Tiens, tant que je suis là, sur la page que je viens de citer, qqn infos sur les infections:
A la suite de la lecture de cette article, Magali m’envoie ce message très judicieux :
Bonjour, Vous déclarez dans votre article "Tout ce que les femmes doivent savoir pour se faire poser un DIU" que les médecins "déclarent que le DIU peut provoquer des infections : c ?est faux, ce sont les Maladies sexuellement transmissibles - MST - qui provoquent les infections, et elles sont transmises par le(s) partenaire(s) sexuel(s), pas par le DIU."
Or, le doc de l’IPPF dit p.5 :" Les infections génitales basses (cervicite, vaginite) sont environ deux fois plus fréquentes parmi les utilisatrices de DIU que parmi les femmes qui ont recours à des méthodes hormonales." Alors quoi ?
Comptant sur un éclaircissement de votre part et vous en remerciant par avance,
Magali
Chère Magali Vous soulevez un problème très intéressant. Vous me donnez l’idée d’en faire un article, et je vous en remercie d’ores et déjà.
Pour simplifier : si je vous dis que les chauffeurs de Mercédès font plus d’infarctus que les chauffeurs de Twingo (ce qui est vrai), vous n’en tirerez pas comme conclusion que les Mercédès collent plus d’infarctus que les Twingo, mais que les utilisateurs des unes ne sont pas identiques à ceux des autres. Et c’est le cas : les chauffeurs de Mercédès sont plus âgés, plus souvent des hommes, plus souvent en surpoids, plus souvent fumeurs que les chauffeurs de Twingo. Ce qui explique qu’ils fassent plus d’infarctus. La voiture n’est pas la cause de leur maladie, elle est un signe extérieur du mode de vie qui explique la maladie..
Autrement dit : quand deux populations sont différentes, elles peuvent être différentes pour d’autres raisons que la raison qu’on met en avant. Pour le DIU, c’est pareil.
Il faut d’abord préciser que le bulletin de l’IPPF s’adresse surtout aux soignants des pays en développement. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas applicable à la France, mais qu’il doit être interprété dans ce contexte.
La majorité des utilisatrices de pilules vivent dans les pays industrialisés, car la pilule est une contraception coûteuse. La majorité des utilisatrices de DIU vivent dans les pays en développement. La fréquence des MST est beaucoup plus grande en Afrique, en Asie, en Amérique du sud (où on utilise des DIU) qu’en Europe (ou on utilise surtout la pilule).
Par ailleurs, la pilule (et l’implant, qui est hormonal) protège un petit peu (pas complètement) contre certaines infections (gonocoque, chlamydiae) en empêchant les microbes d’entrer dans l’utérus, comme elle empêche (en épaississant les sécrétions du col de l’utérus) les spermatozoïdes de monter. Ce qui explique que dans les pays industrialisés (et chez les utilisatrices de contraception hormonale), les infections utérines ont diminué progressivement avec l’utilisation de la pilule. Les MST localisées au vagin et au col (l’entrée) de l’utérus sont en augmentation, mais les infections utérines, c’est à dire liées au passage d’un microbe à l’intérieur de l’utérus ou dans les trompes, sont plutôt moins nombreuses.
Evidemment, malgré ce petit effet protecteur, la pilule et les méthodes hormonales ne protègent pas contre le SIDA ou l’Hépatite. Et elles n’empêchent pas de se faire contaminer par un partenaire infecté si on a un comportement à risque (plusieurs partenaires). Cela, aucune méthode contraceptive n’en protège, en dehors du préservatif.
Ce que dit le bulletin de l’IPPF, c’est que dans les circonstances où on est habituellement amené à poser des DIU dans les pays en développement, on le fait chez des femmes qui vivent dans des populations très à risque de MST (pauvreté, polygamie ou multipartenariat, prostitution, promiscuité, etc.)
Ces maladies, il faut les dépister pour les soigner. Vous notez qu’ils ne disent pas que cela contre-indique définitivement de poser des DIU à ces femmes. Mais qu’il faut les surveiller, et soigner une éventuelle infection avant de poser le DIU, ce qui est vrai ici aussi. C’est d’ailleurs ce que je fais couramment : je ne pose jamais un DIU à une femme ayant une infection du col ; je le lui pose après traitement, ou si elle ne peut pas revenir (femme tzigane, par exemple), je lui prescris un traitement en même temps que la pose, en lui expliquant pourquoi il est indispensable de se traiter ; c’est aussi comme cela que procèdent les praticiens britanniques sur les populations ethniquement très mêlées d’Angleterre...
Et il ne faut jamais oublier une chose : la probabilité d’être enceinte en l’absence de contraception est infiniment plus grande que la probabilité d’être infectée en l’absence de préservatif.
En pratique, en France, ce qu’il faut retenir est ceci :
- si l’on a une activité sexuelle exposant aux MST (multipartenariat, ou partenaire ayant lui-même des partenaires multiples) il FAUT utiliser des préservatifs ET une méthode de contraception efficace (DIU, pilule, implant). Car les préservatifs ne sont pas suffisants pour assurer seuls la contraception .
- si l’on n’est pas à risque (relations sexuelles strictement monogames), la contraception suffit. Voilà. J’espère avoir répondu à votre question, qui permet d’éclaircir un point sûrement épineux pour d’autres lectrices. Merci de nous avoir permis d’avancer. Amicalement Martin W.
Cliquez ici pour accéder à un site canadien en français qui parle lui aussi de la pose du DIU chez la nullipare et répond à d’autres questions sur la contraception