On dit qu'on est toujours le "con" de quelqu'un...
Concernant notre comportement face au handicap, j'ai presqu'envie de dire qu'on est toujours le handicapé de quelqu'un...
Il y a dans mon quartier un mec que je trouve génial... Il est dans son fauteuil électrique, il bouge la tête et seulement la tête, je pense qu'il commande son fauteuil avec une de ses mains mais je ne les ai jamais vues bouger. Et cet homme cloué dans son fauteuil, emmène sa p'tite bout'chou de fille partout, au square, en courses, en ballade tout simplement... Je le regarde comme tout père attendrissant qui aime et s'occupe de son enfant, avec un peu plus d'admiration car il doit affronter plus de difficultés que les paps bipèdes "classiques".
Un jour au square, je n'ai pas pu m'en empêcher, je suis allée le voir et lui dire que je le trouvais extra, tout simplement... Je suis bête, et ce n'est peut-être pas bien ce que j'ai fait mais merdoume, fallait que ça sorte
Il y a une autre personne en fauteuil électrique, une jeune femme. Elle n'est ni belle, ni souriante, elle se promène souvent avec sa maman. Je lui dis bonjour à chaque fois que je la croise avec un sourire, au début elle et sa maman étaient plutôt étonnées (c'est en tout cas l'impression que j'avais) mais maintenant elles me sourient. Et ça me rend heureuse de les voir sourire tout simplement.
Je me suis souvent demandé comment il fallait regarder les personnes handicapées, quelque soit leur handicap, fauteuil, trisomie, ou autre... J'ai l'habitude de beaucoup observer les personnes dans la rue, et j'évite d'être trop insistante sur une personne handicapée pour ne pas la gêner mais ça m'embête car du coup, je change mon regard envers ces personnes, malgré tout
Dans le domaine particulier de l'amour, excusez-moi mais je suis presque choquée de certains mots ici... Faire le tri pour exclure du "champ d'exploration" ceux qui sont trop compliqués à gérer / aimer, je n'aime pas trop ce système. mais bon, au moins c'est clair et honnête.
Moi je trouve qu'avant de regarder le physique ou l'air de quelqu'un, on peut se laisser séduire par ce que cette personne est vraiment en elle. Un regard particulier, une richesse intérieure, une bonté, une intelligence humaine, un humour et plein d'autres choses encore... Ce n'est pas parce qu'une personne a perdu l'usage d'une partie de son corps ou de son cerveau qu'elle ne vaut pas la peine qu'on s'y intéresse, je trouve ça injuste, vraiment.
Après, il faut accepter je pense d'entrer dans son univers, dans sa façon d'appréhender le monde pour mieux comprendre la personne et mieux l'aimer. Selon le handicap, cela transforme la pratique de l'amour, les positions si c'est un handicap physique, par exemple. Mais je me dis que si on aime cette personne, on ne s'arrête pas à cela, on ne se demande plus si "ça va marcher" mais on cherche ensemble comment se donner du plaisir... "différemment".
Pour moi, la différence est forcément une possibilité de s'enrichir, ou au moins d'apprendre une autre vision du monde.
Je me sens en quelque sorte handicapée moi-même, dans ma tête... Mais j'ai une sacrée chance, ça ne se voit pas, je ne suis donc pas jugée comme handicapée.
Je suis heureuse que mes enfants soient dans une école qui reste ouverte aux enfants handicapés. Ils fréquentent quotidiennement des enfants qui sont différents, mais ni inférieurs, ni à rejeter, et ils s'amusent avec eux, c'est aussi simple que cela... Ne pas avoir un regard différent. Nous sommes tous des individus, avec nos histoires, nos accidents, nos handicaps, nos qualités et nos défauts, non ?