Un petit article que j'ai lu aujourd'hui. J'me suis dit que ça pouvait faire matière à débat et discussion avec nos chers amis
Je ne dis pas tout de suite ce que j'en pense parce que c'est très contradictoire dans ma tête, j'ai besoin de faire le tri et peut-être de vous lire un peu aussi. Si ça vous intéresse bien sûr
Voici le
lien.
Et pour les non-anglophones, j'vous l'ai traduit (euh... rapide hein? alors excusez-moi pour le manque de style)
Un self-made manNorah Vincent a vécu comme un homme. Elle n’a pas été opérée ni n’a pris de traitements hormonaux lourds. Elle s’est simplement infiltrée. Incroyablement douée pour la comédie, se déguiser et avoir du cran, Norah a vécu au milieu d’hommes – en tant qu’homme - pendant 18 mois pour percevoir la vie de l’autre côté de la frontière des genres.
“Ce n’était pas pour faire un coup de pub. Il s’agissait d’apprendre. C’est une étude humaine : découvrir et comprendre mieux l’être humain… Et j’ai appris de la meilleure des manières puisque je l’ai vécu » dit-t-elle.
Garçon manqué, douée pour la comédie, elle a grandi dans le Midwest avec sa mère, actrice, son père, avocat et deux grands frères. Elle confirme être toujours un garçon manqué et vit avec Lisa, sa partenaire à Manhattan.
A 1m79 et 75 kilos, Norah passait pour un homme de taille moyenne qu’elle a prénommé Ned. Sa transformation commença par se raser la tête très court, des vêtements baggy et un soutien-gorge de sport trop petit pour aplatir sa poitrine. Elle portait même un rembourrage dans un jockstrap. Pour le reste, elle fut aidée par le maquilleur professionnel Ryan McWilliams et sa fausse « barbe de 17h ».
Puis, il y eut l’importance de l’art dramatique. Elle a suivi des mois de formation avec le profession de voix de Julliard, Kate Mare, afin de pouvoir parler comme un homme. « Les voix de femmes ont des résonances nasales plus marquées, en général » explique Mare.
Quand le déguisement fut complet – cheveux, maquillage, voix, démarche et posture, style – la transformation fut achevée et Norah Vincent est devenue Ned.
Faire partie de la bandeLa journaliste qu’est Vincent n’a pas pris son étude à la légère. Elle estime avoir vécu dans la peau de Ned plus de 150 fois pendant les 18 mois de l’expérience. « Je voulais intégrer les cercles d’intérêt des hommes et… voir comment se comportent les hommes ensemble. Je voulais me faire des amis hommes. Je voulais comprendre comment les amitiés masculines fonctionnent, et de l’intérieur ».
La première étape pour notre tout nouvel homme fut de se présenter dans un des bastions de la quintessence masculine – une équipe de bowling dans un quartier ouvrier de Pennsylvanie.
Le seul problème : elle est nulle au bowling.
Mais les hommes l’ont accueillie dans leur équipe. « C’est assez incroyable parce que je pense que cela souligne leur générosité » dit-elle. Son expérience avec ces hommes a complètement bouleversé ses croyances affirmées depuis des années : les hommes sont durs et hostiles alors que les femmes seraient chaleureuses et accueillante.
« C’était un vrai plaisir de partager ces serrements de main et je me sentais confortable, à l’aise, enfin autant que je pouvais l’être. Ils m’ont simplement intégré… Sans questions »
Ils ont joué tous ensemble pendant neuf mois et progressivement, Vincent a intégré leur intimité. Elle a découvert que les jurons et autres bourrades est simplement un moyen pour eux de se montrer de l’affection.
A l’approche du dernier match de la saison, Vincent a décidé de faire son coming out. Plutôt angoissée par leur réaction, elle décida de tâter le terrain avec Jim, celui dont elle s’était le plus rapproché.
Norah l’a invité à boire un verre avec son amie, Lisa parce qu’elle avait quelque chose à lui avouer qui aller le stupéfier.
« Je lui ai répondu que la seule chose qui pourrait me stupéfier c’est qu’elle soit une femme et Lisa un homme. Et là, elle me dit « ben un sur deux est vrai » » dit Jim. Plus tard, il le raconta au reste de l’équipe qui pris bien la nouvelle.
Jim pense que Vincent a commencé l’expérience avec des idées préconçues et fausses sur les hommes. « Je pense qu’elle s’attendait à trouver un groupe de mecs racistes qui parlent que d’anatomie féminine… Oui, je pense, enfin je crois que c’est ça qu’elle pensait au début ».
Vincent est d’accord : « Ils m’ont vraiment prouvé que c’était moi qui avais des préjugés parce que ce sont eux qui m’ont accueillie, sans rien savoir de moi. Ce sont eux qui ont fait de moi leur ami… sans jugement »
Sexe : c’est un besoin impérieux pour les hommes.
Découvrir ce que les homme se racontent entre eux est une chose, mais comprendre le monde très explicite de la sexualité masculine en est vraiment une autre.
Pour comprendre ce qui pourrait être considéré par certaines comme l’expérience masculine ultime, Vincent visita plusieurs clubs de strip-tease avec un ami. Elle décrit une expérience infernale – dégradante pour les strip-teaseuse et encore pire pour les hommes. « Je regardais les hommes dans ces endroits. Je voyais leur expression. Cela n’a rien à voir avec une appréciation des femmes bien sûr. Ca n’a rien à voir avec l’exploration de leur propre sexualité. C’est un besoin et… ça n’est pas toujours très agréable à vrai dire » dit-elle.
Vincent dit que les boites de strip ne sont que pure pulsion sexuelle – complètement dénuées de toute interaction, même quand une femme fait la toupie sur vos genoux. En dépit de son homosexualité, elle explique qu’elle n’a ressenti aucune excitation pendant ces visites. « Je me suis vraiment pris la différence entre les sexualités féminines et masculines en pleine tronche. La sexualité féminine est mentale… Pour un homme, c’est une pulsion. »
« Tout au fond, c’est une fonction corporelle. C’est une nécessité. C’est une pulsion tellement puissante que je pense que les femmes, qui n’ont pas de testostérone, ne peuvent comprendre à quel point cela peut être difficile. »
Vincent s’est même essayé à la drague et avais accepté une camera cachée pendant ses exploits. Elle se rendit compte très vite que dans ce domaines, ce sont les femmes qui ont le pouvoir.
« En fait, on se contente de rester assise là et d’un seul mot, « non», nous pouvons écraser quelqu’un. On a pas à se taper la partie où il faut traverser la pièce et aller parler à une parfaite inconnue au milieu d’une foule et commencer la conversation. Commencement déjà très difficile sans avoir l’air d’un désespéré ou d’un gros con ».
Vincent s’est pris quelques vestes sévères pendant ses tentatives mais elle a quand même décroché quelques 30 rendez-vous en tant que « Ned », la plupart organisés par l’intermédiaire d’internet.
Elle nous dit que les rendez-vous étaient rarement amusants et que la pression mise sur « Ned » de devoir se vendre et se justifier était très déprimante. Elle fut surprise que de nombreuses femmes ne sont absolument pas intéressées par un homme doux, plus vulnérable.
« J’avais un préjugé, que l’homme idéal était une femme dans un corps d’homme. Et j’ai découvert que non, vraiment pas. Il y a beaucoup de femmes qui veulent vraiment un homme très viril et solide. »
Trois semaines dans un monastèreNora n’a pas limité son exploration de la masculinité aux relations amicales et à la sexualité. Elle dit avoir trouvé des différences dans tous les aspects de la vie, comme acheter une nouvelle voiture chez le concessionnaire.
Avec Norah, le discours du vendeur tourne volontiers au flirt mais quand c’est Ned, le même vendeur devient très pro et son discours met en valeur les performances de la voiture.
Dans ses derniers mois dans la peau de Ned, elle est parvenue à intégrer des espaces exclusivement masculins. Catholique réformée, Norah a pensé qu’il serait intéressant d’infiltrer le monde secret et cloîtré d’un monastère. Ned parvint à y vivre 3 semaines comme stagiaire.
Les moines, selon Norah, étaient des hommes pieux et intelligents. Mais quand même des hommes.
Elle y fut témoin d’un « besoin désespéré d’intimité masculine et l’incapacité à la donner ». Non seulement les moines devaient faire de gros efforts pour s’ouvrir et se livrer, mais Vincent les sent hostiles à son côté féminin. Elle dit avoir été ostracisée car les moines présumaient que Ned était homosexuel.
« Beaucoup pensaient que j’étais gay comme me l’avoua l’un d’eux en confession… Je lui répondis : « eh bien oui, mais pas de la manière dont tu le penses » dit Norah.
La fin idéale de ce périple de 18 mois selon Norah fut de joindre une thérapie de groupe réservée aux hommes, le lieu même où les hommes établissent des liens et font montre de leurs émotions au lieu de chercher à les cacher.
De nouveau, Vincent vit les problèmes qu’avaient les hommes avec la vulnérabilité. « Ils ne montrent pas de faiblesses, il ne montrent pas leurs affections, encore plus entre eux. Et il montrent très souvent leurs émotions par la rage » dit-elle.
A la place, nous dit la journaliste, les hommes parlent de leur rage, souvent une rage contre les femmes, et ce qu’ils aimeraient leur faire physiquement et de manière souvent cruelle.
« La plupart des ces discours n’étaient que du vent, une manière de faire tomber la pression…. Ils parlaient de leurs fantasmes de découper leurs épouses en petits morceaux ou autre chose. C’est pas comme si ils voulaient vraiment le faire ou le pourrait, mais c’était un moyen pour eux d’exorciser leurs idées les plus noires ».
Norah commença alors à ressentir de l’empathie pour la peur et le stress que ressentent les hommes de toujours avoir à être fort et responsable (dur à traduire, elle parle de « strong provider », un homme fort qui trouve les solutions, résout les problèmes, par extension celui qui ramène les thunes aussi).
A nouveau, certains membres du groupe ont pensé que Ned était gay, mais personne n’a jamais soupçonné que Ned était une femme. Après huit séances, le groupe partit un week-end en retraite à la campagne mais les 18 mois d’imposture de Vincent commençait à l’enfermer.
« La pression d’être quelqu’un que vous n’êtes pas et… la peur d’être découverte et la tromperie que ça engendre grossit de plus en plus. Quand j’ai intégré la thérapie, mes peurs avaient vraiment atteint la grosseur maximale »
« J’étais en forêt avec des types qui dealaient avec leur rage des femmes et j’étais un drag… Je me suis dit, oh mon Dieu, qu’est-ce que j’suis en train de faire » ajoute-elle.
Elle s’écroula émotionnellement et une semaine plus tard, entra à l’hôpital pour une sévère dépression. L’identité, conclut-elle, n’est pas quelque chose avec lequel on doit jouer.
« Quand tu commence à déconner avec ça, en fait tu déconnes avec quelque chose qui est vital pour toi et t’aide à fonctionner. Et j’ai découvert que le genre implanté dans votre cerveau va bien au-delà de l’habit. Et je l’ai appris de manière rude. »
Vincent dit qu’elle est guérie aujourd’hui et ravie d’être débarrassée de Ned. Mais sa vision des hommes a changé pour toujours.
« Les hommes souffrent. Ils ont des problèmes différents des nôtres, mais leur situation n’est pas enviable » dit-elle. « Ils ont besoin de notre sympathie. Ils ont besoin de notre amour et peut-être ont-ils besoin les uns des autres plus que tout le reste. Ils ont besoin d’être ensembles. »
De manière ironique, dit Norah Vincent, il m’a fallu expérimenter de vivre la vie d’un homme pour apprécier le faire d’être une femme. « J’aime vraiment être femme… J’aime ça encore plus maintenant parce que je pense que c’est plus encore un privilège »
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