: Il l'a dit, il ya plus de 100 ans ... : mescalero 03-03-2011, 15:24 "Le progrès industriel, qui suit la marche de l'accumulation, non seulement réduit de plus en plus le nombre des ouvriers nécessaires pour mettre en œuvre une masse croissante de moyens de production, il augmente en même temps la quantité de travail que l'ouvrier individuel doit fournir. A mesure qu'il développe les pouvoirs productifs du travail et fait donc tirer plus de produits de moins de travail, le système capitaliste développe aussi les moyens de tirer plus de travail du salarié, soit en prolongeant sa journée, soit en rendant son labeur plus intense, ou encore d’augmenter en apparence le nombre des travailleurs employés en remplaçant une force supérieure et plus chère par plusieurs forces inférieures et à bon marché, l'homme par la femme, l'adulte par l'adolescent et l'enfant, un Yankee par trois Chinois. Voilà autant de méthodes pour diminuer la demande de travail et en rendre l'offre surabondante, en un mot, pour fabriquer des surnuméraires."
Karl Marx, Le Capital, Livre I: XXV.III : Il l'a dit, il ya plus de 100 ans ... : Chrisdedax 03-03-2011, 15:34 Et alors ?
J'ai juste la sensation d'être face à un bloc de texte dont l'orthodoxie syntaxique et grammaticale sont absents. Mais c'est comme ça que la doctrine communiste a pu évoluer et s'accroître : d'individus ignorants en masses incultes ! : Il l'a dit, il ya plus de 100 ans ... : mescalero 03-03-2011, 15:38 Marx n'a rien écrit sur le communisme. Il a par contre analysé de façon très pertinente le capitalisme.
Notamment pour quoi il y a du chômage, et pourquoi il y en aura toujours. : Il l'a dit, il ya plus de 100 ans ... : vette 03-03-2011, 20:23 Marx a aussi écrit que le capitalisme portait en lui sa propre destruction.
Je pense que c'est en train d'arriver. : Il l'a dit, il ya plus de 100 ans ... : mescalero 03-03-2011, 20:35 Marx a aussi écrit que le capitalisme portait en lui sa propre destruction. Oui. Maintenant qu'il a conquis et qu'il domine le monde, qu'on arrive aux limites des ressources de la planète, il ne peut que s'effondrer.Je pense que c'est en train d'arriver. Le capitalisme est une dynamique, il a besoin de croissance et d'expansion. On arrive au bout de la route. Mais rien ne dit que ce qui va suivre sera meilleur ... Bien plus que des "lendemains qui chantent", on risque un long Moyen Âge où règnent l'obscurantisme et la violence. Le retour en force des religions ne me dit rien qui vaille. : Il l'a dit, il ya plus de 100 ans ... : Armand Van Helden 03-03-2011, 23:40 Je pense pas qu'on puisse dire qu'il y a un retour en force des religions. Le capitalisme a encore de beaux jours devant lui. "Le marché" reste encore le plus fort.
: Il l'a dit, il ya plus de 100 ans ... : mescalero 04-03-2011, 00:04 Je pense pas qu'on puisse dire qu'il y a un retour en force des religions. Le capitalisme a encore de beaux jours devant lui. "Le marché" reste encore le plus fort. Le marché existe en dehors du capitalisme. Ce sont deux notions différentes.Le capitalisme, c'est : - la dissociation entre le travail et la propriété du capital, c'est à dire de l'outil de travail et du produit du travail - la recherche du profit comme moteur essentiel de l'action - la marchandisation de tous les aspects de la vie humaine Le marché c'est : - un lieu d'échange sur le principe de l'égalité en valeur des termes de l'échange - la confrontation de l'offre et de la demande qui aboutit à la détermination d'un prix et une quantité échangée - un principe de régulation de l'économie, et aussi de la société dans son sens le plus large : Il l'a dit, il ya plus de 100 ans ... : mescalero 04-03-2011, 07:30 Si vous voulez creuser un peu la réflexion sur Marx, et aller au-delà du « de toutes façons on a vu ce qu'a donné le communisme » (j'ai entendu ça dans un cours d'histoire des sciences en DEA, lamentable), voici une ébauche de bibliographie. Ce sont des livres que j'ai possédés dans ma bibliothèque à l'époque où j'avais une bibliothèque, et que j'ai lus, à l'époque où j'arrivais encore à lire. Les auteurs ne sont pas marxistes (loin de là), ce ne sont donc pas des exégèses.
- Gérard Jorland, Les paradoxes du capital, fiche de lecture ici, chercher en bas de page http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1996_num_51_1_410842_t1_0258_0000_002 - Francis Kaplan, Les trois communismes de Marx http://www.francis-kaplan.com/trois-communismes.html - Jacques Derrida, Spectres de Marx http://fr.wikipedia.org/wiki/Spectres_de_Marx La lecture préalable de Hamlet, de William Shakespeare est utile ici … Bonne lecture ... : Il l'a dit, il ya plus de 100 ans ... : Hotllywood 04-03-2011, 08:30 Je connais pas Marx d'ou ma question basique:
A t il juste analysé le système capitaliste sans but idéologique? : Il l'a dit, il ya plus de 100 ans ... : mescalero 04-03-2011, 10:39 Je connais pas Marx d'ou ma question basique: L'œuvre économique de Marx fait partie d'un projet plus vaste, à savoir la critique de la philosophie de l'histoire de Hegel.A t il juste analysé le système capitaliste sans but idéologique? Pour Hegel, l'histoire n'est pas simplement une succession de rois et de batailles, mais c'est la marche de l'humanité vers la raison. L'histoire a donc un sens, elle est orientée vers un but (vision téléologique). Le moteur de l'histoire c'est la pensée humaine, l'évolution des "idées". On dit donc que Hegel est un philosophe "idéaliste". Hegel est un contemporain de la Révolution française et des guerres Napoléoniennes. Il a vu se concrétiser et se répandre à travers l'Europe les idées des Lumières. Marx reprend certaines idées de Hegel, à savoir la conception téléologique de l'histoire, et le mécanisme dialectique (http://fr.wikipedia.org/wiki/Dialectique). Mais il dit que "Hegel marche sur la tête". Pour Marx, ce ne sont pas les idées qui font avancer l'histoire, mais l'évolution des conditions matérielles de production. On dit que Marx est un philosophe "matérialiste". L'application de la dialectique hégélienne l'amène à mettre au centre de sa thèse les classes sociales et la lutte des classes "L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de luttes de classes." (K.Marx) Ainsi l'histoire est une succession de modes de productions, caractérisés par l'organisation économique de la production des richesses et l'organisation sociale en multiples classes, mais où se dégagent toujours deux classes principales dont les intérêts s'opposent. Thèse : le mode de production existant (esclavagiste antique, médiéval ...) Antithèse : les contradictions internes, cristallisées autour de l'opposition entre deux classes sociales lutte des classes) aboutissent à la destruction de ce mode (chute de l'Empire romain, révolution française) Synthèse : un nouveau mode de production émerge (le mode de production médiéval succède au mode de production antique, le mode production capitaliste succède au mode de production médiéval). Tout un courant dans la science historique s'est développé autour des idées matérialistes de Marx, à savoir l'École des Annales de Marc Bloch. (http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_des_Annales) Ce qui est discutable dans la théorie de l'histoire de Marx : - la succession des modes modes de production est tirée de l'analyse de l'histoire de l'occident. Elle ne s'applique pas à l'histoire de l'Asie, ni à celle des sociétés précolombiennes en Amérique, où des villes ont été construites sans recours à l'esclavagisme. - la partie prédictive, à savoir, le triomphe du prolétariat sur la bourgeoisie capitaliste qui devrait déboucher sur le mode de production socialiste (dictature du prolétariat), puis sur le mode de production communiste (disparition des classes sociales). Sinon, on ne peut pas assimiler l'œuvre philosophique de Marx (critiquable comme toute philosophie et toute théorie scientifique) au marxisme, qui est une idéologie (voire une religion laïque) et qui a érigé les écrits de Marx en dogme. « Ce qu'il y a de certain, c'est que moi je ne suis pas marxiste » K. Marx http://fr.wikipedia.org/wiki/Marxisme Voilà, j'ai essayé de faire simple et d'être clair... :) Je précise, je n'ai aucune sympathie pour le communisme, Stalinisme, Trotzkisme, etc. : Il l'a dit, il ya plus de 100 ans ... : mescalero 04-03-2011, 11:08 Je voudrais ajouter une chose à propos de l'œuvre proprement économique de Marx.
Sa théorie s'inscrit dans la lignée de l'économie "classique", elle est basée sur l'œuvre de David Ricardo. Elle pose un problème, non encore résolu à ce jour, et peut-être sans solution, celui de la transformation des valeurs en prix. (Voir l'ouvrage de Gérard Jorland à ce sujet). Curieusement Marx a ignoré l'apport novateur de l'économie néo-classique, dont il a forcément eu connaissance à la fin de sa vie. : Il l'a dit, il ya plus de 100 ans ... : ktycash 05-03-2011, 16:45 Mescal ... merci.
J'en avais vraiment marre de lire des analyses politisées et des réflexions partiales et pleines d'à priori... 8) : Il l'a dit, il ya plus de 100 ans ... : vette 05-03-2011, 20:33 Bon résumé.
J'ai quant à moi renoncé à la lecture de l'intégralité du capital, je me suis contentée d'extraits. Je n'ai jamais fait d'économie, mais contrairement à bien trop, je sais faire la différence entre capital et propriété privée, entre investissement et dépense. Ca aide à mieux comprendre bien des choses. : Il l'a dit, il ya plus de 100 ans ... : mescalero 06-03-2011, 01:10 J'ai quant à moi renoncé à la lecture de l'intégralité du capital, je me suis contentée d'extraits. Quatre volumes de la Pléiade ...Qui a lu l'intégrale ? Pas moi ... Mais à l'époque où j'arrivais encore à lire, j'avais le souci de regarder toujours le texte original, et pas seulement les commentaires en deuxième ou troisième lecture. |