coup de gueule face au métier d'enseignant

[mescalero]

Séparé par la modération, fil source : http://forum.nutsforum.com/index.php?topic=33335.msg446201#msg446201

C'est sûr que rmier ou rsater aux frais du sale bourge qui paie des impôts parce qu'il bosse, lui (salaud !), c'est moins cher payer. Mais bon, c'est moins cher gagner aussi, souvent (c'est fou ce que c'est dur de faire lâcher leurs pepettes aux sales bourges, mon bon monsieur, pourtant ils devraient avoir honte), faut savoir se contenter de peu  

Ce n'est pas ce que je voulais dire.
Il y a des années de ça, je pensais qu'avoir plus d'argent était la solution. J'étais déjà prof en ce temps-là, et qund on est prof, la seule seule solution pour gagner plus, c'est de travailler plus, c'est à dire de faire des heures supplémentaires.
Note : en étant prof on peut aussi travailler plus sans gagner plus, en s'investissant à fond dans son travail, en passant des tonnes d'heures en préparations et corrections, en dépensant une fortune en bouquins, revues, etc., en achetant ordinateur avant tout le monde quand c'est encore hors de prix, j'ai fait ça aussi ...
Mais là je m'étais lancé dans les heures sup. Heures sup dans mon propre établissement, déjà. Puis pratiquement un mi-temps dans un lycée privé en plus. Deux terminales à gérer. 29 heures par semaine en présence des élèves au lieu de 17. D'ailleurs mon service réglementaire de 17 heures c'était lundi et mardi : 9 heurs le lundi et 8 heures le mardi. Le reste de la semaine c'étaient des heures sup. Je n'étais jamais malade, j'allais bosser même avec 38° de fièvre, parce qu'au premier jour de maladie, c'étaient les heures sup de la semaine qui sautaient.

Bon, je gagnais bien, je pouvais aller au restaurant plusieurs fois par semaine. Vacances d'hiver dans une station de ski. J'adore chiner dans les brocantes, j'ai acheté des meubles, des tableaux, des tapis de Perse (tapis de tribu, pas d'atelier, hein), etc.

Mais :
- ça m'a épuisé au bout de trois j'étais en "burn out"
- je me reproche encore maintenant de n'avoir pas été assez présent pour l'éducation de mes enfants (les week-end je les passais en partie recroquevillé au fond du lit)
- je n'étais pas assez présent pour mon ex non plus
- et au bout du compte, il y a eu un Ministre de gauche qui a décidé qu'il fallait embaucher plutôt que donner des heures sup ...

C'était la fin des haricots  

Conclusion : l'argent, c'est bien quand on ne se tue pas à le gagner.

[valentin]

Conclusion : l'argent, c'est bien quand on ne se tue pas à le gagner.

... surtout si on est en burn-out au bout de 29 heures par semaine !

[mescalero]

... surtout si on est en burn-out au bout de 29 heures par semaine !

Excuse-moi : 29 heures en présence des élèves.
Corriger une dissertation ça prend une demi-heure.
35 élèves par classe.
Fais le calcul.
Je finissais souvent à 2-3 heures du matin.
Et devant les élèves à 8 heures.

Edit : on confond souvent le nombre d'heures de cours avec le nombre d'heures de boulot ...
C'est au collège que la différence est la moins importante, mais il faut supporter les collégiens 
Bon, les lycéens suivent la même pente ...

[ktycash]

Mescal : Des non enseignants ne peuvent pas comprendre quand on parle d'heures présence élève et d'heures de boulot...

En France,
- un enseignant du primaire est considéré avoir 1/2h de préparation rémunérée pour toute heure de présence élève. soient 27 + 13... (oh maird, on est pas à 35h alors )
- un enseignant du secondaire : une heure de prep / heure de cours donné
- un agrégé : 2h de prép/heure de cours...

Un enseignant a une obligation professionnelle de formation permanente... la moitié des vacances scolaires environ.
et il y a comme dans toute la fonction publique des réunionites aîgues au cours desquelles les petits chefs mesurent leur autorité à l'aune de l'assiduité des troupes... pour ne rien faire de constructif, écouter la bonne parole des dernières directives et du travail en équipe... et repartir de là avec le principal du boulot d'équipe en chantier... à faire tout seul.

Alors comme j'ai exercé un peu à la façon de Mescal, pas pour le fric, mais par passion, jusqu'au burn-out...
Jusqu'à ne plus pouvoir lire un livre alors que j'avais un immense amour des livres et que c'était ma seule dépense somptuaire.
Jusqu'à ne plus supporter un groupe de gosses , leurs cris, leurs débordements, leur incivilités alors que j'aimais les jeunes et les enfants par dessus tout, que la plasticité de leur intelligence m'émerveillait, et que je comprenais leur instabilité avec une patience à toute épreuve...

Il y a des métiers qu'il ne faut pas faire avec trop de passion, pour lesquels il faut plus de "distance", prof en fait partie, alors que l'implication personnelle peut devenir dévorante (si l'on veut rester intéressant et intéréressé...), comme tous les métiers qui ont trait à l'humain, au vivant... alors que l'on nous demande par ailleurs d'être de plus en plus "paperassiers, bureaucrates..."
Pour moi, ne faire que ça 24/24 ne me ressourçait plus...

Je ne gagnais pas assez pour me payer des vacances ou autres distractions... et n'en avait même pas le temps... (avec un conjoint très dépensier et ayant beaucoup de temps libre...)
Un classique de prof surmené : tomber malade à chaque vacances... parce que l'on tient coûte que coûte alors on s'éffondre à chaque cassure de rythme... (les vacances ou les dimanches prostrée... j'ai connu aussi...)

Pour ma part, je ne suis ni de gauche, ni de droite, les bonnes volontés et les idiots arrivistes de mauvaise foi sont de tous bords... Le système porte en lui ses propres gangrènes... Il n'est pas vraiment respectable à mes yeux.

[winy]

Ah c'est pour ça que chez ma mère ou quand j'étais caissiere, les clients qui arrivaient juste avant la fermeture étaient presque toujours des profs.
Parce qu'ils travaillent, eux.

[valentin]

Excuse-moi : 29 heures en présence des élèves.
Corriger une dissertation ça prend une demi-heure.
35 élèves par classe.
Fais le calcul.
Je finissais souvent à 2-3 heures du matin.
Et devant les élèves à 8 heures.

Edit : on confond souvent le nombre d'heures de cours avec le nombre d'heures de boulot ...
C'est au collège que la différence est la moins importante, mais il faut supporter les collégiens 
Bon, les lycéens suivent la même pente ...

Oui oui, on connais bien la dialectique enseignante, faut rajouter le travail à la maison, oui oui.

C'est juste que parfois, entre les lignes de cette dialectique, on a l'impression que les enseignants ne sont pas au courant que la plupart des gens travaillent 40 à 50 heures par semaine, 11 mois par an, avec des niveaux de concentration et de pénibilité et de stress qui peuvent assez bien se comparer à la tenue d'une classe (parce que bon, hein, quand tu mets une demi-heure à corriger une dissert, c'est que tu as passé 4 heures à bailler aux corneilles pendant qu'ils rédigeaient, non ?).

Ouais, enseigner, c'est du boulot, c'est d'ailleurs sans doute pour ça que c'est payé.
Mais l'extrême pénibilité du truc, faudrait quand même pas nous la raconter, spa...

[Lulu la Nantaise]

Ouais, enseigner, c'est du boulot, c'est d'ailleurs sans doute pour ça que c'est payé.
Mais l'extrême pénibilité du truc, faudrait quand même pas nous la raconter, spa...

Je disais ça aussi avant de le faire. Ben là on découvre que 2 semaines de vacances tous les deux mois, c'est pas inutile. Et encore, j'étais prof de maths, ce qui est beaucoup plus rapide à corriger que d'autres disciplines, et pas dans une région féroce.
Je crois que si on ne l'a pas fait, on peut mal imaginer.

[Cardamone]

Ouais, enseigner, c'est du boulot, c'est d'ailleurs sans doute pour ça que c'est payé.
Mais l'extrême pénibilité du truc, faudrait quand même pas nous la raconter, spa...

Préjugé, quand tu nous tiens.
Va donc enseigner une année à plusieurs classes de 40 ados. Avec le lot des parents derrière.

On fait un debrieff après.

[ktycash]

Oui oui, on connais bien la dialectique enseignante, faut rajouter le travail à la maison, oui oui.

C'est juste que parfois, entre les lignes de cette dialectique, on a l'impression que les enseignants ne sont pas au courant que la plupart des gens travaillent 40 à 50 heures par semaine, 11 mois par an, avec des niveaux de concentration et de pénibilité et de stress qui peuvent assez bien se comparer à la tenue d'une classe (parce que bon, hein, quand tu mets une demi-heure à corriger une dissert, c'est que tu as passé 4 heures à bailler aux corneilles pendant qu'ils rédigeaient, non ?).

Ouais, enseigner, c'est du boulot, c'est d'ailleurs sans doute pour ça que c'est payé.
Mais l'extrême pénibilité du truc, faudrait quand même pas nous la raconter, spa...

@ Winy : le "eux" est désobligeant dans un sens comme dans l'autre ...
@ Valentin :
Alors voilà la vieille image du prof qui se la coule douce pendant les interros... sauf que l'on a des classes hétérogènes vois-tu et que si on fait bien notre boulot, pendant qu'un groupe est en interro écrite stadire n'apprend rien, restitue, (dans le secondaire un pion suffirait pour ces interros pas besoin de les faire en classe ...), on s'occupe des difficultés spécifiques d'un autre groupe... et on débande pas.

La pénibilité d'un métier c'est une chose, la responsabilité de l'exercer en forme en est une autre...
Tu vas me dire, un ouvrier sur sa machine... (oui c'est extrêmement pénible et dangeureux si on est fatigué... mais c'est son boulot, sa paye et sa main... )

Tu vas me dire un pdg de multinationale qui brasse des millions et bosse jour et nuit (avec quelle secrétaire ?)... oui, s'il en perd on lui donne une prime de départ et un autre joli poste dans une autre multinationale  

Si le dresseur de fauves, à force d'être obligé de tenir ses tigres tout seul se fait déborder, tu conviendras que pour le public ce n'est pas rassurant,... ni pour le dresseur... (ni pour les fauves surtout...)

Alors 50 heures/semaine dans le primaire... en réalité, on les fait allègrement, et obligatoirement à chaque fois que l'on change de poste pour se réadapter ... Les grandes vacances sont le seul véritable avantage supérieur aux autres métiers... d'ailleurs, il tend à disparaître avec l'aide de soutien aux enfants en difficultés scolaires pendant les vacances...

Franchement, 1500 € pour un bac +5 et la responsabilité totale (morale, physique, intellectuelle, de santé...)  de 30 gosses à la fois... c'est pas cher payé. et nos salaires sont gelé jusqu'en 2012...
Je préfèrerai gagner moitié moins, mais exercer avec moitié moins de gosses, vois-tu...
D'ailleurs c'est indirectement ce que je vais faire... d'une façon ou d'une autre...

Alors beaucoup vont répondre... ça marchait très bien avant comme ça...
Vu le nombre de famille dans lesquelles j'ai constaté une peur de l'école transgénérationnelle, la crainte stérile et handicapante de l'échec, et du regard des profs...... Je doute fort que ça marchait si bien que ça pour tout le monde...
Il y a même des parents qui véhiculent l'élitisme et le mépris des autres, sans se rendre compte que ce pourrait être leur gosse le faible écrasé...

Et puis ne pensez pas que ça nous fasse plaisir des semaines de 4 jours pour voir des gosses fatigués, forcés dans leur rythmes... On doit alors faire encore plus d'effort et trouver des astuces pour soutenir leur attention (qui n'est pas extensible à l'infini... non plus !)
Au lieu de leur donner le goût des efforts autonomes, on doit les "porter" encore plus et c'est fatiguant, aussi fatiguant qu'un acteur en scène... ( pendant 6 à 8 h d'affilée,  mais on n'est pas applaudi à tous les coups...) le forçage des plantes on sait ce que ça donne... sur la plupart des enfants... c'est pareil.

[Rubis]

comment un métier ,qui était aussi respectable il y a 50 ans,  est devenu un métier où l'on considère l'enseignant comme une personne insignifiante : les parents n'ont que peu d'estime des enseignements (d'ailleurs, ici, on y a droit régulièrement) alors comment demander aux élèves d'en avoir?

parfois, cela me laisse perplexe : pourquoi laissez-vous vos enfants à des gens si peu recommandables  ?  ah oui, parce que les gens, eux, ont un métier, un vrai donc pas le temps.

Depuis 1993, j'ai eu à donner une multitude de cours différents qui ont demandés que je passe mon temps (bah oui, c'est un passe-temps pas un travail, enfin) à faire ces cours mais aussi, à me reformer.

Est ce trop demander d'espérer que l'on respecte aussi notre travail ?  on ne demande pas plus mais simplement du respect  car le métier d'enseignant comporte comme tout métier d'ailleurs des points positifs (les congés ) et des points négatifs (devoir gérer des ados par exemple armés de pistolet à bille, coup de poing américain, bombe lacrymogène, .... : eh oui, cela n'arrive pas qu'à la télé !)

[valentin]

Dites donc, Kty et Mescal (et Carda), c'est fini de caricaturer ce que je dis, et de me faire le coup de la dialectique des syndicats d'enseignants ?

A d'autres, siouplait.

J'ai pas dit enseignants=feignants, j'ai pas dit que ce n'était pas un vrai boulot, et je n'ai même pas dit que ça ne devrait pas être mieux payé.

J'ai juste dit "vous n'allez quand même pas la ramener avec votre burnout, ok c'est fatiguant et pénible, mais c'est le cas de la plupart des boulots, et les autres boulots c'est un peu plus de 17 heures par semaine avec 3 mois de vacances, alors pouet-pouet sur le caractère exceptionnellement pénible de votre vocation".

La palme venant à Kty qui compare au "PDG qui s'il se fait virer va toucher une prime", particulièrement adapté comme argument quand on parle d'un métier où justement, on ne peut pas se faire virer.
Et guess what, pour les autres gens dans les autres boulots, le risque de perdre son job est une composante de stress importante, figurez-vous.

Et oui, c'est un scandale, les enseignants ne sont pas assez payés.
Je suis le premier à le dire.

Si on les payait mieux, on attirerait sans doute les meilleurs pour éduquer nos enfants.
Et si ça se trouve, on pourrait même trouver des candidats capables de tenir 17 heures dans la semaine (plus les corrigés de copies, plus les corrigés de copies !!) sans péter une durite.

[Rubis]

Valentin, tu devrais te relire de temps en temps car perso, j'y ai lu aussi une forme de mépris face aux enseignants.  alors oui, c'est loin d'être le seul métier stressant mais par contre, c'est aussi un des métiers les plus méprisé.

peux tu m'expliquer pourquoi si ce métier est si facile, avec autant de congés (pas trois mois mais quatre : apprends à compter !), on observe de plus en plus de personnes qui abandonnent dans les cinq ans !

[winy]

Ok les profs ont le pire métier du monde.
On peut terminer ce débat vous avez gagné...
Valentin explique juste que y a pas de métier reposant.
Alors le côté abnegation, hin...

[Rubis]

Ok les profs ont le pire métier du monde.
On peut terminer ce débat vous avez gagné...
Valentin explique juste que y a pas de métier reposant.
Alors le côté abnegation, hin...

on ne doit pas avoir tous la même lecture. 

Et non, ce n'est pas le pire métier du monde sinon j'en changerais !  Par contre, il serait agréable d'être considéré tout simplement, d'être respecté ! Se faire traiter de fainéants, de personnes qui sont fatigués à rien faire, c'est marrant cinq minutes.  A la longue, c'est lassant.

[winy]

Je me fai insulter et raccrocher au nez toute la journée. Souvent par des profs (champions avec les médecins...) qui me prennent pour une conne parce que je fais un métier de merde a leurs yeux.

On continue de parler de respect ou on arrête de jouer a celui qui est le plus mal loti ?