tu peux développer ça m'intéresse vachement parce que si oui un jour j'ai eu un déclic, il m'a fallu et me faut encore parfois du temps et des rechutes pour fonctionner totalement différemment vis à vis de moi-même.
Comme vous savez, mon ex s'est mis à me tromper en 1994, du moins là je m'en suis aperçue, avant je ne sais pas et je m'en fous, pour tout dire. Mais là je ne pouvais plus l'ignorer, et ça a engendré un processus, je pense.
Quand je dis déclic, en fait, je crois que les 8 ans de statu quo qui ont suivi m'ont servi de période d'incubation, mélange de détachement de lui et de recentrage sur moi.
Ce qui fait que quand je l'ai effectivement quitté j'étais mûre pour sortir de ma chrysalide. Et la nouvelle vie qui s'offrait à moi m'y a bien aidée, d'abord une coupure nette, un nouveau job valorisant, un retour à ma vie d'avant à Paris, un renouage de contact concret avec ma meilleure amie d'école, le regard de ma famille qui n'était pas jugeant comme je le craignais mais au contraire "enfin tu es toi", des amants qui m'appréciaient visiblement, etc.
Je l'ai tout de même ressenti comme un déclic assez ponctuel, peut être parce que comme Kty j'ai toujours été performante dans les moments de stress, où il fallait agir avant tout, et que là il a bien fallu y aller et sauter dans le vide. Mais au lieu de me dire comme toujours "si tu l'as fait c'est que ce n'était pas bien difficile", je me suis mise à me dire "bien joué, t'aurais pas cru, hein, eh ben si, t'es Lulu toutdmêm !", et ça ça change tout.
C'est tout juste ce que Valentine et Moi et les autres vous dites à Kty.
De là je me suis mise à m'aimer et à accepter qu'on m'aime parce je me suis sentie aimable, ou l'inverse, tout bêtement, du moins je suppose. Je me suis mise à avoir confiance en moi, à réaliser ma force de caractère, à accepter de ne pas plaire à tout le monde et à me taper de l'opinion de ceux à qui je ne plais pas.
Ça ne s'est pas fait du jour au lendemain, bien sûr, j'ai eu besoin d'une huitaine de mois et d'un premier amant qui a su me faire faire le premier pas sur la route de la liberté, mais je n'identifie pas de rechute depuis.
Quand j'ai passé l'entretien pour le job en question, j'ai dit au gars (qui se trouve être devenu mon actuel chef) : je sais que je m'attaque à une falaise et que je n'ai qu'une petite cuillère, mais j'ai une petite cuillère ! Ça résumait assez mon état d'esprit de l'époque. Ça l'a fait rire, et il y croyait moyen, avec le gouffre dans mon CV, mais il me le ressort de temps en temps maintenant en me disant qu'effectivement j'ai taillé un bel escalier dans la falaise, avec ma seule petite cuillère. Qu'est ce que ça fait plaisir ! Comme quoi je ne suis pas blasée non plus, et la reconnaissance d'autrui m'est encore nécessaire, mais normalement, pas exclusivement comme avant.
Voili voilou, ça répond à ta question, Valentine ?