Que valent les diplômes aujourd'hui ?

[valentin]

@ Mescal : oui, je suis d'accord avec tout cela, à ceci près que tu te places dans une perspective sociale alors que je me place encore dans une perspective paternelle : dans un monde dont les règles changent de cette façon, il me semble d'autant plus urgent de donner à mes enfants le maximum de chances de ne pas finir sur le carreau.

Parce qu'il n'y a plus de rattrapage.

Le "tu finiras à l'usine" de la génération de nos parents devient un "tu vas passer toute ta vie d'un emploi précaire à un autre, avec des période épouvantables de chômage entretemps, dépendant des subsides de l'Etat soit directement à toi, soit indirectement à des bouts d'industrie résiduels, et comme chaque contrat précaire te ramènera à zéro en termes de carrière, tu n'auras aucune progression de qualification ni de salaire".
Et toute ta vie sociale, affective, matérielle, va être affectée par ces perspectives.

Et le "Pfff, bon et bien il ou elle pourra toujours faire fonctionnaire, hein..." devient un "Et bien si il ou elle s'arrête à ce niveau de diplôme, il ou elle va rejoindre la masse grandissante des petits diplômes qui courent derrière des CDD d'agent administratif ou d'employé de bureau".
Et toute ta vie, sociale, affective, etc.

Et quand je vois nos gamins, nos ados, qui reproduisent avec décontraction notre insouciance d'il y a 30ans par rapport à leurs études, rebelles face à l'autorité, certains de leur destin personnel, je me demande toujours comment leur faire prendre conscience de la proportion énorme de leurs copains de classe qui vont avoir une vie de merde.

[mescalero]

@ Mescal : oui, je suis d'accord avec tout cela, à ceci près que tu te places dans une perspective sociale alors que je me place encore dans une perspective paternelle : dans un monde dont les règles changent de cette façon, il me semble d'autant plus urgent de donner à mes enfants le maximum de chances de ne pas finir sur le carreau.

Oui ...

[LPF]

Assurés de gagner plus qu'à l'usine, de ne jamais être exposés à la précarité, de faire partie d'un groupe social, et d'avoir un job socialement reconnu (même si de plus en plus méprisé ou critiqué) : sur un certain nombre de critères, c'est déjà de la réussite sociale.

Je n'ai pas dit que c'est le paradis.

Je dis juste que demain, le même jeune avec le même Deug ou la même licence, ou à la limite le même Bac+concours de la FP, il risque de ne même pas avoir ce débouché là.

Heu, je parlais de jeunes faiblement diplômés qui occupent des postes autrefois au statut fonctionnaire, mais maintenant sous statut privé, et sans la moindre assurance d'évolution. SMIC à vie quoi.

[Célimène]

J'attirais donc l'attention sur le fait que la disparition progressive de cette perspective professionnelle pour les petits diplômes va aussi contribuer à mettre la pression pour les générations futures.

Je n'ai absolument aucune statistique sur le sujet mais je suis très surprise que tu assimiles le petit diplôme au fonctionnariat (encore faudrait-il définir le "petit" diplôme d'ailleurs).

Il se trouve que je bosse avec quelques serviteurs de l'Etat issus bien souvent de l'ENA ou du corps des Mines voire des Ponts (précédé de l'X cela s'entend). Je pense que nous nous accorderons pour considérer qu'il ne s'agit pas là de petits diplômes.

Au delà de ces hauts fonctionnaires, les concours de la FP sont comme leur nom l'indiquent des concours, et en conséquence, ceux ouverts aux titulaires du bac sont généralement remportés par des Bac+5, en quête désespérée d'un job. Donc un boulot qui demande un niveau "bac" est bien souvent tenu par quelqu'un de bien plus diplômé que les exigences du poste. Ceci génère d'ailleurs des aigris mais c'est un autre débat.

Ensuite, nous pouvons disserter de la valeur sur le marché de l'emploi d'un bac+5 en sociologie vs un bac+2 en comptabilité. Il est probable que le premier finisse par réussir un concours de la FP pour faire un job pour lequel il n'aura aucune qualification et que le second trouve un boulot en relation avec ses compétences dans une entreprise.

Donc oui, le "tu finiras fonctionnaire" ne sera plus la porte de sortie ultime de ceux qui ont fait le choix de faire des études longues et sans valeur sur le marché du travail mais cela n'a, à mon sens, rien à voir avec la taille du diplôme.

J'ai dans l'idée que ceux qui décident de faire aujourd'hui un BEP de plomberie et qui ont un minimum de jugeote ont de beaux jours devant eux (mais le problème, c'est que le BEP Plomberie, ça fait vachement moins chic dans les salons que le doctorat de socio).

[vette]

 

[LPF]

J'ai dans l'idée que ceux qui décident de faire aujourd'hui un BEP de plomberie et qui ont un minimum de jugeote ont de beaux jours devant eux (mais le problème, c'est que le BEP Plomberie, ça fait vachement moins chic dans les salons que le doctorat de socio).

+1

Et c'est très sérieusement que j'envisage, en cas de besoin, à me recycler en plombier-chauffagiste.

[Transformers]

Bah.. Toute mon enfance  j'ai entendu "de nos jours tu ne pourras plus faire une carrière comme ton père il faut des diplômes"
Je n'ai aucun diplôme mais je trouve ne pas avoir trop mal réussi, mais je me dis parfois que les jeunes de maintenant doivent vraiment avoir des diplômes parce que de nos jours c'est plus comme de mon temps !

Comme quoi hin 

[ktycash]

+1

Et c'est très sérieusement que j'envisage, en cas de besoin, à me recycler en plombier-chauffagiste.

Avec un DESS en poche, plus des bouts de licences en matières éparses deci-delà... J'ai toujours envisagé  depuis toute jeune de faire plomberie ... ... ou électricien  (parce que l'on touche moins de merde... )
en reconversion...

ben : commerce internationnal, droit, secrétariat, psycho, science de l'éduc, que veux-tu que je fasse d'homogène avec ça ?

Et encore, je m'en sors bien, j'ai un pote docteur en écologie marine qui s'est résolu à passer un concours de documentaliste faute de poste de directeur de recherche dans sa branche à son époque.... Maintenant on se l'arracherait...
Mais lui, il en a eu marre d'attendre l'éveil du siècle, il a maintenant des offres de diriger des labos, mais il s'est résigné à faire autre chose , très en dessous de ses  capacités... et il dit merde au système qui l'a fait espérer et souffrir pendant tant d'années... Ben oui, tu peux pas t'improviser auto-entrepreneur en écologie marine... t'as besoin de disposer d'un éco-système pour tes recherches et tes applications...

La frime sera toujours la frime... pour du relationship, pas besoin de diplômes...
La débrouille sera toujours la débrouille... pour du dépannage au black, pas besoin de titres ronflants...
Entre les deux, y'a les middle class, assujetis à toutes les contraintes les plus stupides du système, soit-disant par sécurité...   Mon cul ! c'est pour faire payer des assurances  qui ne profites qu'aux petits filous calculateurs à tous les niveaux...  

Parce que, quand t'as une vraie merde dans la vie,  t'as pas calculé avant le problème  pour que ça entre dans les cases de zezette... et ça n'y rentrera pas si tu n'es pas un petit profiteur professionnel...

Et puis, en Hors classe,  tu as les IRRESPONSABLES PROFESSIONNELS DE HAUT NIVEAU...



@ Cé : mon cousin germain était directeur de l'aviation civile, mon oncle directeur de manufactures de tabac... tu peux me dire quel rapport de compétence il y a entre les deux ?


X


Je suis dég du système et de ses hypocrisies...

[winy]

Dans mon secteur, qui est pas un truc qui demande énormément de mobilisation de ses neurones (bon, pour certains c'est compliqué, mais ça le serait partout ) ils cherchent depuis longtemps des +2 parce que les +2 sont censés avoir + de capacités générales : compréhension, esprit de synthèse, culture G etc etc...
Mon boulot consiste quand même à décrocher un téléphone, même s'il faut souvent mobiliser des trésors  de connaissances pro et ... de patience (de ce côté là je suis un peu moins +2 )

Je lis souvent les annonces et ils sont maintenant après les +3, +4 (Toujours en proposant smic + variable bien entendu.)

Je crois qu'ils ne se rendent pas compte de ce que ça va donner dans quelques années : des gens bien trop diplomés pour ce métier, qui vont devenir aigris et finir par mal faire leur métier ou en faire le minimum.

En ce moment on a des intérimaires pour les hausses de plafond de livrets et y a un +5 dans le lot.
Mais un +5 c'est comme tout le monde : il a besoin de bouffer

Quand j'ai choisi ce métier il y a quelques années sur Paris, c'était parce qu'il embauchait. Et ça embauche toujours (La RH a installé un bureau permanent dans notre service, à cause du turn over) mais les salaires baissent baissent baissent quand les exigences augmentent augmentent augmentent.

(D'ailleurs en parlant des hausses des plafonds livrets, on a récolté environ 15 millions d'euros en une semaine. Les gens t'envoient des chèques de 15 000€*3 parce que y a les livrets des enfants aussi... Je croyais que c'était la crise )

[mescalero]

Entre les deux, y'a les middle class, assujetis à toutes les contraintes les plus stupides du système, soit-disant par sécurité...   Mon cul ! c'est pour faire payer des assurances  qui ne profites qu'aux petits filous calculateurs à tous les niveaux...  

Avec mon salaire de prof, je n'aurais jamais pu financer des études longues à mes enfants. A la rigueur un Bac+2 dans le public, et à condition que ce soit à portée de transport en commun.
Cela montre l'ampleur du déclassement des classes moyennes ... Quand j'étais au lycée, les profs faisaient vivre une famille, construisaient une maison, payaient des études à leurs enfants ...

Winy, les copains qui sont entré dans une banque comme employés avec juste le Bac au début des années 70 sont aujourd'hui directeurs d'agence, au minimum. Quelles sont les perspectives de carrière des Bac+2 voire Bac+4 qui sont embauchés au SMIC (+variable) aujourd'hui ?

[winy]

Directeur d'agence c'est rien du tout...
Les nôtres "d'anciens", ont bien veillé à refuser ces postes à emmerdes très mal payés pour l'investissement demandé. Les autres ont passé le stade agence depuis bien longtemps.
La plupart sont gestionnaires de clientèle et payés bien mieux que les directeurs d'agence dont la moyenne d'âge est de 35 ans. 

[léni]

Directeur d'agence c'est rien du tout...
Les nôtres "d'anciens", ont bien veillé à refuser ces postes à emmerdes très mal payés pour l'investissement demandé. Les autres ont passé le stade agence depuis bien longtemps.
La plupart sont gestionnaires de clientèle et payés bien mieux que les directeurs d'agence dont la moyenne d'âge est de 35 ans. 

c'est pareil ici ... les directeurs d'agence sont très jeunes (toute proportion gardée)... çà n'est plus une 'fin' de carrière peinarde ...
çà demande beaucoup de boulot et d'investissement personnel, pour au final un salaire qui ne suit pas ...
les 'anciens' gèrent les 'gros' clients ...

[LPF]

Sans compter qu'on a retiré plein d'attributions aux directeurs d'agence. Je me demande encore ce qu'ils peuvent décider... la couleur du PQ? Même pas sûr...

Quand j'avais 18 ans, j'ai bossé 2 étés dans une agence du Crédit Agricole, ben à l'époque (et ouais, y'a 20 ans...  ) les directeurs avaient un bon pouvoir décisionnel, maintenant tout part en "back office" à Pétaouchnok les bains...

Du coup ils ont remplacé des 60 ans fin de carrière par des jeunes de 30 ans payés au lance-pierre.