Zébulon ou apprendre à buller

[Célimène]

C’est parfois le surnom que me donne mes amis, davantage à cause du côté montée sur ressort qu’à cause de ma voix (enfin j’espère).

J’ai effectivement beaucoup de mal à ne rien faire, et j’ai une fâcheuse tendance à vouloir tout terminer dans les délais que je me suis fixés (je ne saurai jamais accorder ces f#§ ?^&g verbes pronominaux). En temps normal, j’y arrive plutôt pas mal. Le problème naît quand j’ai l’impression à tort ou à raison de ne plus y arriver, et là je tombe dans l’hyperactivité et ses charmants effets secondaires comme l’insomnie, l’irritabilité, l’impossibilité de déconnecter, etc. A l’issue de ce genre périodes, j’ai besoin de me reposer.

Si j’ai appris à me reposer et à ne rien faire sans culpabiliser, je n’y arrive que seule.

Dès que je suis en présence de tiers, je recommence à bouger, organiser, proposer, fabriquer et je supporte assez mal l’inertie du groupe (vous voyez le « on fait quoi aujourd’hui ? » ou « on mange quoi ce midi ? »). En fait, dans mon esprit, « ne rien faire » est associé à être tout ramolli et c’est une attitude qu’on ne peut s’autoriser que dans l’intimité de son chez-soi (et encore). Ceci me prive par exemple de vacances reposantes entre amis, elles sont agréables mais pas reposantes.

Et vous ? savez-vous buller ?

[Hotllywood]

non













 

[vette]

Oui.

Justement, si je speede, si je suis rapide et efficace, c'est bien pour pouvoir m'aménager des temps indispensables de contemplation.

Il me faut un équilibre d'action et de contemplation. Sinon, j'ai l'impression de rater un rendez-vous que je me serais fixé avec moi-même.

[Cardamone]

Oh que oui, je sais ne rien faire, me reposer, buller, sans aucune culpabilité, parce-que ça m'est nécessaire, et que j'ai un rythme de dingue dans l'année....et que je sais me retrouver seule avec moi même et inactive pour penser et rêver sans aucun problème 

[Sensualité]

Je reviendrai sur ce sujet, mais anecdote racontée à ma psy lacanienne qui halluciinait: quand j'rentre dans un ascenseur, mon premier réflexe est "as-tu un livre dans ton sac si il tombe en panne? "

 

[Hotllywood]

Bon allez je m'y colle: quand je vivais seul, j'arretais mes activités au moment ou je sentais que je tombais littéralement de sommeil et puis j'avais cette sensation d'absolu besoin de ne pas etre immobile.
Genre tu ne produis rien aujourd'hui = tu n'as pas vécu cette journée, tu l'as gaché.

De même je ne sais pas rester dans une salle d'attente sans quelque chose à lire: c'est pas pensable.

Je me suis créé comme ça tout un tas d’addictions pour qu'aucun de mes moments de la journée soit inutilisé (y compris fumer,boire un café, un coca lire aux chiottes... )

Cependant ça ne marche pas avec tout: bouger, genre sortir me pèse plus qu'avant par ce que ça m’empêche de continuer ce que j'avais entrepris la veille et ça je sais que c'est chiant pour ma conjouine. C'est là que je me dis que c'est un peu bidon mes pseudos obligations, par ce que c'est peut etre aussi un moyen de brasser du vent, enfin j'en sais rien, il est con ce sujet, mais eh oh! 

[Comtesse]

Merci à mon éducation, je suis pareille ! 

Bon par contre, je me soigne. Je me fais donc violence pour tout lâcher par moment, et juste rester à rien faire, même si ce n'est que quelques minutes.
C'est un travail de super longue haleine, mais dans mon cas, je sais aussi que ce sera la solution à un certain nombre d'addictions.

[mescalero]

Alors, oui ! Je sais buller, glander, ne rien faire, et je je le fais très bien.
Je suis un expert mondialement reconnu en procrastination.
Ma devise : "Toujours remettre à après-demain ce qu'on a éventuellement envisagé de faire peut-être demain ".
 

[Cardamone]

C'est là que je me dis que c'est un peu bidon mes pseudos obligations, par ce que c'est peut etre aussi un moyen de brasser du vent, enfin j'en sais rien, il est con ce sujet, mais eh oh! 

 

[Célimène]

Pour ceux qui arrivent à buller, vous n'avez jamais culpabilisé à cette idée ou vous avez réussi à dépasser ça ? Si oui, comment ? Vous arrivez à buller en compagnie aussi ? 

Parce que moi, j'ai réussi à dépasser la culpabilité (à un moment, ça devient une question de survie) mais seulement quand je suis seule, comme si c'était honteux de ne rien faire devant les autres. 

Pour les zébulons, ça ne vous énerve pas de voir les autres buller ? Parce que moi, parfois ...

@Comtesse : je ne fais pas le lien avec les addictions, quelle marche ai-je ratée dans le raisonnement  ?

[Hotllywood]

ben t'as pas lu ce que j'ai écrit?

[Célimène]

ben t'as pas lu ce que j'ai écrit?

Ben si !
Je te range donc dans la catégorie des zébulons, la question est donc : ça ne t'énerve pas de voir les autres ne rien faire ?

Parce que j'ai relu ta réponse et je ne vois rien sur ce thème.

Pour les addictions, vous dites (Comtesse et toi) qu'on s'en créerait pour ne jamais etre inoccupé ? Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle. Je ne suis pas sûre que ça marche pour moi (fumer par exemple n'est pas une occupation, je fais autre chose en même temps, téléphoner ou boire un café pareil).

[Hotllywood]

Pour moi ça comble un vide.

Est ce que ça m'énerve de voir les autres ne rien faire? Oui et non. Non autour d'une piscine dans un club de vacances, oui dans leur vie.

[Nana]

je peux rester sans rien faire ça ne me pose aucun problème. Par contre si je ne fais rien c'est que le principal que j'avais à faire est fait !

Voir les autre ne rien faire : idem, ça ne me gène pas. Sauf si ce sont des bulleur pro, j'avoue que la ça me gonfle.

[vette]

Avoir besoin de s'agiter est une manière de ne jamais se retrouver face à soi-même.
Effectivement, ça peut valoir le coup de s'interroger sur la question.
 


Non, ça ne me gène pas de voir les autres ne rien faire. Ce qui me gonfle, par contre, c'est de les voir mettre des plombes à faire un truc qui pourrait être fait en 5 minutes. Comme si la longueur de la tâche lui donnait une importance ou une valeur supplémentaire.

En gros, un mou me dérange bien plus qu'un inactif.

Plus j'avance en âge, et moins je suis patiente. J'apprécie des autres qu'ils soient efficaces dans ce qu'ils font.
Ce qui leur donne le temps d'être parfois inactifs. Et heureux de l'être.