1. 30 élèves dans une classe, le prof rentre, ne dit rien, le bordel continue...
2. 30 élèves dans une classe, le prof rentre, ne dit rien, le bordel s'arrête => autorité naturelle
rien à voir avec les valeurs ou les connaissances ou compétences
Absolument pas d'accord avec toi : la présence ça se travaille... Et si on ne l'a pas, la conscience d'être exactement à sa place, au bon moment, dans la bonne attitude : ça se transmet.
D'autre part, la personne qui aura la plus grande autorité qui soit, face à un gosse déjanté, enragé, ne pourra rien faire et perdra sa superbe, face à la folie, seul on ne peut rien. Il faut une équipe soudée.
J'en parle en connaissance de cause, il m'est arrivé de récupérer en une minute une classe en bordel pour un collègue dépassé... mais pour que cela tienne, il ne faut plus lacher...
Il m'est arrivé à mes débuts d'être dépassée, parce que les limites, au début, on ne sait pas toujours bien les présenter dans certaines circonstances...
Aujourd'hui tout le monde a sa petite idée sur les travers de l'enseignement...
- Quant au recrutement : Avec des concours plus relevés... le fait d'être un excellent compétiteur ne garantit en rien les qualités requises pour faire comprendre, transmettre et entraîner. Souvent cela favorise l'émergence d'une culture élitiste humiliante... genre "c'est facile, j'ai bossé et compris ça tout seul, si tu n'es pas capable d'en faire autant... tu es un con." (cas typique du prof qui ne sert à rien.)
Il n'y a que la pratique auprès des gosses qui permette de savoir si un candidat a les qualités requises... Mais cela coûte trop cher à organiser... et c'est très subjectif, tel candidat tombera sur une classe en or, bien drivée et docile pour l'enseignant de passage... Tel autre va tomber en pleine bataille rangée dans une classe révoltée que l'enseignant titulaire n'a laissée aux étudiants que pour s'en débarrasser...
Et puis la psycho-pédagogie mal assimilée fait plus de dégats que pas de psychologie du tout... juste de la droiture, du bon sens et de la bienveillance, ça pouraît suffire.
- Souvent ce sont les parents les plus incapables de gérer l'éducation de leur propres enfants qui ont le plus d'exigences envers le système... Alimentant de ce fait une culture de la mauvaise foi contre laquelle nous ne pouvons plus grand chose.
- Souvent ce sont les gouvernements qui s'occupent le moins de l'insertion et de l'avenir des jeunes dans notre société qui pondent des réformes d'enseignement comme autant d'effets d'annonce qui ne font que brouiller les vraies missions d'enseignement. (il s'agit d'éduquer et de donner des notions de base et une culture commune, d'ouvrir des capacités à chercher, à comprendre, à utiliser des outils d'accès aux connaissances)
Si les gens veulent une garantie d'emploi pour leurs gosses... ce n'est pas à l'éducation nationale qu'il faudrait confier l'orientation et la formation des gens, mais aux futurs employeurs...
Ne serait-ce qu'au point de vue d'un outils de base : le livre
Chaque réforme donne un boulot de recherche et de paperasse dont vous n'avez pas idée. Car les enseignants sont tenus à ces programmes (c'est même le seul maillon professionnellement responsable....), mais pas les éditions pédagogiques, mais pas le ministère toujours en retard d'au moins deux ans sur les documents d'application, Donc nous créons tout... Les inspections rafflent notre boulot et on le retrouve en vente : càd payant pour tous, dans les librairies de nos centres de documentation... (vous le payez deux fois avec vos impôts et vos gosses n'en bénéficient pas toujours selon les budgets des collectivités...)
Et lorsque que certains livres sont bien faits, les mairies ne peuvent suivre financièrement pour rééquiper les écoles... les conseils généraux pour équiper les collèges etc ... Nous fabriquons tout, au détriment de la disponibilité de l'enseignant envers les enfants, au détriment de la continuité de l'enseignement d'une classe à l'autre, au détriment de la clarté des notions de base pour les parents.
Quant à la cohésion et la cohérence des équipes éducatives... L'entraide est souvent dérisoire... des heures de réunions obligatoires, d'où il ne ressort souvent rien d'abouti et les enseignants les plus consciencieux s'en retournent seuls finir leur "boulot d'équipe"... et les plus généreux partagent en donnant leur travail personnel aux collègues parce que c'est dans l'intérêt des gosses... Tant qu'à fonctionner de la sorte, j'avais choisi une spécialité me permettant d'être lien et ressource entre mes collègues... me permettant de prendre quelques enfants pour lesquels il est urgent de dédramatiser les tensions scolaires (tant du côté du prof, que du côté de la famille, que du côté de l'élève quand la transmission ne passe plus)... or le réseau d'aide va disparaitre.
A ce salaire... dans ces conditions... comme profs, il ne restera que des étudiants désespérés économiques ou des illuminés de la foi d'enseigner... (fanas catho, fanas muslims ou fanas laïcs...) je ne sais pas lesquels sont les pires...
Je préfère enseigner ce que j'aime, comme j'aime, où j'aime. Même gratos... ce sera moins pénible.