Avant de se faire un sang d'encre parce que nos enfanst foirent à l'école, il faudrait peut-être se demander à quoi ça rime aujourd'hui de faire des études bac+beaucoup ...
Le problème c'est que nous nous référons à notre propre histoire, et à la situation que nous avons connue au moment de notre propre scolarité ... Pas évident que ce soit encore pertinent, et qu'un bac, un BTS, etc. aient encore la même valeur pour nos jeunes.
Alors voilà l'approche économique, attention c'est du sérieux
http://www.cairn.info/revue-d-economie-politique-2003-1-page-37.htmIl serait intéressant de compléter cet article par un avis de sociologue, sur l'évolution du lien entre origine sociale et diplôme, et du lien entre origine sociale et efficacité de mise en œuvre du diplôme.
Je peux vous trouver ça aussi
Pas vraiment le temps de lire l'ensemble du dossier, c'est ardu pour un vendredi soir pour ceux qui ont utilisé toute la semaine leurs diplômes pour bosser.
Mais tu reconnaîtras quand même que ton introduction est au minimum bien biaisée, et en fait plutôt de mauvaise foi : quand bien même la valeur d'un diplôme donné baisserait dans le temps, plus ou moins sous l'effet de l'offre et la demande, hein (y'a plus de bacheliers, donc en soi le bac n'est ni discriminant dans la théorie du filtre, ni justification de salaire élevé dans le marché de l'emploi, pas vraiment besoin de 12 pages pour comprendre ça...), quand bien même il serait prouvé que le diplôme perd de sa valeur (je ne suis pas certain que cela soit vérifié dans les faits en termes de salaire, mais sans doute en termes de risque de chômage),
cela ne signifie pas qu'il soit inutile d'en avoir un, au contraire.
Ca justifie plutôt, puisque 80% d'une classe d'âge a accès au bac, que chaque gamin révise aussi ses ambitions à la hausse par rapport à la génération précedente, et vise un diplôme d'un ou plusieurs étages supérieurs.
Parce que ce dont on est aujourd'hui certain, c'est que les gamins sans diplôme sont et seront de plus en plus exposés au chômage et à la précarité.
Le fait que le diplôme ne garantisse pas la sécurité absolue, et pourquoi diable quoi que ce soit dans la vie garantirait une sécurité absolue, ne fait que rendre cette première étape plus indispensable.
En fait, en termes de grands équilibres sociaux, ça me choque bien plus que, avec la fin programmée du prolétariat et des emplois peu qualifiés en France, il n'y a plus de débouché pour un gamin qui pour une raison ou l'autre déraille à l'école.
Avant, il finissait à l'usine ou dans un garage, et il avait une vie pas terrible, mais qui avait tout de même sa reconnaissance sociale, ses rites, ses codes, sa socialisation, il était tout de même dans la vie.
Aujourd'hui, et surtout demain, sans diplôme, il sera complètement en dehors de la vie, coincé dans un assistanat revendicatif.
On a remplacé, on remplace à toute vitesse, une hiérarchie "diplôme / pas diplôme" par une hiérarchie "petit diplôme / gros diplôme", et on ne bosse pas beaucoup pour aligner les énormes changements d'organisation sociale, ne serait-ce que symboliques, qui vont accompagner ça.
Sans parler des conflits générationnels avec les parents ou grand-parents issus du prolétariat.
A côté de ces enjeux là, la question de savoir si un Bac ou un BTS ou une Licence doit ou non garantir le privilège à vie d'un emploi bien payé me semble assez anecdotique.
PS : et pour enrichir la combinatoire, on pourrait aussi ajouter que le fonctionnariat, qui a longtemps été la voie royale des petits diplômes, enseignement compris, va inévitablement changer profondément en France dans les décennies à venir.
Il y aura toujours autant de gens à travailler pour l'Etat, faut pas rêver, mais de moins en moins de ces gens auront un statut de fonctionnaire, avec emploi garanti à vie et salaire codifié et retraite privilégiée (voir les pays anglo-saxons, par exemple, pour lesquels l'essentiels des serviteurs de l'Etat sont des contractuels et non des civil-servants, ce qui explique leur efficacité à mettre en oeuvre rapidement d'énormes réformes publiques).