Je ne vais même pas parler du mariage parce que franchement, j'en ai rien à secouer. Pour ce que les hétéros ont fait à la fameuse institution du mariage avec le taux de divorce, on repassera avec cet "argument".
Ce débat est pour moi un non débat. C'est dans l'ordre des choses. Ca arrivera que vous le vouliez ou non, cette année ou plus tard, mais cette loi passera. C'est comparable pour moi avec le débat sur l'avortement (ce qu'en j'en ai lu puisque pas vécu). Il s'agit parfois (souvent pour les questions sociétales) pour le législateur de prendre en compte un état de fait.
Pré-loi Veil, les femmes disposant de suffisamment d'argent allaient en Angleterre ou aux Pays-Bas, les autres s'auto-mutilaient ou livraient leur utérus à des bouchers. Toutes les études sur l'avortement prouvent qu'il n'y en a pas plus ou moins depuis qu'il est légal. La différence est qu'il est plus safe et accessible à toutes (quoique...dans certaines régions, c'est pas la joie). La SEULE façon de faire baisser le taux d'avortement (et il suffit pour ça de regarder les différences entre les Etats-Unis, l'Europe occidentale, l'Europe de l'Est et l'Afrique par ex - en voici
une parmi tant d'autres-) est l'éducation sexuelle et l'accès le plus libre et le moins onéreux à la contraception. Mais je m'égare.
Il existe en France des dizaines de milliers (voire des centaines, mais comme il est difficile de faire des stats sur une situation "illégale", autant la jouer safe) d'enfants élevés totalement ou partiellement par des parents homosexuels. Et c'est à eux déjà, avant ceux à venir, à qui je pense.
Quid de
- ceux nés d'un couple hétérosexuel classique mais dont le père/la mère a découvert/assumé son homosexualité/bisexualité plus tardivement? J'en connais. Ces parents sont-ils déchus de leurs droits?
- ceux nés d'une insémination artificielle réalisée en Belgique/Espagne (donc avec du pognon soit dit au passage, mais c'est la gaucho qui parle)? J'en connais.
- ceux adoptés par un membre du couple qui a "menti" puisque l'agrément d'adoption est autorisé aux célibataires? Je me souviens avec émotion de ce couple de lesbiennes qui, il y a quelques années, étaient allées jusqu'à la cour de La Haye en arguant qu'elles ne voulaient pas mentir à leur enfant sur sa filiation, estimant que c'était plus grave que d'être homo. Je les connais pas elles, mais j'en connais aussi.
Etc, etc.
La raison de ma comparaison avec l'avortement? Quand une situation est un état de fait, il est du rôle du législateur que de protéger ses citoyens. Sous la loi actuelle (ou l'absence de loi en l'occurrence), ces milliers d'enfants (sauf le premier cas) n'auraient aucune protection juridique en cas de disparition de leur parent officiel.
Alors je conçois que ça puisse déranger, sans parfois d'ailleurs réussir à mettre des mots dessus (cf la manière dont je te lis, Carda), mais c'est comme ça et on s'y fera. Tout comme au moment du Pacs, quand les sondages disaient que les Français étaient contre, pis deux ans après quand les gens se sont rendu compte que ça changeait rien à leur petite vie à eux, une écrasante majorité était pour.
Ben là, ça sera pareil. Et si un gamin pleure dans une cour de récré parce que quelqu'un l'a traité de fils de tapette ou de grande folle, ben c'est pas ses parents qui ont fait quelque chose de mal, ni surtout le môme en question, ce sont les parents de l'autre môme qui l'ont éduqué avec des principes de gros cons et de haine.
Et cet état d'esprit aussi, une loi peut aider à le changer.
J'appartiens à une génération où "on" pointait les enfants de divorcés du doigt. Aujourd'hui dans les cours d'école, c'est limite si t'es pas une bête curieuse quand tes parents vivent encore ensemble (rigolez pas, une môme m'a déjà posé la question, j'ai halluciné
).
Tout ça passera.
Je n'ai jamais entendu UN argument contre qui ne soit empreint de bigoterie, de peur, de conservatisme ou d'ignorance.
Le seul peut-être vaguement "audible" serait l'histoire de référent masculin/féminin, mais à l'observer de plus près, il ne tient pas la route non plus. Vous croyez que les gays vivent en autarcie? Qu'ils n'ont pas de famille, de père, de mère, de frère ou sœur, d'ami(e)s??? Que nos médias ne renvoient pas suffisamment d'hétéronormalisation? Alors oui, y a une infime partie de gays qui sont dans ce cas, mais non, ceux là sont pas de ceux qui veulent adopter
Bref, va falloir s'y faire pour ceux à qui ça fait mal au cul : 10% de la population. Et si vous en connaissez pas, c'est probablement qu'ils vous savent trop fermé d'esprit pour pouvoir l'entendre et l'accepter.
Il s'agit juste d'équité. Et de justice.
Question subsidiaire et hors sujet @Carda: dans la confusion de ta pensée, que tu exprimes très bien d'ailleurs, dans quelle mesure tes interrogations personnelles sur la maternité y participent-elles?
Marcelle : pour des raisons de fautes de frappe.