiratoire suffisante". Mon père a été terrasé par cette annonce et nous a annoncé clairement : "Je sors ainsi ... c'est vite vu : je règle ma succession et je me jette sous un train."

J'ai hurlé ma rage. Je l'ai secoué. Je lui est ordonné de s'accrocher à la vie pour moi, mes soeurs, sa copine, ses petites-filles. J'ai prévenue l'équipe médicale pour qu'il soit surveillé. J'ai organisé un planning de visites de ses potes, de la famille pour qu'il soit le moins souvent seul ... et pourtant au fond de moi, je comprenais : comment cet homme, bon vivant devant l'éternel, accepterai d'être ainsi diminué ?

Il est ressorti de cet hopital comme si de rien. L'équipe médicale, qui le connait depuis des années, l'appelle le "miraculé". Ce n'est pas la première fois, qu'il déjoue leur diagnostic !  ;) : un cancer guéri, déjà deux infarctus et de multiples frayeur  :-\ Mais il est toujours là et mène une vie fort sympathique de retraité toujours en voyage aux quatre coins de la France ou de la planète. Ces années bonus valent le coup d'être vécues

Alors oui, si demain, il choisi sa mort parce qu'il ne supporte pas l'idée de devenir une charge quelconque pour ses proches, je comprendrai. Mais j'aurais toujours au fond de moi une petite question qui resonnera : "ET SI IL S'EN ETAIT SORTI ? ? ? "
 

J'aimerai bien, c'est le genre de discussion pour laquelle je peux me passionner pendant des heures si j'ai qqn de réactif en face de moi, mais je suis de permanence tout le week end au Palais de Justice, à tenter d'empécher des gens d'aller en tôle.